Participation des figures de l’opposition : Au nom de l’Etat et des libertés !

Ce mercredi, les figures de l’opposition ont participé au Dialogue politique, en renouvelant leur soumission à l’Etat et plaidant pour la levée des restrictions sur les libertés.
A la journée du 28 mai, il y avait tout le monde. Malgré son âge avancé et sa santé chancelante, Moustapha Niasse, ex-président de l’Assemblée nationale, assure que ce dialogue arrive «à son heure». «Le Président Senghor définissait l’Etat moderne par trois critères : des finances saines, une Administration organisée et une Justice indépendante.»
A l’unanimité, les figures de la classe politique, notamment de la frange de l’opposition, ont mis sur la table une explication identique pour exprimer leur participation à ce nouveau raout politique : la primauté des intérêts de l’Etat sur leurs ambitions personnelles. Mais, ils n’ont pas leurs inquiétudes, notamment les restrictions sur les libertés et la liberté des médias. Ancien candidat à la Présidence, Amadou Ba insiste sur les enjeux : «refuser de dialoguer, c’est entretenir l’impasse ; y prendre part, c’est assumer sa part de responsabilité devant la Nation», a déclaré M. Ba dans son discours, saluant la tenue de la rencontre comme une opportunité de surmonter les blocages politiques et sociaux qui freinent le pays. «On peut ne pas s’entendre sur les causes, mais il faut qu’on s’accorde sur des solutions.» Il ajoute : «Aujourd’hui, nous traversons une séquence marquée par des révélations : audits publiés, erreurs exposées, pratiques dénoncées. L’histoire récente nous montre que ces vagues émotionnelles sont cycliques : à chaque alternance, les mêmes scandales, les mêmes sanctions, puis l’oubli. Et on recommence.»
Aly Ngouille Ndiaye abonde dans le même sens : «Il est impératif de dialoguer, mais nous avons constaté que depuis votre arrivée à la tête du pouvoir, les libertés ont subi un énorme coup. Ces interdictions de sortie du territoire national ne sont pas justifiées. C’est totalement illégal et il faudra que l’on attire votre attention sur ce facteur. La liberté d’aller et de venir est consacrée par l’article 8 de la Constitution. Nous avons noté ces derniers jours que des organes de presse ont été interdits de diffuser. Ce qui est totalement contraire à la bonne gouvernance.» Il a plaidé pour la réforme de la Haute cour de justice : «depuis 60 ans, elle n’a jugé que deux personnes, et personne n’est d’accord avec le jugement. La démarche qui a conduit à cela, nous le savons tous : c’est une juridiction composée majoritairement de politiques du côté du pouvoir. L’autre tare de la Haute cour de Justice, c’est que celui qui y est jugé n’a pas la possibilité de faire appel. Ce qui est contraire aux droits et libertés», a-t-il assené.
Membre de l’opposition, Khalifa Ababacar Sall a souligné l’importance du dialogue comme moyen privilégié pour gérer les affaires publiques. «Le dialogue est un banquet de donner et de recevoir. C’est la raison pour laquelle nous sommes ici aujourd’hui, en tant que membres de l’opposition, pour nous assurer que nos échanges aboutissent à un Sénégal meilleur et plus réconcilié», espère-t-il. L’ancien maire de Dakar rappelle que le contexte est marqué par des interpellations et des arrestations, Khalifa Sall appelle à un «jubbo sincère et permanent». «Le Sénégal traverse des difficultés. Il est indéniable que la population souffre et nous devons trouver des solutions viables», note-t-il. Il a formulé plusieurs revendications : le respect des libertés, la libération des détenus politiques et des réformes pour pacifier l’espace politique. «Nous sommes venus aujourd’hui en tant qu’acteurs de la pacification de l’espace politique», a-t-il affirmé, se disant favorable à des réformes au niveau du Code électoral et de la Constitution pour faire du Sénégal «un havre de paix et de réconciliation».
En dépit de l’appel au boycott de l’Alliance pour la République (Apr), ADD a tenu à lever les équivoques sur sa participation au Dialogue politique. «Je ne représente aucun parti politique, mais je suis venu honorer l’invitation qui m’a été faite, et je remercie le chef de l’Etat», dit l’ex-président du Cese. Il ajoute : «Ce sont ces dialogues qui ont fait du Sénégal sa particularité, ce sont ces dialogues qui ont permis les alternances que nous avons connues. Je recommande que les conclusions consensuelles puissent être matérialisées par des actes réglementaires ou législatifs.»
Par Bocar SAKKHO – bsakho@lequotidien.sn