Ousmane Sonko peut se présenter à la Présidentielle de 2024. Et sa candidature est recevable bien que n’ayant pas de fiche de parrainage et d’attestation de dépôt de caution. Pour lui, c’est la faute de l’Administration et Sonko n’a pas à payer une faute qu’il n’a pas faite. Par Malick GAYE –

«Ousmane Sonko,  jouissant de tous ses droits civils et politiques, dispose d’un dossier de candidature recevable et le droit exige sa participation à l’élection présidentielle du 25 février 2024 !» Le professeur agrégé de Droit public, Sidy Alpha Ndiaye, en est convaincu. Dans une lettre adressée au Conseil constitutionnel, il explique le bien-fondé de la recevabilité de la candidature de Ousmane Sonko. «L’annulation de la radiation de Monsieur Ousmane Sonko par le Tribunal d’instance Hors classe de Dakar, le 14 décembre 2023, a pour conséquence sa réintégration immédiate dans le fichier électoral», a écrit Pr Sidy Alpha Ndiaye. Par conséquent, a-t-il détaillé, «aucune décision de radiation ne pourrait se fonder sur une décision judiciaire devenue inexistante. Il s’ensuit que l’éligibilité de Monsieur Ousmane Sonko ne saurait être discutée tant il est vrai que l’ordonnance rendue par le Tribunal d’instance en date du 14 décembre 2023 est d’application immédiate par toutes les autorités administratives en charge de la matière électorale».

Dans la même logique, Pr Sidy Alpha Ndiaye n’a pas manqué de faire le lien entre les refus de la Dge et de la Caisse des dépôts et consignations de délivrer les documents administratifs à Sonko. «Ces refus répétés, si le Conseil constitutionnel ne remplit pas la plénitude de son office, sont de nature à préjudicier la candidature de Monsieur Ousmane Sonko, alors même que les dispositions pertinentes précitées lui restituent l’intégralité de ses droits civils et politiques. Priver un candidat de sa liberté de candidature, alors même qu’il peut se prévaloir d’une décision de Justice immédiatement exécutoire, serait une atteinte grave aux lois de la République ainsi qu’aux droits fondamentaux dont le gardiennage appartient ultimement au Conseil constitutionnel.» Le cas échéant, a-t-il expliqué, «le Conseil constitutionnel serait responsable de cette violation de la loi électorale s’il ne déclarait pas recevable la candidature de Monsieur Ousmane Sonko qui bénéficie d’une ordonnance de réintégration immédiate dans le fichier électoral et qui, par ricochet, retrouve sa qualité d’électeur». Ainsi, «il appartient au Conseil constitutionnel de recevoir favorablement le dossier du candidat lésé complété par des exploits d’huissier constatant que les pièces manquantes relèvent de la responsabilité intégrale de l’Administration électorale. Il ne saurait être reproché à Monsieur Ousmane Sonko une faute de l’Administration». Pour lui, «ce fait du prince acterait le primat de l’Administration sur la Justice et mettrait définitivement fin à l’idéal de la séparation des pouvoirs et à l’ordre républicain au Sénégal».
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