PanoRama : Meurtres, assassinats, enlèvements et négation du crime au Sénégal

Nous en sommes arrivés finalement à tuer, assassiner, enlever et faire disparaître nos propres concitoyens. Ce qui devait arriver et qui s’annonçait depuis des décennies est arrivé dans nos pauvres vies que nous nous sommes évertués à saccager. C’est notre masochisme social qui a produit ces phénomènes qui n’ont rien de mondial. Chaque société humaine a ses types de crime, ses désirs et ses peines.
Il est des moments où il faut s’arrêter et réfléchir sur les finalités de nos actes. Ces phénomènes relèvent davantage de la finalité que de la totalité. Les spécialistes des phénomènes sociaux auront vite fait de parler de «phénomène social total». En vérité, nous sommes entrés de plain-pied dans la crise du désir, de l’envie, du vouloir et des vœux incontrôlés. Les Sénégalais s’entendent-ils parler ? Notre vocabulaire est devenu essentiellement alimentaire. Notre sensualité a décuplé ses dernières années. Nous voulons prendre toutes les femmes du monde, occuper toutes les villas de la ville, conduire tous les véhicules et exhiber l’argent sale partout. La surexposition fictive des biens, la surmédiatisation de l’argent, la mise en scène télé-filmique du bonheur auront fini par aiguillonner les psychopathes et les sociopathes qui dorment dans nos maisons.
Ecoutez parler nos jeunes frères, nos neveux et nos sœurs, des criminels potentiels qui déclarent leurs futurs forfaits sous couvert de blagues, de rires et de joie insouciante. Les voyous et les garces sont parmi nous, ils sont capables de tout, prêts à sectionner le doigt d’un bébé et à tout prix. Qui n’a pas de prix en cette modernité décadente ? Chacun devra mesurer son seuil de résistance, on ne sait jamais. A quel prix, à quel coût, à quelle somme l’on est prêt à céder au crime ?
Tout est possible, nous sommes capables de tout. Le monde spirituel auquel les âmes sont connectées n’a pas perdu sa vertu, mais il s’est dangereusement rétréci, peut-être à 30% ; nous sommes entrés dans une ère où plusieurs âmes qui veulent être sauvées éprouvent mille et une difficultés pour accéder au monde des vérités essentielles. Chaque jour viennent au monde des milliers d’âmes qui veulent être sauvées, évoluer vers d’autres strates du bien, mais elles n’ont aucune chance. La dérégulation spirituelle des différentes sphères cosmiques a fait rétrécir les éléments spirituels. Les gens vont mettre au monde des criminels, c’est effrayant, mais pas pour longtemps. Beaucoup d’âmes fortes aspirent au retour vers les vérités traditionnelles (fondamentales), la puissance de ces vœux grandioses, ces majestueuses volontés feront gonfler la sphère spirituelle et faciliter l’accès à Dieu. Cet avenir est relativement proche.
Pendant le 20ème siècle, même les mouvements religieux ont travaillé au service de la matière sans le vouloir, et certainement en voulant combattre le matérialisme occidental, ils l’ont remplacé par un rationalisme textuel, dogmatique et religieux. C’est la raison pour laquelle, du reste, le soufisme a été violemment combattu jusque dans ses fondements.
Tout cela n’a rien à voir avec la criminologie et la sociologie, il relève de l’intériorité qu’il est nécessaire d’explorer sans pour autant nier l’utilité des méthodes rationnelles. Tout crime comporte des marques spirituelles indélébiles. Ceux qui enlèvent ces enfants et qui les vendent à coût de millions ont perdu leur âme depuis longtemps. Il ya quelques années, une pharmacienne a été assassinée, les auteurs qui ont commis le forfait sous couvert de cambriolage ont été payés par l’oncle de la dame.
Nous sommes au Sénégal. Jusqu’ici ce sont les étrangers, les «gnakk» comme on dit improprement, qui commettaient les crimes de sang. Pendant des années, nous avons vécu dans ce mensonge injustifié. Le Sénégalais n’a jamais rien fait, il ne fera rien, il est né sous une bonne étoile, béni de Dieu sur le sol des hommes les plus saints que le terre ait portés. Les plus dangereux sont les Sénégalais qui n’ont jamais voyagé même pas en Gambie, qui ne connaissent même pas leur pays, qui n’ont jamais mis les pieds à Mboumba ou à Diouloulou, qui sont prompts à dire qu’ils ont les plus belles femmes du monde, les plus belles villes, les meilleurs «marabouts» etc. des choses qui font rire, mais dangereuses parce qu’elles nous poussent à l’autosatisfaction. Pis, elles peuvent même influencer les décideurs qui seront tentés en bon Sénégalais de tirer des conclusions édulcorées de la réalité des chiffres. C’est ce que l’on appelle un biais. Même le plus féru des méthodologistes peut se faire prendre parce qu’en l’occurrence nous avons ici un biais têtu et insidieux.
Des prétentions ridicules qui nous ont perdus et empêchés de regarder la réalité en face. Alors nos enfants, depuis la crise des années 80-90 qui a culminé en 2000, se sont forgés une carapace de jouisseurs, de frimeurs, de paresseux, abandonnant l’école et les ateliers et finalement des criminels capables de tout pour de l’argent. (A suivre)