A chaque drame dans nos hôpitaux, on appelle à revoir nos comportements. Même si la négligence en est toujours la cause, les responsabilités ne sont jamais situées et les sanctions, inexistantes. Les derniers drames notés dans les hôpitaux en sont la preuve.Par Dieynaba KANE – 

Les drames se poursuivent dans les structures sanitaires du pays. On n’a pas encore fini de parler et d’épiloguer sur l’incendie survenu à Tivaouane ayant coûté la vie à 11 bébés, voilà qu’un autre drame survient à Kédougou. Comme à Louga, avec la dame Astou Sokhna, une autre mère perd la vie en voulant donner la vie. Dans ce nouveau drame à Kédougou, Mamy Doura Diallo serait morte dans des conditions presque similaires à celles de Mme Astou Sokhna le 1er avril dernier. Le journal Libération, qui a donné l’information hier, rapporte qu’alors qu’elle devait accoucher par césarienne, comme lors de son précédent accouchement, Mamy Doura Diallo a été contrainte à un accouchement par «voie normale». Une césarienne que les agents de santé vont effectuer par la suite après avoir essayé de faire sortir le bébé par voie basse. La même source révèle «qu’après une hémorragie, elle est décédée lors d’une césarienne pour extraire de son ventre le reste du corps du bébé». Une situation qui rappelle celle de Astou Sokhna, décédée à l’hôpital de Louga par négligence. Le 25 mai 2022, soit un mois après l’affaire Astou Sokhna, c’est un autre drame qui va secouer le pays. 11 bébés sont morts dans un incendie au service néonatalogie de l’hôpital de Tivaouane. Le drame de trop qui va pousser le chef de l’Etat à limoger le ministre de la Santé de l’époque, Abdoulaye Diouf Sarr. Un an avant (avril 2021), un incendie, à l’hôpital Magatte Lô de Linguère, avait aussi coûté la vie à 6 nourrissons. Le point commun de tous ces drames dans ces structures de santé, c’est la négligence. Et dans toutes ces affaires, les populations vont s’émouvoir, le comportement des personnels de santé, les conditions de travail ainsi que la défaillance du système de santé vont être décriés. Mais, au final, les responsabilités ne seront jamais situées.
Pour l’affaire des bébés calcinés à Linguère dont le procès s’est déroulé au mois de juillet dernier, l’aide-infirmière chargée de la surveillance de la salle de néonatologie, la cheffe du service de pédiatrie et le directeur de l’hôpital ont écopé d’une condamnation de deux ans assortis de sursis. Dans l’affaire Astou Sokhna, c’est une peine de 6 mois avec sursis qui a été retenue contre 3 sages-femmes et la relaxe pour les 3 autres. Quid de la mort des 11 bébés à l’hôpital de Tivaouane ? Il n’y a pas encore de procès, mais tous les agents inculpés dans cette affaire ont bénéficié d’une liberté provisoire. Comme quoi les affaires sont toujours gérées de la même façon. Dans ces conditions où l’impunité est devenue la règle, il faudra être très optimiste pour espérer des changements dans les comportements et les actes ayant conduit à tous ces drames.
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