La Direction du patrimoine culturel a organisé, la semaine dernière, un atelier de renforcement, portant sur la conservation et la préservation des œuvres artistiques au profit des acteurs, professionnels et techniciens. La rencontre a été le cadre pour aborder des questions comme la gestion des collections des œuvres, la législation sur la gestion des biens culturels, le riche patrimoine culturel inexploité des Armées, entre autres.Par Pape Moussa DIALLO –
La manipulation, l’emballage, le transport, l’entreposage, l’inventaire, la gestion des biens culturels, entre autres, ont été les questions soulevées lors de l’atelier organisé la semaine dernière par la Direction du patrimoine culturel, portant sur la conservation et la préservation de la production artistique. L’activité a été un prétexte d’échanges avec des patriciens et autres acteurs du secteur sur les enjeux liés à la conservation et à la préservation de la production artistique, la nécessité d’accorder une importance toute particulière aux techniques et matériaux utilisés dans la production, les techniques de restauration des œuvres d’art endommagées.
En provenance de la Suisse, la facilitatrice de la rencontre, Andréa Hoffmann Drobrynski, conservatrice et restauratrice d’œuvres d’art, a assuré que les échanges ont été «extrêmement riches avec des personnes de différents domaines et institutions». Consciente de l’effet et des enjeux que pose le dérèglement climatique sur la promotion des arts, elle a exhorté les professionnels à «trouver des conditions stables, autant pour la température que l’humidité. Bref, des moyens d’adaptation pour que les œuvres ne souffrent pas plus par rapport au réchauffement climatique». Pour la préservation de la mémoire culturelle et collective, Mme Hoffmann explique qu’il faut «accompagner les artistes qui écrivent l’histoire avec une structure stable entourée par des experts armés de leurs compétences et expérience».
Revenant sur la pertinence de l’organisation d’une telle activité, le directeur du Patrimoine culturel, Omar Badiane, dit : «Le pourquoi d’une telle activité est a trouvé dans le lien entre la Direction du patrimoine culturel et les arts. Etant entendu que le patrimoine culturel est l’ensemble des segments culturels. C’est la mère des cultures. D’où notre transversalité d’une part, et d’autre part, le processus de mise en valeur des arts est surtout lié à la dimension mémorielle.» Selon lui, une œuvre d’art est destinée à un public. C’est aussi un témoignage, un message. «C’est un témoignage sur les méthodes et techniques utilisées à une époque, des traces d’un génie créateur. C’est quelque chose qu’il faut comprendre comme ça», a laissé entendre le directeur du Patrimoine culturel.
A l’en croire, quand un artiste crée, «sa préoccupation première si ce n’est pas une performance, c’est que son œuvre transcende le temps et les générations. C’est à ce niveau que la direction trouve sa mission et s’engage à compléter le maillon de gestion». Cette rencontre vient renforcer le dispositif de la Biennale de Dakar. «C’est comme ça que notre Biennale va continuer à grandir», dit-il. La conservation des œuvres d’art et leur préservation est à la fois un enjeu et une préoccupation pour les professionnels du secteur. A cet effet, dira le directeur du Patrimoine culturel, la conservation fait appel à des métiers et «il y a pénurie dans ce domaine».
Ce, poursuit-il, en expliquant que «malheureusement nous ne formons pas dans nos écoles de formation dans ces métiers». Pourtant, la conservation est une niche d’emplois si elle est bien exploitée. A cet effet, le directeur du Patrimoine soutient que «c’est une niche d’emplois en somnolence». Il poursuit : «Ce qui structure l’environnement de l’artiste, c’est un ensemble de métiers qui ne sont pas disponibles.» Le Sénégal gagnerait beaucoup à structurer cet environnement et permettre de trouver de nouveaux créneaux d’emplois pour l’insertion des jeunes. En outre, Omar Badiane d’informer que l’ensemble des «mesures précautionnelles, des interventions directes sur l’œuvre s’étudient» d’une part, et d’autre part, «la réglementation autour de l’œuvre, son récit n’est pas offert au professionnel du milieu».
Selon notre interlocuteur, «même dans nos musées, les personnes ne sont pas formées à la conservation et à la préservation des œuvres alors que ce sont les lieux où se perdent plus d’œuvres». A en croire le directeur du Patrimoine culturel, il faut «reconnaître qu’on n’a pas développé une approche endogène, un modèle de savoir dans la gestion des œuvres d’art». Et, pour lui, la question qui est mise sur la table est avant tout le retour des biens du patrimoine culturel africain. Réunissant une vingtaine de participants venus de Dakar et de l’intérieur du pays, ils étaient des conservateurs de musée, des médiateurs culturels, des administratifs à avoir participé à la rencontre.