Plus aucune destruction de biens lors d’une manifestation ne sera tolérée par la collectivité léboue sur le sol dakarois. C’est la mise en garde de son chef supérieur, Papa Ibrahima Diagne. «J’ai vu des politiciens après les évènements faire le tour des rédactions. Personne d’entre eux n’a condamné la violence qui s’est passée. Au contraire, ils parlent de deuxième vague, mais on les attendra ici. Quelle deuxième vague ? Qui menace-t-on ?», a prévenu le Grand Serigne de Dakar, hier lors de la restitution des conclusions des consultations sectorielles tenues dans les 12 Penc de Dakar (Ngor, Ouakam, Yoff, Bambilor, Kër Moussa, Yène-Diander, Yène-Dialaw, Mbao, Thiaroye, Cambérène, Niague, Bargny, Rufisque, Ndayane). En effet, sans le citer nommément, il répond ainsi au leader de Pastef, Ousmane Sonko, qui, dans une de ses sorties, a laissé entendre que «la 2ème vague de manifestations risque d’être plus dévastatrice».
Au cours de son intervention, Papa Ibrahima Diagne ne cache pas sa déception. Il regrette que des citoyens aient appelé à marcher alors que le pays était en état d’urgence sanitaire en invoquant l’état de droit. En réponse à ces gens, il rappelle que l’état de droit, «c’est d’abord le respect de la Constitution, des lois et règlements. L’état de droit, enchaîne-t-il, ce n’est pas des insultes à l’encontre de magistrats. La démocratie, c’est le respect de la loi. Mais la liberté d’expression dont on parle, c’est du vandalisme, insulter des personnalités, brûler des maisons de personnes parce que vous ne partagez pas les mêmes idéaux».
Par ailleurs, le Grand Serigne a dénoncé les attaques subies par des organes de presse durant les émeutes. En outre, il a exhorté le président du Conseil national de régulation de l’audiovisuel (Cnra), Baba­car Diagne, qui avait coupé les signaux des télévisions privées Walf Tv et Sen Tv, à privilégier le dialogue dans son management. Il a aussi appelé le chef de l’Etat, Macky Sall, à réunir toutes les forces vives au nom de l’intérêt supérieur de la Nation «parce que certains de ses collaborateurs ne lui disent jamais la vérité», assume-t-il.
Au nom du Grand Serigne, le conseiller coutumier Baye Amadou Paye a déploré cette situation de tensions : «Notre pays a connu une violence mortelle, scandaleuse et absolument inédite, dont les cendres contiennent toujours des petites braises. Cette profonde balafre qui barre le visage de notre pays ne peut passer par pertes et profits.» Il y a eu des jeunes morts, des biens publics détruits, des commerces saccagés comme des magasins Auchan, des braves citoyens et des hôtes vivant parmi nous délestés de leurs économies, des stations-services mises à sac. «Des brigands qui ont profité des mouvements de foule pour brûler des biens privés et des infrastructures, des stations-services, braquer des banques et semer la peur et la torpeur dans tous les foyers, comment expliquer cette violence et peut-on la comprendre ?», ajoute M. Paye. Ce dernier fustige davantage : «Malheu­reu­sement, il y a des activistes et une certaine classe politique qui croient que, par un phénomène de mimétisme, le printemps arabe doit être reproduit au Sénégal.»
L’Etat doit mobiliser toutes les ressources disponibles pour, dit Baye Amadou Paye, protéger les populations, l’intégrité du territoire et les intérêts vitaux du pays. Tout en appelant les populations à beaucoup faire attention en évitant de détruire le pays «d’autant plus que le pétrole et le gaz découverts au Sénégal empêchent de dormir certaines forces occultes, dans un contexte de montée du terrorisme en Afrique de l’Ouest». Ainsi, il invite les acteurs à ne pas jouer avec le feu en affaiblissant l’autorité de l’Etat et en sapant l’unité nationale pour la simple quête du pouvoir. «Devant la gravité de la crise, l’heure n’est plus aux calculs politiques. Il est question de sauver le Sénégal», soutient-il.