Après avoir longtemps compté sur sa force individuelle, le Cusems a décidé de se rapprocher d’une Centrale syndicale. Il a porté son choix sur l’Unsas pour un «partenariat fécond» qui va aboutir à une adhésion. Pour Mademba Sock, c’est un soutien de poids alors que les élections de représentativité des centrales syndicales sont prévues le 12 décembre prochain. Par Justin GOMIS –
L’Union nationale des syndicats autonomes du Sénégal (Unsas) et le Cadre unitaire syndical des enseignants du moyen-secondaire du Sénégal (Cusems) cheminent maintenant ensemble. Les secrétaires généraux de ces organisations syndicales, Mademba Stock et Ndongo Sarr, ont signé hier une convention pour «un partenariat fécond, solide et sérieux». Une décision qui fait suite à la rencontre initiée par Mademba Sock, le Secrétaire général de l’Unsas, avec une délégation du Cusems conduite par son Secrétaire général, Ndongo Sarr, le 22 novembre dernier.
Cette rencontre était une occasion pour les deux entités de passer en revue la situation syndicale nationale. Ce qui leur a permis de constater qu’elle «est marquée par un rajeunissement du leadership syndical et l’émergence de nouvelles forces qui rivalisent avec les centrales syndicales le champ de la revendication, et qu’elles sont caractérisées très souvent par une confusion de ligne idéologique, ainsi que par de querelles de leadership en positionnement qui ont fini d’affaiblir le mouvement syndical». C’est suite à ce constat que les syndicalistes ont pu relever «une identité de vues sur la question de l’unité syndicale, la prise en charge des revendications des travailleurs et le rôle fondamental des acteurs qui incarnent les valeurs de l’autonomie syndicale, aux plans national et international».
D’après Ndongo Sarr, «c’était lors de notre dernier congrès tenu les 2 et 3 octobre 2022, que le Cusems a décidé d’entreprendre des démarches pour adhérer à une centrale syndicale ou avoir un partenariat ou en créer…». Il poursuit ses explications : «Antérieurement, nous avions tenté de créer une centrale des syndicats qui lutte. Nous avions fait le constat que le front social était très souvent chauffé par un certain nombre d’organisations. Mais quand nous nous sommes approchés de ces différents syndicats, le constat a été fait que tous étaient déjà affiliés à des centrales, mais qu’ils ne voulaient pas quitter. Nous avons laissé tomber cette option et avons travaillé sur l’option du partenariat ou de l’adhésion. C’est ainsi qu’on a entrepris un contrôle des centrales les plus en vue avec qui nous avons eu un débat très franc.»
Finalement, le choix a été porté sur cette centrale syndicale. Comment a-t-il été fait ? «Nous avons procédé à des arbitrages sur la base de convergences de vues, mais également des convergences de valeurs et de principes. Le choix a été porté sur l’Unsas pour un compagnonnage, un partenariat que nous voulons fécond au point que très rapidement, cela puisse nous valoir des succès aux prochaines élections, mais au-delà, une adhésion définitive.»
Pour Ndongo Sarr, les points fondamentaux qui ont guidé leur choix sont la tradition de lutte au niveau des deux organisations, la ligne autonomiste. «Un syndicat où les dirigeants ne sont pas très proches du pouvoir, les niveaux de décisions où se jouent des questions qui concernent leurs militants, et au-delà, les travailleurs d’une manière générale où ils peuvent être représentés s’ils ne sont pas dans une Centrale syndicale. Il en est de même quand on veut une ouverture à l’international. Pendant très longtemps, on nous a dit qu’il fallait qu’une centrale porte notre candidature. Et très souvent, certaines centrales rechignent à le faire», rappelle-t-il.
Pour l’Unsas, c’est un bol d’air à quelques jours des élections de représentativité des centrales syndicales prévues le 12 décembre prochain. «A cet effet, il s’engage à mettre en place un comité électoral et dérouler une campagne électorale dans les lycées et les collèges sur toute l’étendue du territoire national pour donner à ses membres et sympathisants un mot d’ordre de vote massif en faveur de l’Unsas», espère M. Sock.
Le Cusems aussi, au-delà des élections, «ambitionne de porter haut le flambeau du syndicalisme au service exclusif des travailleurs, du pays, et en parfaite cohérence avec les valeurs qui fondent son action sociale», a-t-il ajouté.
Mais, l’Unsas compte aussi jouer sa partition dans ce partenariat en s’engageant à prendre en charge toutes les attentes exprimées par le Cusems, à savoir «financer le plan de campagne électorale pour ces élections, l’associer aux activités de formation à tous les niveaux, l’impliquer dans la gouvernance des institutions sociales tripartites nationales et internationales, et appuyer le dossier de candidature du Cusems auprès de l’international de l’éducation par l’entremise du Saes et de l’Uden». L’Unsas entend «consolider ce partenariat durablement dans une perspective de refondation du mouvement syndical autonome». Au finish, les deux organisations syndicales comptent fédérer leurs actions pour une meilleure prise en charge des revendications des travailleurs.
justin@lequotidien.sn