Elle est metteur en scène. Il est directeur de festival et de théâtre. Odile Katese et Abdon Fortuné Koumbha déplorent tous deux la faible participation de l’Afrique noire aux Journées théâtrales de Carthage.

Au terme de la cérémonie de récompense des 24e Journées théâtrales de Carthage, Odile Katese, membre du jury de la compétition officielle, a déploré la faible représentation de l’Afrique subsaharienne. Les Journées théâtrales de Car­thage ont pour vocation de renforcer les liens entre théâtres arabes et africains. Mais avec un seul spectacle de l’Afrique subsaharienne, le jury officiel de la compétition a tenu à souligner cette faible représentation par la voix de Odile Katese. En effet, seule la pièce 220 logements de la Côte d’Ivoire était parmi les 11 pièces de la compétition officielle. Le reste étant composé de pays arabes : la Tunisie, le Maroc, la Syrie, l’Egypte, le Koweït, l’Algérie, l’Irak, la Jordanie et les Emirats arabes unies. «On a déploré une participation assez limitée de l’Afrique subsaharienne avec un seul pays. On parle d’un festival arabe et africain. Et je suis consciente qu’il s’agit d’abord d’un festival arabe. Maintenant je trouve que les conditions de participation sont assez difficiles si les pays invités doivent se prendre en charge eux-mêmes pour les billets d’avion. C’est sûr qu’on rate de meilleurs spectacles de pays subsahariens», souligne la directrice du Woman cultural center du Rwanda. Comé­dien, conteur et directeur de l’Espace Tiné, un théâtre à Dolisie au Congo Brazzaville et du festival Dol’En Scène, Abdon Fortuné Koumbha aurait aussi souhaité «qu’il y ait beaucoup de spectacles de l’Afrique noire». «C’est un peu gênant de constater une si faible représentativité des spectacles de l’Afrique noire à un tel évé­nement d’envergure», indique celui qui était déjà venu aux Jtc en 2001 en tant qu’artiste. «Je reviens en tant que directeur de festival et je pense que le festival de Carthage a un peu changé. Il sélectionne les spectacles et demande à certains de se prendre en charge», déplore M. Koumbha. A titre d’exemple, la compagnie sénégalaise Brrr production doit sa participation, hors compétition, au Goethe Institut de Dakar.

Au-delà de ces contraintes financières, l’artiste congolais pointe également les conditions de fabrication des spectacles. Il estime ainsi que les compagnies gagneraient à être plus professionnelles face à l’absence de soutien des Etats et à la frilosité des mécènes. «Je pense que les artistes devraient un peu se prendre en charge, se faire entourer de gens qui s’y connaissent un peu dans le métier, des administrateurs d’entreprises culturelles, des techniciens, pour que le metteur en scène s’occupe uniquement de l’artistique, de la mise en scène, pendant que les administrateurs essaient de chercher de l’argent pour permettre à ces spectacles de se déplacer.» Les journées théâtrales de Carthage, qui célèbrent cette année leur 40e anniversaire, se sont tenues du 2 au 10 décembre.