Le 23 juin 2011 était un jeudi noir. La Place Soweto s’apprête à vivre le 19 avril 2018 un autre jeudi dont on ne peut présager la couleur. Il s’agit de la date retenue pour la plénière consacrée à la révision de la Constitution, instituant le parrainage. Précisé­ment, la généralisation du parrainage à toute candidature à la Présidentielle, en attendant l’autre projet qui fixe le nombre de signatures.

Va-t-on vers un autre jeudi historique ? En effet, l’Assemblée nationale examine en plénière l’un des controversés projets de loi instituant le parrainage, relatif à la révision de la Constitution, le 19 avril prochain à partir de 9h. Cette date coïncide avec un autre jeudi, comme un certain 23 juin 2011 avec le rassemblement populaire qui avait conduit au retrait du projet de loi sur le ticket présidentiel de Me Abdoulaye Wade. Mais il s’agira pour la révision constitutionnelle de se pencher sur la généralisation du parrainage à toute candidature à la Présidentielle. Puisque l’autre projet de loi portant révision du Code électoral passera plus tard et devrait se charger du nombre de signatures. Le Président Sall a retenu 1% des inscrits sur le fichier à raison d’au moins 2 000 signatures dans au moins 7 régions. Seulement, une fenêtre de négociation est encore ouverte puisque le ministre de la Justice a indiqué au «Grand jury» de la Rfm qu’il y a possibilité de réduire le nombre de signatures à 0,5%. Depuis quelques jours, le Front démocratique et social de résistance nationale qui regroupe essentiellement des partis de l’opposition, le mouvement Y’en a marre et d’autres organisations et personnalités ont manifesté leur intention d’occuper la Place Soweto. Et hier, c’était au tour des députés non-inscrits de se joindre au mouvement de contestation.
En conférence de presse, leur coordonnatrice est revenue sur la réunion de la Conférence des présidents. Aïda Mbodj a informé que le projet de loi passe en commission technique lundi prochain à 9h. «Il faut préciser qu’il y a une séparation entre la modification du Code électoral et la révision de la Constitution. Il y a quelque chose à apporter au niveau du Code électoral, des réaménagements qui ont été reportés», souligne Mme Mbodj devant Cheikh Bamba Dièye, Cheikh Issa Sall, Aboubacar Thiaw, Aïssatou Sabara, Aminata Kanté, Diop Sy et Idrissa Diallo qui représentait Khalifa Sall. Mme Mbodj appelle les chefs religieux et les leaders d’opinion à «régler le problème par anticipation». Avant d’ajouter : «J’inter­pelle les sages de ce pays avant que cela ne soit trop tard. Les gens de ce régime confondent le pouvoir et l’abus de pouvoir. On ne peut pas accepter l’abus de pouvoir. Les Sénégalais sont plus forts que cette majorité qui est au-dessus de nous. Il faut que tout le monde prenne ses responsabilités.»

Diop Sy : «Je suis avec Macky Sall, mais contre le parrainage»
Ils auront l’appui de Demba Diop dit Diop Sy qui, même s’il est député non-inscrit, est connu pour sa proximité avec la majorité. «Je suis proche du pouvoir et de Macky Sall, mais je ne suis d’accord ni sur la démarche ni sur la manière dont on a présenté le parrainage à l’Assemblée nationale. Une loi constitutionnelle, soit on la fait passer par référendum, soit on consulte l’ensemble des acteurs concernés pour une discussion avant d’arriver à l’Assemblée nationale. Tous ces deux cas de figure n’existent pas pour le parrainage», déplore-t-il.
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