Oumar Sarr, Babacar Gaye et El Hadji Amadou Sall ont emprunté des trajectoires divergentes durant leur parcours au Pds ; d’où l’intérêt de se poser la question jusqu’où peut aller ce courant au Pds, l’«Alliance suxali soppi» ? A part s’accorder dans le combat contre Karim Wade, tout divise ce trio.

Si c’était le trio magique capable d’imposer un bras de fer à Me Abdoulaye Wade pour le contrôle du Pds ? Oumar Sarr, Babacar Gaye et El Hadji Amadou Sall sont aujourd’hui unis par le combat contre Karim Wade et par ricochet contre le «Pape du Sopi». La création de leur courant «Alliance suxali soppi» vendredi dernier a officialisé la bataille pour le contrôle du Pds. Cette fronde a-t-elle des chances d’aboutir ? Quel avenir pour ses animateurs ? Durant leur conférence de presse, les frondeurs, interpellés par les journalistes, se sont gardés de toute hiérarchisation des postes au niveau de ce courant. Une façon de préciser que tous les responsables sont logés à la même enseigne, même si Oumar Sarr apparaît comme leur tête de file.
Au-delà des statuts, c’est un euphémisme que d’affirmer que ces responsables ne se vouent pas un amour démesuré. Dans un passé récent, tout opposait Oumar Sarr, Babacar Gaye et El Hadji Amadou Sall. Une alliance de circonstance qui veut prendre le pouvoir au Pds. Après avoir longtemps été dans les bonnes grâces du «prince» du Qatar. A la veille de la dernière Présidentielle, Babacar Gaye, porte-parole du Pds à l’époque, avait accusé, sans le citer, Oumar Sarr d’avoir annoncé son «départ» du parti à Me Wade lors d’une réunion du Comité directeur. Selon le responsable de Kaffrine, le secrétaire général du Pds avait lancé : «On m’a dit que tu étais parti. Où est Oumar Sarr ?»
Des propos que M. Gaye a commentés dans ce qu’il a qualifié de «complot permanent» du secrétaire général adjoint : «Je n’accuse personne, mais je ne disculpe personne. Ne cherchons pas loin ! Les comploteurs en quête de légitimité, avides de positions et de prétendes, ont repris du service. Ils ont encore calomnié, menti et vilipendé pour une cause qui n’est pas la mienne, car le dénigrement est une des facettes de leur ignominie et de leur faiblesse d’âme. Je pardonne, car je comprends l’angoisse existentielle qui les habite et la jalousie qui les ronge.» En avril 2018, le même Babacar Gaye a aussi démissionné de la commission de la vente des cartes de renouvellement du parti à cause des pratiques de Oumar Sarr, quelques jours après avoir étalé ses divergences avec le secrétaire général adjoint d’alors lors d’une réunion du Comité directeur.

Karim Wade, le dénominateur commun de la lutte
Il faut aussi relever que si Babacar Gaye a pris ses distances depuis quelques mois sur les affaires du parti, la gestion de Oumar Sarr n’y est pas étrangère. Finalement, il a fini par perdre la voix du parti au profit de… Me El Hadji Amadou Sall. L’ancien garde des Sceaux, un des plus fidèles de Wade ces derniers mois, ne s’est pas particulièrement gêné de prendre la suite de Babacar Gaye qui valsait entre les candidats Madické Niang et Idrissa Seck comme choix lors de la Présidentielle, malgré la décision de boycott du Pds. Une option assumée et défendue par Oumar Sarr et Amadou Sall, menaçant même de saboter l’organisation du scrutin du 24 février 2019 après l’invalidation de la candidature de Karim Wade.
Mais entre Sarr et Sall, les options du parti pour le dialogue national vont semer la discorde. Nommé à la fin du mois d’avril comme nouveau porte-parole du Pds, Amadou Sall a avalisé la décision de boycott qui serait venue du Qatar. Au même moment, son secrétaire général adjoint et numéro 2 du parti se chargeait de braver cette injonction en participant aux concertations du 28 mai 2019 au palais de la République. Finalement, le trio ne s’entend que pour combattre Karim Wade mis sur orbite par son père dans la nouvelle composition du Secrétariat national. Un responsable adoubé hier par ces mêmes frondeurs.