Passé/Présent – Assainissement de la Cité Bellevue : Combat de longue haleine

Depuis les fortes pluies du vendredi 5 août, les habitants de la Cité Bellevue cohabitent avec les eaux, qui stagnent dans leurs logements. Depuis 2005, ils vivent toujours dans la hantise des inondations faute d’assainissement.Par Ousmane SOW –
A travers les vitres des voitures, on n’aperçoit que ce mur reconstruit vers 2005. Derrière cette clôture, qui longe l’autoroute vers Hann Maristes et la prison de Fort B, se cache la Cité Bellevue, construite au début des années 90.
17 ans après les inondations qu’elle a connues, la cité a été frappé par les dernières pluies diluviennes. Malgré son état cossu, elle ne bénéficie toujours pas d’assainissement. Après chaque forte pluie, les habitants se retrouvent sous les eaux… venant de la descente du Cours Sainte Marie de Hann, de la Cité Axa, de l’autoroute. «Il y a aussi les eaux usées de l’Onas, même en saison sèche», explique l’Association des habitants de la Cité Bellevue. En 2005, le Président Sall, à l’époque Premier ministre de Me Wade, avait dû entrer, ainsi que les membres du gouvernement, dans un zodiac, pour s’enquérir de la situation. C’était le 30 août 2005. Et les mêmes maux étreignent toujours les résidents de cette cité, qui reçoit des centaines de m3 en provenance de la Zone de captage. «Nous avions ainsi bénéficié de l’édification d’un mur de protection du côté de l’autoroute qui a contribué à stopper les eaux venant de la Zone de captage», rappelle le Collectif des habitants dans un courrier envoyé le 23 septembre 2019 au Président Sall. Et d’après Alassane Seck, le Secrétaire général du Comité de gestion de la Cité Bellevue, leur résidence, située dans un point bas, continue d’être inondée par la réception des eaux pluviales en provenance des quartiers environnants. «Pourtant, nous ne bénéficions toujours pas du réseau d’assainissement de l’Onas et nous utilisons, depuis sa création en 1988, des fosses septiques», regrette-t-il.
Depuis des années, l’Association des habitants de la Cité Bellevue, très préoccupée par la latence constatée dans l’application des mesures d’urgence, sollicite un appui pour l’assainissement de leur quartier. «Après l’érection de ce mur nous séparant de l’autoroute, rien d’autre n’a été fait, même si ce mur a permis d’avoir un semblant de répit pendant quelques années», expose Mme Sylla Khady Niang. A l’époque, la Cité Axa, située à gauche de la Cité Bellevue, n’existait pas. Et les eaux venant de l’autoroute coulaient vers un terrain vague. A partir de 2012, la situation devient exécrable. La Cité Axa fut créée, d’autres immeubles ont été érigés aux alentours de Bellevue, qui est devenue le point le plus bas de la zone. Face à cette situation, ses résidents ont improvisé un système de drainage des eaux de façon provisoire. «Les habitants de la Cité Bellevue, avec l’appui de la commune de Hann Bel-Air, ont installé à l’époque, une mini station de pompage reliée à un compteur électrique triphasé afin d’évacuer les eaux pluviales vers les canaux de l’Onas, situés le long de l’autoroute. Ce système de pompage n’est cependant efficace que pour un certain volume d’eau», indique Mme Sylla Khady Niang.
Après les fortes pluies de cette année, le système a montré ses limites. Alors que depuis 2013, les habitants alertaient les autorités pour éviter de revivre la situation de 2005. Des relances ont été faites mais aucun dispositif, disent-ils, n’a été mis en place. «Le gouvernement ne veut pas régler le problème de Bellevue, c’est tout simplement ça. Mais on n’a jamais baissé les bras. On se débrouille avec nos propres moyens», soutient Amadou Tandjigora, président du Comité de gestion de la Cité Bellevue. Aujourd’hui, à la retraite, M. Tandjigora, âgé d’une soixante-dizaine d’années, porte encore la voix des habitants de la Cité Bellevue. Il demande un appui pour l’assainissement de la Cité Bellevue afin de les soulager des eaux qui stagnent à l’entrée de leurs belles maisons.