Par Ndèye Fatou NIANG(Correspondante) –

Au moment où le 9e Forum mondial de l’eau s’ouvre à Dakar, 130 jeunes en provenance des pays de la sous-région campent sur une partie asséchée du lac Tanma, dans le village de Thiaye, commune de Mont-Rolland. Lesquels jeunes, encadrés par le Conseil national de concertation et de coopération des ruraux (Cncr) et ses partenaires du Réseau des organisations paysannes et des producteurs agricoles de l’Afrique de l’Ouest (Roppa), entendent se pencher sur l’épineuse question des changements climatiques et ainsi définir des axes de réponses pour une meilleure préservation de l’environnement et une gestion durable des ressources naturelles. Selon Diéry Gaye, membre du Conseil d’administration du Cncr, par ailleurs Secrétaire général de l’Asprodeb, le lac Tanma fait partie du patrimoine hydrographique et agricole en voie de disparition. C’est d’ailleurs, selon lui, «ce qui a motivé le choix de regrouper ces jeunes qui incarnent l’avenir sur ce site». Il renseigne : «Autrefois, navigable et très poissonneux, le lac constituait un régulateur socio-économique et environnemental. Le lac Tanma est l’un des meilleurs endroits situés près de la capitale du Sénégal, Dakar, en raison des différentes espèces d’oiseaux qui y paradent au quotidien comme, entre autres, les canards paléarctiques, les flamants roses, les rapaces diurnes et passereaux hivernants.» Et de poursuivre, pour le regretter, que ce lac, jadis agréable et généreux, disparaît de jour en jour dans une indifférence presque totale. «Bien que les abords du lac soient sur-pâturés, les oiseaux semblent encore peu dérangés, car il n’y a plus d’activité de pêche dans ce lac très peu profond qui en passant ne bénéficie d’aucun statut de protection». Aussi poursuit M. Gaye, «le choix de ce site s’explique, par la claire conscience que le Cncr et ses partenaires ont de la nécessité de créer un environnement propice à la production pour mieux promouvoir l’agriculture familiale. Ce qui justifie entre autres, l’organisation au niveau dudit lac de ce camp de l’agro-écologie paysanne pour le climat et la gestion communautaire des ressources naturelles». Pour lui, il s’agit, «avec ce camp, de la première étape d’un calendrier qui obéit à l’engagement du Cncr de faire de la décennie internationale pour l’agriculture familiale, un maillon fort dans la restauration de la dignité paysanne. Aussi ce camp sera le lieu indiqué pour lancer un message fort pour la préservation du lac Tanma et de tous les patrimoines hydrographiques menacés de disparition du fait des agressions que subissent les écosystèmes et la biodiversité. Mais et surtout pour travailler à une redynamisation de l’engagement des jeunes dans la protection de l’environnement et le renforcement des droits des femmes». Il note que les participants de ce camp vont, durant leur séjour, bénéficier de sessions de formation devant faire d’eux de jeunes citoyens engagés pour les causes climatiques, la restauration des ressources naturelles et productives et la protection de la biodiversité au Sénégal et en Afrique. «Ces jeunes femmes et hommes seront pendant cinq jours, formés et sensibilisés sur les impacts, les enjeux et défis liés au climat, sur la restauration des ressources naturelles, la protection de la biodiversité, l’agro-écologie, le renforcement du droit des femmes, et surtout dans le domaine foncier. Les habitants des villages riverains du lac Tanma vont aussi bénéficier de formation sur la restauration et la gestion communautaire des ressources naturelles», indique-t-il. En clair, le camp est une façon pour le Cncr et ses partenaires de travailler à l’éclosion d’une nouvelle génération de leaders ruraux capables de mobiliser les communautés de base pour apporter des solutions endogènes et durables aux problèmes environnementaux locaux.
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