La bande des intellectuels associés est de retour. Recrutés pour décrédibiliser l’opposition et organiser la vendetta contre les adversaires de Ousmane Sonko, les universitaires pastéfo-compatibles ont repris du service avec leurs pétitions routinières et  leur immuable office anti-Macky Sall. Dans une tribune caricaturale dont les arguments tiennent de leur seule haine à l’encontre de l’ancien Président sénégalais, ils se sont insurgés contre sa nomination au sein du Conseil de la Fondation Mo Ibrahim.
Qualifié de «fossoyeur de la démocratie», accusé d’avoir «gouverné par la terreur», toutes les thèses portées par leur message n’ont qu’un seul objectif : ternir la réputation d’un homme dont le rayonnement international depuis son départ du pouvoir est à l’opposé d’un pouvoir qui ne cesse d’apparaître à son pire, c’est-à-dire désincarné et sectaire, sans le talent et l’épaisseur nécessaires pour être l’arbitre des ambitions économiques et diplomatiques sénégalaises.
Chacun est aujourd’hui libre de porter son jugement sur la mandature de Macky Sall. Au moment où sa gouvernance est contestée par ses adversaires politiques, elle est de plus en plus célébrée par les Séné­galais. A l’heure du bilan, son leadership fait l’unanimité dans le monde. Alors, vouloir réduire le passage à la tête de l’Etat de l’homme qui a fait entrer le Sénégal dans la modernité au sombre bilan dépeint par des intellectuels improvisés, est une perversion du sens de l’histoire.
C’est bien là le problème. Ces universitaires dont l’essence de la réflexion n’est guidée ni par l’honnêteté ni par la bonne foi, ont choisi la carte des mercenaires intellectuels pour organiser la résistance contre toute idée de son retour au pouvoir en 2029.
Macky Sall dont j’ai parfois durement critiqué la gestion, aura été incontestablement à l’altitude de l’exception sénégalaise et à la hauteur du destin que le Peuple lui a confié en sculptant, défi après défi, la promesse d’un Sénégal émergent. Il n’aura fallu que douze petits mois à l’improbable tandem au sommet de l’Etat, pour constater la désagrégation de cet héritage dont le premier symbole est la condamnation du Sénégal à un destin de laboratoire de falsification statistique, avec les ahurissantes accusations portées par Ousmane Sonko sur la fiabilité des chiffres de l’économie sénégalaise. Et si faire plonger le Sénégal était leur Projet ?
Le mot intellectuel n’a jamais sonné aussi creux que lorsqu’il est associé à des universitaires qui ont troqué leur toge académique contre l’uniforme d’agent supplétif d’un pouvoir qui, après seulement un an de magistère, flirte avec les plus hautes graduations des atteintes à l’Etat de Droit et à la liberté d’expression. Au moment où ces lignes sont écrites, le journaliste et rédacteur en chef du Groupe D-Médias, Simon Faye, gardé à vue pendant cinq jours, vient d’être placé sous contrôle judiciaire pour avoir été accusé de reprise d’un article sur Ousmane Sonko sur une page Facebook qu’il dit n’avoir jamais administrée.
Aux dernières nouvelles, le chroniqueur Abdou Nguer, qui est devenu, avec Badara Gadia­ga, le tourment politico-médiatique du gouvernement, a été lui aussi arrêté pour avoir exprimé un avis sur la récente disparition du président du Conseil constitutionnel sénégalais. Ce dimanche, une équipe de la chaîne qatarie Al Jazeera, dûment accréditée au Sénégal, qui était en reportage en Casa­mance, a été brièvement interpellée avant d’être relâchée.
Ce tournant autoritaire qui s’annonce au Sénégal est le signe d’une volonté clairement affichée par le duo Diomaye-Sonko de se servir de l’appareil policier et judiciaire pour la surveillance des opinions et le contrôle de l’information.
Nouvel empereur autoproclamé de la République, le Premier ministre, dans ses coutumières éructations revanchardes, a déjà annoncé la couleur en promettant du haut de la tribune de l’Assemblée nationale, «d’effacer» du débat public (rien que ça) tout journaliste, chroniqueur, influenceur en rupture de ban avec les dogmes du «Projet».
Une déclaration qui ne laisse aucune place au flou. Tant il est clair qu’il y a dans cette énième saillie du patron de Pastef, toutes les prémices d’une transition assumée de l’Etat de Droit à l’Etat de police.
A l’inverse, aucune procédure contre une sympathisante du parti Pastef qui a accusé publiquement des hauts gradés de la gendarmerie de velléités cons­pirationnistes contre l’Etat. Les discours et théories complotistes relayés par la jeune femme sur un plateau de télévision proche du pouvoir évoquent clairement des menaces qui pèseraient sur la sécurité du Président Bassirou Diomaye Faye et du Premier ministre Ousmane Sonko.
Aucune procédure n’a été enclenchée par les autorités judiciaires contre l’auteure de tels propos, d’une extrême gravité et de nature à saper l’honneur de la Gendarmerie sénégalaise. N’importe qui d’autre, après avoir porté d’aussi graves accusations contre nos Forces de défense et de sécurité, aurait été tout de suite placé en garde à vue. Pas les thuriféraires de Ousmane Sonko.
Ce qui renforce encore un peu plus l’idée que ce qui se dessine sous nos yeux est l’image d’une Justice à sens unique : impunité pour les copains, punition pour les adversaires.
Avec pas moins d’une trentaine de personnalités médiatiques et d’opposants politiques déjà arrêtés, incarcérés ou convoqués par la police, sans oublier certaines interdictions de sortie du territoire malgré l’avis contraire de la plus haute instance du pouvoir judiciaire sénégalais, l’ère Diomaye-Sonko est partie pour battre les records d’intimidation, d’arrestation et de garde à vue en à peine un an de pouvoir.
Ousmane Sonko semble avoir oublié qu’aucun Premier ministre, si «super fort» soit-il, n’a réussi jusque-là à imposer au Sé­négalais une police de la pensée.
Semblant omettre que sa propre consécration politique est la preuve que nous sommes un Peuple forgé à l’école de la liberté et de la résistance.
Hier intraitables avec Macky Sall, aujourd’hui complaisants avec Ousmane Sonko, les signataires de la tribune contre la nomination de l’ancien Pré­sident sénégalais au sein de la très renommée Fondation Mo Ibrahim symbolisent la lente agonie de la dignité de certains intellectuels sénégalais.
Face aux dérives de la gouvernance du coup de force policier et judiciaire du régime Diomaye-Sonko, notre reptation d’universitaires pétitionnaires, unis dans la même indignation sélective et frappés par la même crise de décence intellectuelle, a préféré adopter l’histoire des «trois singes» : ne rien voir, ne rien entendre, ne rien dire.
Quand un pouvoir veut éteindre les lumières de la vigilance démocratique, on attend de l’élite qu’elle prenne le contrôle des interrupteurs de nos libertés individuelles et collectives.
C’est ce que le Peuple sénégalais attend de ses intellectuels dont certains se sont hélas mués en zélés serviteurs de la manipulation et de la propagande politiciennes.
Malick SY
Journaliste 
Communicant