«Je n’ai rien à voir avec ces mensonges crapuleux», ainsi parlait Ousmane Sonko sur les accusations de viol portées à son encontre. «Que Ousmane Sonko jure sur le Coran qu’il n’a jamais eu de rapports sexuels avec moi», rétorque l’accusatrice Adji Sarr. Retour sur le choc des mots sur une affaire privée qui a failli embraser le pays cette année 2021.Par Aliou DIALLO

– A cause d’une banale accusation de viol, le Sénégal a tourné pendant plusieurs jours autour de l’abîme. Au bord du chaos. 2021. Un simple fait a secoué le pays, fait trembler la République. Au centre de cette affaire, deux acteurs principaux : Adji Sarr, simple citoyenne, inconnue, et Ousmane Sonko, leader de l’opposition, à l’aura élevée. Mlle a accusé le député de séries de viol. Graves accusations portées contre le leader du parti Pastef. Quand la plainte devient publique, le temps se fige, les scénarios les plus improbables sont rédigés pour discréditer la parole de l’accusatrice. Opposant radical au régime du Président Macky Sall, Ousmane Sonko a une ligne de défense simple mais très efficace : pour lui, il s’agit d’un complot orchestré par le pouvoir : «aucun homme politique n’a jamais été autant diffamé, calomnié et persécuté en si peu de temps. Et c’est révélateur de leurs tentatives de déstabilisation, aussi inlassables que vaines», a-t-il d’abord réagi sur sa page Facebook. Pour étayer ses dires, l’ex-candidat à la Présidentielle, arrivé 3ème en 2019, rappelle les dossiers des financements russes, des liens avec le Mfdc, les financements par l’Etat islamique, la plainte pour «diffamation» portant sur les 94 milliards, la plainte «fantoche» de Franck Timis et tutti quanti, les dizaines de millions de Tullow oil, les mallettes de Karim Wade et Yahya Jammeh, etc. Autant de révélations, dit-il, qui lui valent ce traitement. Jusqu’ici, pas un seul mot sur son accusatrice, encore moins sur les faits qui lui sont reprochés. Ousmane Sonko reste toujours sur sa ligne de défense. Il disait : «Nous savions qu’après les liquidations de Khalifa Sall et Karim Wade, le nouvel attelage de Macky n’avait qu’une mission : liquider Sonko à tout prix avant 2024, y compris en manipulant des individus pour une besogne aussi abjecte. Depuis des mois, des amis, y compris de l’intérieur, n’ont cessé de m’alerter sur un complot à venir portant sur des questions de mœurs, puisque tous les autres avaient lamentablement échoué.» Pour ainsi rassurer ses militants et sympathisants, il avance qu’il n’avait «rien à voir avec ces mensonges crapuleux». Mais, il n’a jamais nié fréquenter le salon de massage Sweety Beauty. A cause de son état de santé, il le fréquente même pour bénéficier de massages tonifiants, admet-il.
Jusqu’ici, pas un seul mot à l’endroit de son accusatrice chahutée, menacée et vouée aux gémonies. Certains lui avaient promis le bûcher. Quel­ques jours seulement après la sortie de Ousmane Sonko, Adji Sarr lance un défi au leader de Pastef pour une prise de parole publique. Après des jours de silence. «Que Ousmane Sonko jure sur le Coran qu’il n’a jamais eu de rapports sexuels avec moi, je ne parle même pas de viol. Je lui demande solennellement, après avoir fait ses ablutions, de dire que je raconte des contre-vérités. Ce jour-là, je vais retirer ma plainte, il faut que la vérité éclate. Que la Justice fasse son travail», fulmine la plaignante dans sa première sortie très médiatisée. Elle avait un mouchoir noir qui couvrait la tête et les épaules. Les yeux baissés, d’une voix saccadée et comme hésitante, elle donne sa version de l’histoire qui a valu au pays un embrasement quasi-général pendant près d’une semaine en mars 2021. Le choc des mots entre les deux. Après sa libération, Ousmane Sonko avait déclaré qu’il était pressé d’aller en procès pour laver son honneur. Adji Sarr lui servira une réponse salée. «Je suis encore plus pressée que lui pour le procès. Je ne peux plus aller nulle part, je reçois des menaces. Il a dit qu’il est prêt à tout pour laver son honneur, je lui dis : tu as gagné, parce que tout ce qu’il me disait, je l’ai vu ! Il se déclare Ibadou chez lui, mais cela est diamétralement opposé à son comportement à l’extérieur.»
Recevant le Mouvement Jigeen Pastef (Mojip), les femmes de son parti venues lui exprimer leur soutien, Ous­mane Sonko a pardonné à son accusatrice Adji Sarr sans citer son nom. «Celle qui a été manipulée, je lui pardonne parce qu’ils ont utilisé (Ndlr: le régime) une personne fragile, sensible et exposée. Pour trouver alors la responsabilité, il faut se tourner du côté des commanditaires qui ont mis de l’argent, des moyens pour la manipuler à leur guise. Donc, ce sont eux le problème», avait exprimé le député. Dépité.