Pétition pour le départ de Me Malick Sall : L’opposition n’encaisse pas le «coup de pied de l’âne»

14 députés de l’opposition ont adressé hier une pétition au président de la République pour le départ de Malick Sall du gouvernement. Ils n’ont toujours pas digéré la formule du «coup de pied de l’âne» utilisée par le ministre lors de l’examen du projet de loi sur le terrorisme.Par Babacar Guèye DIOP
– «Je ne répondrai pas au coup de pied de l’âne», avait lancé le 25 juin dernier Me Malick Sall aux députés de l’opposition qui le traitaient d’«incompétent». C’est cette petite phrase qui a mis, ce jour-là, l’Assemblée nationale dans un tohu-bohu indescriptible pendant plus d’une dizaine de minutes. Les cris des députés de l’opposition se confondaient aux applaudissements de ceux de la majorité. Et même le président de l’Assemblée nationale, qui a tenté de sauver le ministre avec un recours au «latin», n’y est pas arrivé. Me Malick Sall essaie d’éteindre le feu. «Honorable députés, la présidente de la Commission des lois m’a demandé, au cours de son discours, de ne pas répondre au coup de pied de l’âne. Et je lui ai dit que je ne répondrai pas au coup de pied de l’âne. Je n’ai ciblé personne», a-t-il insisté. Avant de présenter des excuses.
Mais telle une couleuvre, des députés peinent à avaler ces propos du ministre de la Justice. Hier, 14 parlementaires de l’opposition ont adressé une pétition au président de la République pour le départ de Me Sall du gouvernement. Serigne Cheikh Mbacké, Mor Kane, Woré Sarr, Mamadou Lamine Diallo, Mansour Sy Djamil, Cheikh Abdou Mbacké, Marie Sow Ndiaye, Toussaint Manga, Aminata Kanté, Mame Diarra Fam, Aboubacar Thiaw, Oulimata Guiro, Ousmane Sonko et Cheikh Bamba Dièye dénoncent les propos «discourtois et irrespectueux» du garde des Sceaux à l’endroit des députés. «Ce manque de respect est condamné par la loi organique portant Règlement intérieur de l’Assemblée nationale qui dispose : ‘‘Les agents publics doivent respect aux députés’’», rappellent les députés de l’opposition.
Si la pétition a peu de chances d’avoir gain de cause, cette initiative montre le fossé entre le pouvoir et l’opposition après l’adoption par l’Assemblée nationale des lois renforçant les sanctions contre les actes de terrorisme. En effet, la séance plénière organisée pour l’examen et le vote des projets de loi 10-2021 et 11-2021 modifiant respectivement le Code pénal et le Code de procédure pénale a été le théâtre de pugilat, d’insultes et d’attaques entre les députés de la majorité et ceux de l’opposition. Finalement votées par la majorité parlementaire, ces lois «liberticides», selon l’opposition, ont été attaquées mercredi devant le Conseil constitutionnel par 21 députés.
bgdiop@lequotidien.sn