La République a vacillé avec les événements de mars dernier. Partant de là, un panel sur «La République à l’épreuve des tensions politiques et sociales : Enjeux, défis et perspectives» a fait l’objet d’une réflexion samedi à la Maison de la presse Babacar Touré. Ces échanges ont été modérés par le médiateur de la République Alioune Badara Cissé. «Nous avons transposé la Vème République française au Sénégal sans réfléchir, sans tropicaliser, sans nous poser des questions sur nous-mêmes. Et aujourd’hui, cette République est un monstre qui a créé un président de la République qui est un monstre institutionnel, qui ne coïncide pas avec nos besoins et nos attentes de démocratie», a déclaré le panéliste Abdourahmane Diouf, ex-Rewmiste. Donc pour lui, le problème ce n’est ni Léopold Sédar Senghor ni Abdou Diouf, ni Abdoulaye Wade ni Macky Sall, mais «l’institution du président de la République qui a trop de pouvoirs, qui nomme à tous les emplois civils et militaires, un Président omnipotent, omniscient, omniprésent». C’est aussi ce que Abdou Khadre Lô appelle un «pouvoir exorbitant du chef de l’Etat». Il estime qu’il est temps de penser à la tenue des états généraux de la gouvernance au Sénégal. En effet, pour lui, les moyens de l’Etat peuvent être repensés et redistribués autrement. Selon lui, au lieu de rassembler tous les membres du gouvernement à Dakar, on peut diviser les ministères et les délocaliser dans les 14 régions. Deux ministères dans chaque région, cela va apporter, dit-il, un impact sur l’économie de cette région-là. Plusieurs jeunes intervenants ont plaidé pour un quota pour les jeunes dans les instances de prise de décision, insisté sur la formation et l’accompagnement dans les projets.
Sur l’insécurité dans la sous-région et l’exploitation future des ressources naturelles, «nous devons nous asseoir, avoir une clause de paix sociale, de paix économique dans la concorde pour que le Sénégal devienne une Nation prospère», préconise Abdourahmane Diouf. Avant lui, l’ancien député, Cheikh Oumar Sy, avait déploré le fait que «partout dans la société, il n’y ait pas assez d’espace de dialogue». La première partie du panel a été consacrée à feu Amath Dansokho, ancien secrétaire général du Parti de l’indépendance et du travail (Pit), à qui l’initiatrice du «ndogou débat», Aïda Niang, a rendu hommage avec des larmes.
Par Mamadou SAKINE – msakine@lequotidien.sn