La levée de fonds de Pastef et la polémique qui s’en est suivie continuent de susciter des réactions de la classe politique. Pour le Parti de la construction et de la solidarité (Pcs/Jengu tabax), c’est la «lancinante question du financement des partis politiques» qui refait surface. Il est reproché au parti de Ousmane Sonko d’avoir collecté, dans cette campagne, des subsides de l’étranger. Le Bureau politique de ce parti de Boubacar Camara exige justement du régime de Macky Sall «une proposition démocratique d’une nouvelle modification de la loi de 1981, modifiée en 1989, tenant compte de la situation des Sénégalais de l’étranger, devenus électeurs et pouvant être élus». En effet, cet ancien allié de Pastef dans la coalition Jotna rappelle que «l’article 3 de la loi n° 81-17 du 6 mai 1981 relative aux partis politiques, modifié par la loi 89-39 du 12 octobre 1989, stipule que les partis politiques ne peuvent bénéficier d’autres ressources que celles provenant des cotisations, dons, et legs de leurs adhérents et sympathisants nationaux et des bénéficiaires réalisés à l’occasion de manifestations». Seulement, souligne-t-il, «cette loi a été votée et promulguée sans décret d’application dans un contexte de Guerre froide avec des risques de financement des deux principaux blocs de l’époque». Le communiqué du Pcs/Jengu tabax relève que jusqu’en 1992, les Sénégalais de l’extérieur étaient interdits de vote et que c’est avec le Code consensuel que les citoyens de la diaspora pouvaient être électeurs et ont pu avoir leur premier élu en 1999. Eu égard à cette «incohérence», Boubacar Camara et ses camarades insistent sur la nécessité de «réactualiser la loi en tenant compte de l’évolution du statut de la diaspora sans aucune restriction sur leur capacité de participer au financement des activités du parti politique de leur choix».
Le Pcs/Jengu tabax dénonce par ailleurs le communiqué du ministre de l’Intérieur qui se cache derrière une sorte «d’avertissement» pour le respect de la loi. Le Bureau politique, présidé par Mor Ndiaye, Secrétaire général national, estime qu’«en réalité, l’objectif du pouvoir est de mettre en place un dispositif pour empêcher les partis politiques d’opposition d’accéder aux fonds qui leur sont destinés pour mener à bien leurs acti­vités». Pourtant, fait remarquer M. Ndiaye, «d’autres ini­tiatives moins visibles et plus pernicieuses sont entreprises pour ruiner les partis politiques d’opposition alors que pendant ce temps les yeux sont fermés sur l’origine des fonds des alliés de la mouvance présidentielle et de l’Apr en particulier». Le Pcs/Jengu tabax met cette réaction dans le cadre «des actions du régime en place visant à développer le réflexe liberticide du perdant». Ce parti de l’opposition appelle à la «vigilance», exprime sa «totale solidarité» avec Pastef et l’encourage à faire face à cette «intimidation inadmissible».