Le 12 septembre à Dakar, la bonne nouvelle est confirmée dans un pays toujours secoué par la pandémie du Covid-19 et ses effets douloureux sur les masse ; en effet c’est ce mois-ci que le champ Sangomar (anciennement le champ SNE), qui contient à la fois du pétrole et du gaz, situé à 100 kilomètres au sud de Dakar, a produit le premier baril de pétrole de notre vaste bassin sédimentaire. La campagne de forage-test qui a débuté le 30 juin 2021 confirme ainsi la présence de réserves de brut importantes en offshore profond. Le Sénégal peut d’ores et déjà envisager sa nouvelle fortune et espérer pour son Peuple un avenir meilleur avec les importantes ressources qui seront générées.
Au même moment, au Port de Dakar, les caissons en béton armé des futures installations du terminal gazier Gta sur les côtes de Saint-Louis dans le Nord du pays, près de la frontière mauritanienne, sont en phase d’être amarrés et dirigés pour supporter la future plateforme d’extraction de ce gisement de classe mondiale. Les découvertes de gaz au Sénégal et au Mozambique sont parmi les plus importantes enregistrées en Afrique sur la décennie.
Le Sénégal a bien compris les nouveaux enjeux et mutations induits par cette ressource stratégique et vitale pour tout pays qui aspire à l’émergence et au développement. Les autorités du pays, après de larges concertations, ont mis en place un arsenal législatif et réglementaire bien bétonné afin que le pays profite à son maximum de ses ressources en hydrocarbures. C’est l’avantage d’un président de la République méthodique issu professionnellement du milieu.
Le code pétrolier et gazier, le contenu local, le cos–petrogaz qui est une innovation du Sénégal sans compter la mise en place de l’Institut national du pétrole et gaz pour former la future élite pétrolière et gazière permettent de conjurer la malédiction que cette ressource a créée dans certains pays africains.
D’ailleurs, c’est dans ce cadre qu’il faut comprendre la mue qui s’opère auprès du bras séculier et technique de l’Etat chargé de la gestion avec les multinationales des méga-projets pétroliers et gaziers. La société anonyme Petrosen monte en puissance en devenant une entité juridique mieux intégrée dans les activités de l’amont et de l’aval avec Petrosen Holding.
Petrosen Holding affiche les ambitions du Sénégal d’être un acteur central et actif dans l’exploitation de la manne pétrolière et gazière avec des prises des parts et de participations dans toutes les entreprises ou sociétés de projets présentes dans l’exploration –exploitation– productions puis dans le trading et services.
D’ailleurs c’est pourquoi Petrosen Holding a tout le profil du candidat idéal pour lever des fonds à la Brvm qui est la bourse sous-régionale située à Abidjan.
La capitalisation adéquate de Petrosen Holding requiert une surface financière très importante plus que ses ressources propres ou encore bien plus que ce que l’Etat qui est son seul actionnaire pourrait mettre à sa disposition surtout au moment où la pandémie accroît le fardeau social et sanitaire sur la trésorerie du pays.
L’introduction à la Bourse régionale des valeurs mobilières d’Abidjan permettrait au pavillon gazier et pétrolier national, comme la Sonatel en son temps, de puiser sur les importantes ressources des institutionnels de l’épargne et de la finance qui voudraient l’accompagner dans ses ambitions et projets, et en même temps, la bourse oblige la Holding ainsi cotée, à s’aligner sur les bonnes pratiques de transparence et bonne gouvernance qu’exigent les gendarmes des marchés financiers.
En effet, les majors qui exploitent le pétrole et le gaz sont tous des sociétés cotées en bourse. L’avantage serait de lever des centaines de milliards pour avoir financièrement les reins solides, pour mieux et davantage profiter du pétrole et du gaz extraits au Sénégal, mais aussi de se prémunir pour le cas de Petrosen, des changements de tutelle et autres aléas liés à un environnement des affaires souvent imprévisible en Afrique.
Pour l’Etat du Sénégal, qui détient 99 % des actions de Holding Petrosen ; se délester de 25 à 30% du capital lui donne encore la majorité absolue sur la société nationale avec les 60% de parts restantes dans le capital.
Moustapha DIAKHATE
Expert en Infrastructures
Ex-Conseiller spécial Premier ministre