La 54e session de la Commission économique pour l’Afrique (Cea) et Conférence des ministres africains des Finances, de la planification et du développement économique (Com2022) se tiendra du 11 au 17 mai 2022 à Dakar, au Centre international de conférences Abdou Diouf (Cicad). Cela, afin de discuter de la relance économique post-Covid 19 sur le continent.En prélude à cette rencontre, Oxfam est montée au créneau pour faire une piqûre de rappel aux gouvernements africains par rapport à leur engagement de consacrer au moins 10% de leur budget au secteur agricole, afin de booster la croissance.Par Dialigué FAYE –

«Les gouvernements d’Afrique de l’Ouest doivent respecter leur engagement d’investir en faveur des populations rurales. Ils doivent maintenant redoubler d’efforts pour ne pas laisser ces personnes à la merci des conflits, de la sécheresse, des inondations et des hausses de prix. Les gens ont faim et, une fois de plus, ils ont recours à l’aide humanitaire pour survivre. C’est pourtant simple : pour libérer les populations ouest-africaines de la pauvreté et de la faim, il faut commencer par le milieu rural», a déclaré hier Assalama Dawalack Sidi, Directrice régionale pour Oxfam en Afrique de l’Ouest citée dans un communiqué.
Dans la plupart des pays de la région, explique Oxfam, «la pauvreté est concentrée dans les zones rurales où les services publics sont insuffisants et où les gouvernements investissent très peu. La production céréalière dans certaines régions du Sahel a chuté d’environ un tiers par rapport à l’année dernière, tandis que les prix des denrées ont augmenté de 20 à 30% au cours des cinq dernières années.
Pourtant, les gouvernements ouest-africains ont investi en moyenne 5,3 % de leurs budgets dans le secteur agricole (qui représente plus du tiers de la main d’œuvre) en 2020, soit bien en-deçà de la cible de 10% à laquelle ils s’étaient engagés à atteindre en 2014 dans le cadre du Programme détaillé de développement de l’agriculture africaine (Pddaa)».

Seuls deux pays ont atteint l’objectif dans la région
D’après Oxfam, «les 14 pays d’Afrique de l’Ouest qui n’atteignent pas l’objectif Pdda de 10% des dépenses consacrées au secteur agricole en 2020 sont : le Ghana (1,4%), le Cap-Vert (1,5%), le Nigeria (1,7%), la Côte d’Ivoire (2,4%), le Liberia (2,4%), la Guinée (3,8%), le Bénin (4,7%), le Burkina Faso (5,1%), le Togo (5,2%), le Niger (5,4%), le Sierra-Leone (5,5 %), la Mauritanie (6,8%), le Sénégal (7%), et la Guinée-Bissau (7,2%). Les deux pays qui atteignent (et dépassent) l’objectif sont le Mali (11,1%) et la Gambie 13,8%)».
Les trois pays les plus affectés par la faim et parmi les moins engagés à réduire les inégalités, selon le plus récent indice d’Oxfam et Development finance international, sont le Nigeria, le Niger et le Burkina Faso. Le Nigeria, relève le document, «n’investit que 1,7% de son budget dans le secteur agricole et est le deuxième pays le moins performant en Afrique en matière de lutte contre les inégalités. Le budget de la santé du pays (en pourcentage de son budget global) est le troisième plus faible du monde (3,6%) et 40% de sa population n’a pas accès aux services de santé. Le Nigeria compte parmi sa population plus de la moitié (14,5 millions) des personnes affectées par la crise alimentaire dans la région».
Quant au Niger, il «consacre 5,4% de son budget au secteur agricole, tandis que 65% des personnes pauvres vivent en zone rurale». Il est toutefois, «le second pays le plus affecté par la crise de la faim (3,3 millions de personnes). Le Burkina Faso consacre 5,1 % de son budget au secteur agricole tandis que 47,5 % de la population rurale vit dans la pauvreté. Le Burkina Faso est le troisième pays le plus affecté par la faim dans la région avec 2,4 millions de personnes en situation de crise alimentaire et nutritionnelle».
Oxfam demande aux Etats d’Afrique de l’Ouest d’investir massivement dans les communautés rurales, en donnant aux petites exploitations agricoles les moyens de produire et de vendre localement pour renforcer leurs moyens de subsistance, et diminuer le déficit de la production alimentaire chronique. Pour cette organisation internationale, «les investissements dans les services sociaux de base, tels que la santé, l’éducation et la protection sociale des communautés rurales, sont également nécessaires pour renforcer la résilience des communautés face aux chocs et leur redonner espoir en une vie meilleure».
Face aux conflits au Sahel, rappelle Oxfam, «la part des dépenses de sécurité augmente souvent au détriment des dépenses sociales et de développement. En 2018, les dépenses du secteur de la santé du Mali, du Niger et du Burkina Faso représentaient respectivement 0,8 %, 1,8 % et 1% des Pib nationaux, soit deux à cinq fois moins que les dépenses du secteur de la sécurité. Face au désœuvrement en milieu rural, les jeunes sont plus enclins à joindre les rangs de groupes armés, alimentant l’insécurité qui à son tour accroît la pauvreté et l’insécurité alimentaire en déplaçant les populations».
dialigue @lequotidien.sn