Le contrat qui lie l’Etat et Eiffage est plus au profit de la multinationale Française que du Sénégal. C’est ce qu’explique l’étude d’évaluation socio-économique et environnementale de l’exploitation de l’Autoroute à péage réalisée par Legs Africa. L’Etat en étant absent du capital de Secaa s.a dont le capital est détenu par Eiffage, fait aveuglément confiance à une multinationale qui ne cherche que son profit.
Le contrat liant l’Etat à Eiffage n’est pas à l’avantage du Sénégal. C’est l’une des principales informations de l’étude d’évaluation socio-économique et environnementale de l’exploitation de l’Autoroute à péage réalisée par Legs Africa. «Sur le plan financier, le contrat révèle un déséquilibre considérable au bénéfice du titulaire de la concession, Secaa Sa (dont le capital est détenu par Eiffage Sa). Ce déséquilibre se manifeste, entre autres, sur le montage financier (l´apport de l’Autorité concédante étant de loin beaucoup plus consistant que l´apport du titulaire), les tarifs exorbitants du péage et le partage des revenus qui bénéficient principalement au Titulaire. Ce déséquilibre important entre la subvention étatique et les fonds propres engagés par Eiffage, remet profondément en cause l´équilibre financier recherché dans le cadre des contrats de partenariat public/privé», lit-on dans le document synthétisant l’étude. Qui précise que «sur un coût d´investissement de 138 milliards, la subvention de l´Etat s´élève à 77,6 milliards. L’apport d’Eiffage en financement privé n’est que de 61 milliards de F Cfa. On constate ainsi un grand déséquilibre entre le montant de la subvention publique et le montant du financement privé. Mieux, il importe de préciser qu’Eiffage n’a investi que 20,8 milliards de F Cfa en fonds propres, le reste de sa contribution financière étant pris en charge par les partenaires privés, notamment les banques. En plus de ce reversement, l’Etat apporte un concours financier sous forme de subvention d´investissement (77 673 025 000 F Cfa) qui est sujet à des pénalités en cas de retard dans la mise à disposition des fonds (10% et 15%). Le niveau élevé de la subvention de l´Etat combiné à d’autres aspects du contrat de concession, comme le niveau élevé des tarifs, montre clairement que le concessionnaire a été avantagé par rapport à l’Etat. Avec le faible niveau d´apport en fonds propres du titulaire, il aurait été possible de financer l’ouvrage entièrement sur fonds publics et appliquer des tarifs de péage acceptables».
Ainsi avec ce type de contrat, l’Etat du Sénégal ne commence à percevoir des retombées financières qu’à partir de la quinzième année de mise en service de l’ouvrage. Seulement, l’Etat semble faire une confiance aveugle à la société qui gère l’exploitation. En effet, bien que prévu, l’Etat n’est pas dans le capital de la Secaa sa. «Pourquoi l’Etat du Sénégal n’a pas négocié une entrée dans le capital de la Senac Sa au moment de la négociation du contrat de concession. Cette entrée dans le capital permettrait à l’Etat du Sénégal non seulement d’avoir plus de contrôle sur le Titulaire, mais également de bénéficier des retombées financières de l’exploitation de l’infrastructure dès sa mise en service. Cette entrée dans le capital est d’autant plus justifiée que le financement public est de loin plus important que la part privée. Si dans le contrat initial, le concédant n’a pas négocié une entrée dans le capital, dans le contrat complémentaire (Diamniadio-Aibd), le concédant a l’option d´entrer dans le capital à hauteur de 25%. Le débat sur les modalités d´entrée dans le capital de la Secaa Sa est soulevé», souligne l’étude.