Pour la première fois de son histoire, le Sénégal participera au Championnat du monde de pâtisserie, glace et chocolat (Fipgc), prévu les 6 et 7 novembre 2025 à Rome (Italie). Cette compétition internationale, organisée tous les deux ans, réunit les meilleurs artisans pâtissiers venus des quatre coins du monde pour célébrer l’excellence, la créativité et le savoir-faire gastronomique.Par Ousmane SOW –

 Le Sénégal participera, pour la première fois de son histoire, au Championnat du monde de pâtisserie, glace et chocolat (Fipgc), prévu les 6 et 7 novembre 2025 à Rome (Italie). Organisé tous les deux ans par la Fédération internationale de pâtisserie, glace et chocolat, ce concours de renommée mondiale réunit les meilleurs artisans du secteur. Chaque pays y est représenté par une équipe de professionnels triés sur le volet, chargés d’incarner l’excellence, la créativité et l’identité culinaire de leur Nation. Placée sous le thème «La nature, les beautés de mon pays», l’édition 2025 invite chaque équipe à valoriser les paysages, les traditions et les richesses naturelles de son pays à travers des créations originales en pâtisserie, glace et chocolat. L’Equipe nationale du Sénégal, composée de jeunes professionnels, à savoir Adama Diakhaté, manager de l’équipe, Ibrahima Keïta, participant sucre, Youssoupha Diaw, participant chocolat, Jean Sène, participant entremet, et bien d’autres, tous issus des métiers de bouche, entend relever ce défi avec passion et détermination. Ils porteront haut les couleurs nationales à travers des œuvres inspirées de la diversité et de la splendeur du terroir sénégalais.
Cependant, à quelques jours de la compétition, les membres de l’équipe doivent composer avec un manque de moyens et un temps de préparation limité. Chef Ibrahima Keïta, l’un des représentants du Sénégal à cette Coupe du monde de la pâtisserie, confie à Le Quoti­dien son enthousiasme, mais aussi ses préoccupations. «Pour cette compétition, on nous a contactés pour représenter le Sénégal. Nous avons officialisé notre participation depuis le mois de mai et entamé toutes les démarches administratives auprès des ministères concernés : Tourisme, Culture, Affaires étrangères, la Primature, ainsi que l’Apix et la Caisse des dépôts et consignations (Cdc)», explique-t-il. Malgré ces démarches, l’équipe n’a reçu aucun retour de soutien institutionnel. Evidem­ment, une situation qui a freiné leur préparation technique. «Les formations qu’on doit faire avant d’aller à ces compétitions coûtent extrêmement cher. Les professeurs spécialisés sont payés à raison de 1500 euros par jour. Nous devions nous entraîner pendant un an, ou au moins quatre semaines, mais faute de moyens, nous n’avons pu planifier qu’une courte formation de cinq à six jours avant la compétition», regrette le chef pâtissier, installé à Chambéry, en France.

De la volonté mais peu de moyens
Avec 19 ans d’expérience, chef Ibrahima Keïta a débuté sa carrière au restaurant Le Lagon à Dakar, avant de poursuivre son parcours à l’étranger, où il s’est distingué par des créations raffinées et maîtrisées. Malgré les obstacles, il reste animé par un fort sentiment de fierté et de responsabilité. «Aujourd’hui, ce qui compte pour nous, c’est de représenter le Sénégal avec dignité. Nous savons que nous partons avec peu de moyens, mais nous donnerons le maximum. Le plus important, c’est d’ouvrir la voie, pour que les générations futures puissent faire mieux que nous», déclare-t-il avec conviction. Pour lui, cette première participation constitue une opportunité pour valoriser les métiers de la gastronomie au Sénégal et attirer de nouveaux investisseurs dans le secteur. «Le Sénégal n’est pas encore très présent dans les domaines du chocolat, des pièces artistiques ou de la pâtisserie haut de gamme. Cette compétition peut changer la donne et attirer des partenaires qui voudront investir dans la restauration, l’hôtellerie et la gastronomie. Nous pouvons être leurs ambassadeurs», plaide le chef Keïta. Malgré le manque de préparation, l’Equipe sénégalaise aborde cette aventure avec courage et patriotisme. «C’est une première historique. Le Sénégal n’a jamais participé à une telle compétition. Nous en sommes fiers. Mais nous espérons que l’Etat comprendra l’importance de nous accompagner, surtout dans les formations et les déplacements. C’est une question de moyens, mais aussi de reconnaissance du talent sénégalais», a-t-il souligné. A rappeler que la Fédération internationale de pâtisserie, glace et chocolat (Fipgc), basée en Italie, regroupe des délégations issues de plus de 50 pays. Le concours, considéré comme l’un des plus prestigieux au monde, récompense à la fois la technicité, l’innovation et la dimension artistique des créations présentées. Et selon un communiqué de presse, cette première participation du Sénégal est «une étape historique» pour la gastronomie sénégalaise. Elle offre une vitrine internationale au savoir-faire des artisans locaux et contribue à valoriser les mé­tiers de la pâtisserie, de la glace et du chocolat auprès des jeunes générations.
ousmane.sow@lequotidien.sn