Pèlerinage de Popenguine : Paix et justice au cœur des prêches

La cérémonie officielle de la 136ème édition du Pèlerinage marial de Popenguine s’est déroulée hier à la résidence Les Badamiers de Popenguine où l’Eglise reçoit le représentant du chef de l’Etat. Dans son discours, Mgr Benjamin Ndiaye a encouragé le gouvernement à réduire le coût de la vie, à lutter contre l’émigration irrégulière et le changement climatique.
La cérémonie officielle du Pèlerinage marial de Popenguine est un moment de discours pour le chef de l’Eglise. Mgr Benjamin Ndiaye, l’Archevêque de Dakar, a réitéré ses vives félicitations au Président Bassirou Diomaye Faye, après «sa brillante élection», avant de prier pour lui et pour son gouvernement, afin «que nous puissions mener une vie calme et paisible en toute piété et dignité».
Il s’est félicité de la maturité des Sénégalais lors de la Présidentielle de 2024. Mgr Benjamin Ndiaye invite les fidèles «à maintenir nos efforts, pour préserver et renforcer la cohésion sociale, socle d’un développement durable, harmonieux et solidaire. Dans ce sens, l’engagement politique devrait être davantage orienté vers le service du bien-être des populations. Le thème de cette édition du pèlerinage de Popenguine s’inscrit dans cette ligne, tout en nous rendant attentifs aux signes des temps. Nous allons vivre en 2025, au niveau de l’Eglise universelle, un jubilé… Qui pourrait, mieux que Marie, la mère de Jésus et notre mère, nous y accompagner», s’interroge Mgr Ndiaye.
A la suite de Mgr André Guèye dans son homélie, l’archevêque de Dakar a fait quelques appels en encourageant les autorités à réduire le coût de la vie. «Face à la pauvreté et à la cherté de la vie, nous saluons et encourageons les engagements pris par le gouvernement pour alléger le coût de la vie en faveur des populations. Comme le déclarait le Pape François, «la pauvreté qui tue, c’est la misère, fille de l’injustice, de l’exploitation, de la violence et de l’injuste répartition des ressources». C’est la pauvreté désespérée, sans avenir, parce qu’elle est imposée par la culture du rejet qui n’offre ni perspectives ni issues. C’est la misère qui, pendant qu’elle impose une condition d’extrême indigence, affecte aussi la dimension spirituelle», dit-il. C’est pourquoi il précise «que tout effort pouvant libérer l’humain de cette pauvreté contribue à l’instauration d’un monde plus juste, plus viable et plus fraternel».
En plus de la cherté de la vie, il a évoqué la situation d’une «jeunesse désorientée» dont la grande tentation «est de prendre le large, dans l’espoir de trouver un avenir meilleur ailleurs». Dans le même sillage, il salue «toute volonté affirmée de redonner confiance aux jeunes et de les maintenir dans leur pays, de préférence, par des politiques inclusives de développement et d’insertion sociale, comme préconisé par les évêques du Sénégal dans leur Lettre pastorale sur les migrants et les réfugiés du 17 février 2021».
Face au phénomène du changement climatique et à ses conséquences sur la productivité de nos ressources, il dit clairement : «l’Eglise encourage les initiatives visant à un retour organisé à la terre et à la réappropriation de notre patrimoine national, pour une justice sociale plus effective. Nous préconisons aussi un reboisement encore plus organisé et plus persévérant, tout en dénonçant tout ce qui contribue à la déforestation, au pillage des ressources naturelles et au gaspillage. Puisque le changement climatique, comme l’écrit le Pape François, est «un problème social global qui est intimement lié à la dignité de la vie humaine». C’est de notre responsabilité de tout mettre en œuvre pour garantir la protection de toute vie humaine», renseigne le guide de l’Eglise. Autant de responsabilités que tous doivent partager, ajoute-t-il.
Quid de l’hivernage 2024 ? «Je prie afin qu’il soit porteur de récoltes abondantes. Que Dieu bénisse le labeur des paysans, les soins des éleveurs et de tous ceux qui s’adonnent au travail de la terre ou à la pêche, pour nous permettre d’user raisonnablement des fruits de la nature. Qu’Il nous épargne toute calamité ! Je le dis en pensant non seulement aux inondations, pour encourager les pouvoirs publics dans la recherche de solutions efficaces et durables, mais aussi aux dangers de la mer qui nous dictent de prendre les mesures idoines pour épargner des vies humaines», prie Mgr Ndiaye.
Le ministre de l’Intérieur magnifie le rôle de l’Eglise
Le ministre de l’Intérieur, Général Jean-Baptiste Tine, magnifie le rôle de l’Eglise dans le fonctionnement de la société. «L’Eglise mérite toute la reconnaissance de la République car elle a toujours joué sa partition dans l’effort national de développement, à travers des positions sages, courageuses et pertinentes», note-t-il en réaffirmant évidemment l’engagement du gouvernement à poursuivre le programme de modernisation du site de Popenguine et des autres diocèses du Sénégal. «Je me réjouis aussi de la présence de représentants des autres foyers religieux à ce rendez-vous annuel. C’est une parfaite communion légendaire entre les communautés musulmane et catholique, dans un contexte d’extrémisme religieux de plus en plus noté», relate le Général Tine.