Le Sénégal a fait un bond qualitatif en mathématiques, en langues et sur le niveau des enseignants. C’est ce qui est ressorti de l’atelier de partage et d’analyse des résultats du Programme d’analyse des systèmes éducatifs (Pasec 2019). Le Rapport national d’évaluation a été présenté sous la présidence du ministre de l’Education nationale et en présence des partenaires de l’éducation.Par Badé SECK

– La participation du Sénégal à la 19ème édition de l’évaluation groupée de la Conférence des ministres de l’Education des Etats et gouvernements de la francophonie (Confemen) sur le Programme d’analyse des systèmes éducatifs (Pasec 2019) a permis au système éducatif de mesurer les efforts et les initiatives entrepris pour le relèvement de la qualité. Lors de la cérémonie de présentation dudit rapport, le ministre de l’Education nationale a rappelé que le Pasec demeure un instrument privilégié à la disposition de la Conférence ministérielle pour éclairer les prises de décision et assurer un meilleur suivi de nos systèmes éducatifs francophones. Concernant le Sénégal, après la lecture synthétique des résultats nationaux de l’évaluation Pasec 2019, trois constats majeurs ont globalement été retenus.
D’abord, des résultats en langues à améliorer en début de scolarité mais qui se bonifient considérablement en fin de scolarité. En effet, au Cp, 47,5 % des élèves atteignent le seuil de compétence minimal, tandis qu’au Cm2, ce taux monte à 74,7%. Cette performance, selon Mamadou Talla, ­témoigne de la forte capacité de ­notre système éducatif à accompagner les apprenants durant le cycle.
Ensuite, il y a les bonnes performances en mathématiques en début de scolarité qui baissent légèrement en fin de scolarité. Au Cp, 79,10% des élèves atteignent le seuil de compétence en mathématiques contre 65% au Cm2. D’après le ministre, «bien que le Sénégal dépasse la moyenne internationale, il urge de développer ensemble une réflexion approfondie pour consolider les acquis de notre système éducatif tout au long du cycle». Enfin, les résultats «honorables» réalisés par les enseignants au niveau national avec une grande majorité qui dépasse le seuil de compétence, soit 98,3 % en langue et 87,2 % en mathématiques dans les niveaux 2 et 3 du test. Ces résultats, analyse Mamadou Talla, sont le fruit d’options stratégiques mises en œuvre à travers des réformes, projets et programmes initiés et ­implémentés en rapport avec toutes les parties prenantes du secteur de l’éducation.
Il s’agit notamment du ­relèvement de niveau de recrutement des enseignants au bac avec un dispositif de formation continue pour le dépérissement du corps des instituteurs adjoints et la professionnalisation de tous les enseignants avec des programmes comme Ifadem ; de l’introduction ­progressive des langues nationales comme support et médium d’apprentissage dans les ­premières années d’études à ­travers le Mohebs et des projets comme Elan et Relit et de la mise en œuvre d’un programme de renforcement des ­sciences et des mathématiques avec le Paame et des initiatives comme Miss maths et Miss sciences. Le ministre de l’Education nationale a profité de la tribune pour féliciter ­vivement les enseignants pour cette performance et donner des instructions aux services techniques à identifier les besoins nouveaux de formation pour maintenir ce cap.
Au Sénégal, l’évaluation Pasec 2019 a permis d’enrôler 180 écoles avec au total plus de 7 mille 380 élèves dont 2 mille 880 en début de scolarité et 4 mille 500 en fin de scolarité et 1190 enseignants. L’évaluation sous-régionale a été une ­occasion d’identifier les leviers sur lesquels le pilotage de la qualité pourrait s’appuyer. Pour un pays comme le Sénégal, qui aspire à l’émergence ou qui veut la transformation structurelle de son économie, les sciences, les mathématiques, l’ingénierie et la technologie devraient être davantage développées, a suggéré Dimitri Sanga, porte-parole des partenaires techniques et financiers. Il a réitéré ­l’engagement des bailleurs pour ­accompagner le Sénégal dans ce domaine.
Pour Abdel Rahmane Baba-Moussa, le relèvement du niveau des enseignants doit être la principale préoccupation. C’est pourquoi, dit-il, la Confemen compte développer des stratégies pour rehausser les performances des élèves en s’appuyant sur la formation continue des enseignants. Le Secrétaire général de la Confemen a indiqué également, la mise à disposition du ministère de l’Education nationale, de ressources pédagogiques de qualité non sans oublier le renforcement des ressources numériques éducatives. Les résultats réconfortants obtenus par le Sénégal renforcent certes les autorités et les acteurs de ­l’éducation dans la dynamique de la persévérance, mais ne sauraient occulter la nécessaire prise en compte des disparités entre zones pédagogiques, entre types d’écoles et entre ­élèves de conditions sociales différentes. Les questions ­d’équité, de bonne gouvernance scolaire et de résilience restent les enjeux pour une école de ­développement. Deux thèmes ont été débattus lors de cette ­journée de partage : l’impact de l’implication communautaire dans l’amélioration des ­performances scolaires et la participation du Sénégal dans les ­évaluations nationales et internationales.
bseck@lequotidien.sn