Par Mamadou SAKINE – 

Pour mettre un arrêt ou atténuer la migration, il faut introduire des programmes éducatifs sur les grilles des télévisions qui conditionnent les enfants, ce en concertation avec les responsables des chaînes. C’est l’une des propositions sorties hier du panel organisé par le  Centre de recherche ouest-africain (Warc). Autre solution préconisée, c’est d’incorporer obligatoirement les jeunes dans l’Armée pour les occuper. «Il faut que les médias offrent une autre présentation que ça soit de l’émigré, que ça soit de la migration, que ça soit du Sénégal. Il faut un travail de déconstruction de la présentation médiatique. Finalement un travail de reconfiguration de la notion de réussite, savoir que la réussite ce n’est pas tout simplement avoir le matériel, ce n’est pas forcément une réussite matérialiste, consumériste. Mais ça peut être autre chose, ça peut être avoir des diplômes, avoir un certain capital culturel, social», pense la sociologue Awa Diop, l’une des panélistes. Parce que, poursuit-elle, le fait de miser simplement sur le matériel peut amener beaucoup de jeunes qui sont dans des situations de précarité à vouloir quitter.
Par ailleurs, le chercheur, Serigne Mansour Tall, spécialiste du développement urbain et des migrations internationales, a insisté sur ce qu’il appelle l’essoufflement des réseaux de départ. «Cela est lié au fait que les réseaux sont devenus de plus en plus individuels. C’était très différent des réseaux éthiques et même des réseaux confrériques», dit-il. Par conséquent, ajoute le panéliste, «ces départs sont aujourd’hui beaucoup plus débridés, moins organisés et donc nécessairement beaucoup plus risqués». Relativement à la gestion migratoire, Pr Pape Sakho a laissé entendre qu’«il n’y a pas encore de politique migratoire réellement» au Sénégal. Par rapport à la relation entre les notions de migration et de développement, il a expliqué que le développement par le bas a été toujours ignoré au profit, dit-il, d’une analyse macroéconomique des investissements des migrants. «Il faut éclater le couple migration-développement. Parce que la migration-développement au Sénégal, c’était toujours l’investissement de la diaspora. Mais aujourd’hui qu’est-ce qu’on dit ? On vous aide et vous arrêtez les flux migratoires», argue-t-il. Ce débat initié par Pr Penda Mbow et le Warc s’est déroulé sous la modération de l’ancienne ministre, Ndioro Ndiaye, en présence de Ousmane Sène, directeur du Warc, du général Mansour Seck et autres personnalités et anonymes.
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