L’Association pour la promotion et la responsabilisation des acteurs de la pêche artisanale maritime au Sénégal (Aprapam) appelle l’Etat à faire face aux défaillances notées dans la lutte contre la pêche Illicite, non déclarée et non réglementée (Inn), qui sont à l’origine du non-renouvellement du protocole d’accord de partenariat entre le Sénégal et l’Union européenne (Ue). Car, d’après Gaoussou Guèye, président de l’Aprapam, cette suspension peut être lourde de conséquences pour le Sénégal. Par Alioune Badara CISS(Correspondant) – 

Le non-renouvellement de l’accord de pêche entre l’Union européenne (Ue) et le Sénégal qui prend fin le 17 novembre 2024, risque d’être lourd de conséquences pour le pays, si les autorités n’apportent pas de correctifs nécessaires par rapport aux défaillances notées dans la lutte contre la pêche Illicite, non déclarée et non réglementée (Inn). C’est l’avis du président de l’Association pour la promotion et la responsabilisation des acteurs de la pêche artisanale maritime au Sénégal (Aprapam). «Il faut le faire tout de suite avant que ça ne nous mène dans une autre situation qui n’est pas souhaitable. Par exemple si jamais aujourd’hui on reçoit un carton rouge, ça va pénaliser tout le monde. Il y aura des pertes d’emplois immenses, parce que la pêche artisanale, qui vend à peu près 60% de sa production aux usines qui sont à terre avec les emplois qu’il y a dans ces usines, cela va nous poser des problèmes. La correction de ces manquements est une nécessité», plaide Gaoussou Guèye. Qui considère que «le Sénégal a les moyens et aussi les hommes qu’il faut pour régler le problème tout de suite».

A l’en croire, certains acteurs de la pêche ne sont  pas tellement surpris de la décision de l’Union européenne, d’autant plus qu’au mois de mai dernier, l’Ue avait décerné un carton jaune au Sénégal sur des pratiques de pêche illicites via certaines sociétés mixtes ou bien en tout cas des bateaux sous pavillon sénégalais. «Mainte­nant, c’est le Sénégal qui doit répondre par rapport à cela. Les autorités devaient prendre des dispositions nécessaires pour corriger ces manquements-là. Malheureusement, les partenaires européens n’ont senti aucun progrès dans ce domaine. C’est ce qui a poussé aujourd’hui l’Union européenne à prendre comme prétexte cet état de fait pour ne pas renouveler l’accord de pêche avec le Sénégal», rappelle M. Guèye. Avant d’inviter la commission qui s’occupe de cette question à être réactive, afin de venir à bout de cette pêche illégale qui est à l’origine du non-renouvellement du protocole d’accord de partenariat entre l’Ue et le Sénégal. Il pense qu’il faudrait voir comment reprendre les négociations, faute de quoi un autre danger guette le Sénégal. «Ce danger qui nous guette, c’est que les pays limitrophes qui ont le même type d’accord que nous peuvent récupérer ces bateaux. Surtout que dans la communauté de l’Union européenne, ils ont demandé à ce que ces bateaux puissent se replier dans ces pays limitrophes. Qu’est-ce que cela représente comme danger pour nous ? Est-ce qu’on l’a évalué ? Ce sont des points sur lesquelles le Sénégal doit réfléchir», interpelle Gaoussou Guèye.
Cet accord, qui expire dans 4 jours, a duré cinq ans (2019-2024). Et, souligne le président de l’Aprapam, il s’agit d’un accord thonier. Il concerne le thon, avec deux merlutiers pour pêcher le merlu noir. «Il faut que cela soit clair, car il y a beaucoup d’amalgames. Le thon est régi par des systèmes de quotas au niveau de la Commission internationale pour la conservation des thonidés de l’Atlantique (Iccat). L’Ue paie des redevances pour utiliser les eaux sénégalaises pour pouvoir capturer le thon, et ce thon capturé va être déduit de son quota. Et, il y a deux espèces de thon qui sont dans le cadre de l’accord, c’est-à-dire le Listao et l’Albacore, qui ne sont pas soumis à des quotas, mais le reste est soumis à des quotas : le thon obèse, le requin bleu, etc.», précise M. Guèye.

C’est pourquoi l’Aprapam recommande à l’Etat de ne rester que sur la défensive. «Ce qu’il faut faire, c’est d’abord évaluer l’accord de pêche avec l’Ue, pour voir les impacts, les enjeux. A ce moment, pour négocier avec l’Union européenne, il sera facile. Mais qui doit négocier pour le Sénégal ? Parce que les négociations, ça se prépare, avoir des hommes outillés qui comprennent les enjeux et que l’ensemble des parties prenantes puissent prendre part à ces négociations. A l’époque, ça se faisait, il y avait la Présidence, la Primature, le ministère de l’Economie et des finances, la recherche, les acteurs, et une fois arrivé avec l’Union européenne, il y avait quand même un équilibre. Mais si aujourd’hui nous prenons des gens inexpérimentés pour aller négocier pour le Sénégal, ça pose des problèmes, et encore il faudrait comprendre qu’on négocie pour le Sénégal, pour le pays, pour la République, et non pas pour un ministère ou un groupe d’individus», avertit Gaoussou Guèye.
abciss@lequotidien.sn