Le décès de Mme Astou Sokhna a provoqué une onde de choc, qui continue à soulever l’indignation. Regroupés au sein du Collectif «Patients en danger», des juristes, journalistes, médecins et activistes ont étalé leur colère samedi dernier, à la Place de la Nation. Ils exigent de meilleurs traitements pour éviter d’autres Astou Sokhna.Par Ousmane SOW –
L’émotion et la colère ne baissent pas depuis la mort de Mme Astou Sokhna à l’hôpital Amadou Sakhir Mbaye de Louga, suite à une négligence médicale présumée. Plus jamais ça ! Le Collectif «Patients en danger» (Cpd) ne veut plus de drame dans les hôpitaux à cause de négligences humaines. Cette «tragédie» a mobilisé ce samedi, à la Place de la Nation, ex-Obélisque, des citoyens de tout bord, en pleine journée de Ramadan, tous habillés de t-shirts floqués «Patients en danger».
La revendication est simple : ils demandent l’accès de la population, particulièrement les femmes enceintes, à des soins adaptés et de qualité. «Ça doit suffire. Il ne doit plus y avoir une femme qui décède en donnant la vie. Nous disons à l’Etat de prendre ses responsabilités. Non à toutes les formes de maltraitance et négligence des femmes en travail dans les structures sanitaires. Chaque femme a droit à la protection de son intégrité sans préjudice ni mauvais traitement. Nous exigeons plus d’humanisme pour éviter d’autres Astou Sokhna et pour protéger tous les patients en danger», répètent les dames.
A tour de rôle, activistes, féministes ou d’autres militantes de la Société civile ont pris le micro pour témoigner publiquement, raconter des histoires qui ont fini dans le drame. Elles ne veulent plus que les femmes perdent la vie en donnant la vie dans les établissements de santé. Deuxième adjointe au maire de la commune de Guinaw-Rails Nord, Aminata Diallo ne veut plus qu’il y ait une autre Astou Sokhna. «Les patients sont en danger. Personne ne va me démentir. Le cas de Astou Sokhna a permis à beaucoup de personnes d’avoir des souvenirs inoubliables dans la vie», note Aminata Diallo.
A l’unanimité, elles demandent aux autorités l’équipement des plateaux médicaux avec la technologie de dernière génération. Et aux soignants de respecter leur serment. Toutes ces doléances ont été consignées dans un mémorandum adressé au chef de l’Etat. «Nous exigeons de façon spécifique et immédiate, une suite judiciaire impartiale et transparente dans l’affaire Astou Sokhna, une assistance psychologique à la famille de la défunte et une indemnisation des dommages. Et de façon générale, à court et long termes, la mise en œuvre des engagements du gouvernement à l’endroit des syndicats des acteurs de la santé, afin de garantir aux citoyens une continuité des services, mettre fin au recrutement supposé de quota politique au détriment des personnels qualifiés, renforcer les services d’accueils et d’urgences,…», a déclaré Gahëls Babacar Mbaye, porte-parole du Collectif «Patients en danger». Parallèlement, le collectif «exige» au personnel de santé du professionnalisme, de l’empathie et de la bienveillance à l’endroit des patients et des usagers.
Lancé le 12 avril dernier, après le décès de Mme Astou Sokhna, décédée dans des conditions tragiques à l’hôpital régional de Louga, le Collectif «Patients en danger», composé même de personnels de santé, a été initié principalement pour une meilleure gestion du système sanitaire. Les 6 sages-femmes, inculpées pour non-assistance à personne en danger, seront jugées ce 27 avril par le juge des flagrants délits du Tribunal de grande instance de Louga.