La production du continent atteint 8 millions de barils par jour (soit un peu plus de 10% du total mondial), avec les réserves de pétrole qui s’élèvent à 77 milliards de barils dont 42 en Afrique du Nord et 34 en Afrique de l’Ouest avec le Nigeria qui en détient les ¾ avec 23 milliards de barils prouvés, ce qui en fait le 2ème producteur de brut -1.2 million par jour-, derrière la Libye. Ce sont donc 15% des réserves de brut de la planète dans le sol et les océans d’Afrique.
Le gaz et le pétrole organiquement inséparables, notre continent détient les 10% de réserves de gaz brut du monde. Le Nigeria a les plus grandes réserves recensées de gaz naturel du continent, suivi de l’Algérie, du Mozambique, du Sénégal  et de l’Egypte. Notre continent  peut rigoureusement revendiquer 5500 milliards de m3 de gaz naturel avec les récentes découvertes de classe mondiale au Mozambique, entre le Sénégal et la Mauritanie, et en Tanzanie. D’ailleurs, la maturation des méga-projets gaziers au Mozambique et autour des frontières sénégalo-mauritaniennes va bouleverser la hiérarchie gazière mondiale pour faire du continent un acteur incontournable, avec surtout  la proximité du  marché européen via la Méditerranée. L’Europe est la première demande de gaz du monde.

Un potentiel considérable qui accentue malheureusement la désarticulation de l’économie du continent à cause de notre manque de capitaux et de technologie pour une exploitation endogène de ces ressources stratégiques pour nos économies.  Le gaz et le pétrole  couvrent  les deux tiers de la demande énergétique mondiale, le pétrole est une matière première stratégique de première importance qui satisfait à lui seul 60% des besoins en énergie de la planète. C’est la source quasi unique de carburants pour les véhicules et les avions. Sans pétrole, l’économie s’arrête. Le pétrole est donc une ressource vitale pour les Etats, et peut être en cela un enjeu potentiel de guerre. C’est enfin un élément important du commerce international : la production annuelle de pétrole représente entre 350 et 700 milliards de dollars, soit entre 20 et 40% du Pib de toute l’Afrique. C’est donc un élément de richesse incontournable pour tout pays. Si vous en avez, vous êtes  riche, si vous arrivez à l’exploiter puis à le transformer, vous l’êtes plus, d’où la corrélation entre le 1er Pib du continent et le pétrole. Le Nigeria est le 1er Pib d’Afrique.

D’ailleurs c’est l’argument-clé du business plan du 1er milliardaire ouest-africain Aliko Dangote, qui a investi 20 milliards de dollars Us, soit 12 000 milliards de F Cfa, pour une raffinerie de 600 000 barils/jour, le premier projet d’envergure sous-continental de transformation d’une ressource stratégique par un entrepreneur africain emblématique de la Zlecaf pour faire émerger de vraies chaînes de valeur continentales. Transformer en Afrique le brut africain pour les économies africaines.

Malheureusement, les traders suisses et la division internationale du travail héritée de nos économies post-coloniales sont si résistants et si bien ancrés que ce joyau technologique pour le raffinage est aujourd’hui presque à sec faute d’approvisionnement en brut. Alors que chaque jour des cargaisons de millions de barils du même produit quittent le Golfe de Guinée à destination des raffineries européennes et asiatiques, comble du paradoxe des économies africaines alors que tous nos pays ont paraphé les accords sur la Zone le libre-échange africaine, la  Zlecaf. L’Afrique ne transforme que 35% de son brut  alors que nous importons autant en produits pétroliers raffinés d’Europe et d’Asie, et très souvent de Russie, pendant ce temps la raffinerie Dangote n’a pas accès au brut africain à cause des traders suisses et des inerties politiques et économiques de notre continent.

L’Afrique refuse et n’a pas encore la volonté politique d’une transformation systémique de son économie, et des entrepreneurs audacieux en paient le prix.
Moustapha DIAKHATE
Expert en Infrastructure et Politique Energie