Lors de sa visite aux sinistrés de Thiès-Nord, commune réceptacle de toutes les eaux pluviales de la ville de Thiès, le maire Lamine Diallo a tapé du poing sur la table en évoquant la cause des inondations.

Lamine Diallo n’a pas dissimulé sa colère pour dénoncer l’arrêt des chantiers de Thiès qui est la cause principale des inondations dans la Cité du Rail. Le maire de Thiès-Nord, commune très éprouvée par ce phénomène, avec 10 de ses 19 quartiers sous les eaux, affirme «que si la Capitale du Rail traîne encore des chantiers inachevés, 16 ans après le programme spécial Indépendance (4-4-44), c’est parce que ceux-ci souffrent des volontés politiques affichées en fonction des humeurs». Il dit : «Ce sont de querelles politiciennes qui ont privé Thiès des infrastructures qui pouvaient définitivement régler le problèmes des inondations au niveau de la ville.» Selon l’édile de la commune nord qui rendait visite aux sinistrés, «avec les chantiers de Thiès, le président Idrissa Seck avait l’ambition de créer des voies de contournement, une voie au nord et une autre au sud pour désencombrer l’intérieur de la ville. Et l’intérêt pour la voie du sud c’était qu’elle devait être accouplée avec des infrastructures d’assainissement parce que nous avons constaté que Thiès est une cuvette. Elle est entourée de massifs et de plateaux. Et les pluies qui viennent de ces massifs et plateaux ruissellent à une vitesse extraordinaire. Il fallait donc arrêter ces eaux-là». Aussi, poursuit le maire de Thiès-Nord, «à l’intérieur de la ville, également, il nous fallait faire de grands investissements dans des ouvrages d’assainissement. Il s’agissait de l’ouvrage du grand canal de Keur Mame El Hadji qui fait 4 mètres de large sur 2 mètres de profondeur. Ce canal qui devait drainer toutes les eaux, venant de la zone de Thiès-Est, devait en même temps être connecté avec un grand ouvrage qui devait partir de la gare routière, en passant par la base militaire de Thiès Diakhao, Nguinth horticole, jusqu’à la vallée de Fandène». Il s’étrangle : «Tous ces projets ont été arrêtés sur la base tout simplement de querelles politiciennes.» Il s’offusque surtout que toutes les promesses de reprise des chantiers soient restées vaines. «Nous avons pensé qu’avec l’arrivée de Macky Sall, les chantiers de Thiès allaient être achevés, mais jusqu’à présent ils sont là en train de mourir de leur belle mort», regrette-t-il.
Face à la situation actuelle, son coup de sang se comprend : «Il faut que l’Etat du Sénégal et ces politiciens comprennent qu’eux passent, mais le Sénégal et Thiès demeurent. Les Thiessois sont des citoyens à part entière et ils méritent tous les dividendes du budget du Sénégal.» Le maire de la commune de Thiès-Nord n’a pas manqué dans sa diatribe de s’offusquer du budget de 3 milliards de francs Cfa alloués à la ville de Thiès dans le cadre du plan Organisation des secours (Orsec), déclenché par le chef de l’Etat le samedi 5 septembre 2020. «C’est une goutte d’eau dans la mer pour une ville comme Thiès», enchaîne-t-il, très courroucé par la situation. Lamine Diallo espère toutefois que sa commune «pourra avoir une bonne part de cette somme».
L’élu qui a offert une enveloppe de 1,5 million de francs Cfa pour venir en aide à une cinquantaine de familles sinistrées estime que même si «l’assainissement n’est pas une compétence transférée, nous devons en tant que collectivité locale apporter un réconfort à nos concitoyens».