Ce soir-là, Gaël Faye était venu à La Maison de la poésie – où il est presque chez lui – avec sa compatriote Beata Umubyeyi Mairesse (l’écrivaine est Franco-rwandaise, comme lui) pour une lecture à deux voix du beau premier roman de cette dernière Tous tes enfants dispersés (éditions Autrement). Ils se connaissent depuis près de quinze ans et Beata n’en est pas à son premier livre puisque les éditions La Cheminante, fondées par une sacrée découvreuse de talents, Sylvie Darreau, ont publié depuis 2015 ses deux premiers recueils de nouvelles, et cette année encore ses poèmes. Au sortir de l’émouvant dialogue littéraire sur le Rwanda, 25 ans après le génocide des Tutsis que les deux écrivains ont offert au public, nous avons rencontré l’auteur de Petit pays et constaté que ce roman l’occupait encore beaucoup, trois ans après sa parution aux éditions Grasset. Sans que la musique, son premier talent épanoui, soit laissée de côté. Invité sur le nouvel album de Oxmo Puccino, Gaël Faye prépare le sien pour une sortie 2020, après ses deux EP «Rythme et botanique» et «Des fleurs».
«Petit pays»
devenu très grand
Petit pays ? L’aventure continue sous au moins trois formes, la vie du livre à l’étranger, et ses adaptations au cinéma, en BD et même sur les planches. Gaël Faye revient du Brésil où son livre vient d’être traduit (en plus de quarante langues déjà, et ce n’est pas fini), mais «j’ai arrêté la promotion en France, au bout d’un moment, parler continûment de soi vous assèche», avoue-t-il dans un sourire. En Sibérie ou en Argentine, en revanche, il y a quelque chose de miraculeux à faire exister la petite impasse fleurie de Bujumbura où il a passé son enfance. Le film sortira en mars 2020, signé Eric Barbier, le réalisateur de La promesse de l’aube. Il a été tourné au Rwanda, avec des comédiens amateurs sauf pour le rôle du père de Gaby (lequel est interprété par Djibril, un Belgo-Sénégalais) Jean-Paul Rouve. Gaël Faye a collaboré au scénario, suivi le tournage, le montage : «Avec Eric, on a été un binôme tout du long, mais c’était son film, une autre œuvre. J’étais presque dans le rôle du stagiaire, découvrant les différences entre la littérature et le cinéma.» Toujours pour mars 2020, la bande dessinée adaptée du roman verra le jour (A l’air libre, Dupuis), signée Sylvain Savoia (l’auteur de Les esclaves oubliés de Tromelin). Sans oublier une adaptation au théâtre ! (…)