Par Malick GAYE (Envoyé spécial à Ouaga) – Baamoum Nafy, film de Mamadou Dia, Serbi de Moly Kane et Marcher sur l’eau de Aïssa Maïga ont été sacrés hier lors de la remise des prix spéciaux du 27ème Fespaco, à Ouagadougou.Baamoum Nafy meilleur long métrage fiction du Prix spécial Uemoa

Ça commence bien pour le réalisateur Mamadou Dia. Son film Baamoum Nafy a été sacré meilleur long métrage fiction du Prix spécial Uemoa hier. «Toute l’équipe est très heureuse d’avoir reçu ce prix de l’Uemoa car c’est un prix de l’intégration. Car ce film parle d’intégration parce qu’il a été tourné dans une ville imaginaire frontalière entre le Sénégal et la Mauritanie. Avoir un prix pour un film autoproduit avec très peu de moyens et beaucoup de passion, nous sommes très contents», a déclaré Mamadou Dia, juste après son sacre.
Dans Baamoum Nafy, l’imam Thierno (père de Nafi) et Ousmane sont deux frères germains mais l’islamisme radical va les diviser. Thierno est aimé par sa communauté de Yonti. Il est modéré et tolérant. Son frère Ousmane, se revendiquant d’être El hadj Ousmane, prête allégeance à des terroristes et veut apporter un autre islam au sein de la communauté.
Pour mener à bien sa «vision», Ousmane est candidat à la mairie de Yonti. Une fois maire, il lui sera facile d’imposer l’islam de ses amis (terroristes). Avec l’argent, beaucoup de personnes ont fini de se ranger derrière lui. Son fils unique, Tokara, a forniqué, alors qu’il devrait se marier dans peu de jours. Le gourou demande à Ousmane d’abattre publiquement son fils afin qu’on soit rassuré de sa «bonne foi» pour le groupe. Dilemme.
Ousmane et son fils mourront la même nuit. Yonti retrouvera son ancienne vie. Tokara est le promis de Nafy, sa cousine germaine. Nafy est la fille de l’imam Tierno. Elle aimait son fiancé et cousin, Tokara, mais n’était pas prête à abandonner ses études.
Dans le film, après le décès de Tokara, elle part à Dakar pour fréquenter l’université.

Serbi, meilleur court métrage fiction Prix spécial Uemoa
Moly Kane peut avoir le sourire ! Son documentaire a été primé par l’Uemoa. Serbi ou les Tissus blancs en français a remporté le prix du meilleur court métrage. Ce documentaire traite de la chasteté. En effet, la veille du mariage de Suzanna, les parents découvrent que la future mariée n’est pas vierge. S’engage alors un long périple pour «réparer» la jeune avant la nuit de noces. Entre marabouts, médecins clandestins, elle erre et finit par assumer son statut. La lumière est crue, naturelle et brille sur des peaux.
La caméra se balade sans cesse avec aisance. Moly Kane filme au plus ces personnages et laisse découvrir leurs émotions. Pour lui, ce prix est pour le «peuple sénégalais». «Nous venons de remporter le meilleur court métrage fiction de la zone Uemoa, je pense à toutes les personnes qui ont contribué à ce film. Je pense à mon professeur, feu Abdel Aziz Boye, qui m’a tout donné. Je pense à sa famille et à tous les jeunes des ciné-clubs du Sénégal. Je remercie ma famille. Je suis très ému. C’est un parcours du combattant. On était là en 2013, rendons grâce à Dieu. La route continue», a-t-il affirmé.

Marcher sur l’eau sacré aussi
La réalisatrice sénégalo-malienne, Aïssa Maïga, a remporté le Prix spécial Uemoa du meilleur documentaire avec son film Marcher sur l’eau, qui est la photographie d’une vie dévastée par l’eau. En effet, au Nord du Niger, le village de Tatiste, victime du réchauffement climatique, se bat pour avoir accès à l’eau.
Chaque jour, Houlaye 14 ans, comme d’autres jeunes, marche des kilomètres pour aller puiser l’eau, essentielle à la vie du village. Cette tâche quotidienne les empêche, entre autres, d’être assidus à l’école.
L’absence d’eau pousse également les adultes à quitter leur famille chaque année pour aller chercher au-delà des frontières les ressources nécessaires à leur survie. Pourtant, cette région recouvre dans son sous-sol un lac aquifère de plusieurs milliers de kilomètres carrés. Or, il suffirait d’un forage pour apporter l’eau tant convoitée au centre du village et offrir à tous une vie.
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