C’était l’audition la plus attendue du Pool judiciaire financier (Pjf). Après neuf mois de détention provisoire, le député-maire des Agnams, Farba Ngom, a été présenté au juge d’instruction sur le fond du dossier de blanchiment de capitaux et flux financiers suspects estimés de 125 milliards F Cfa. Son arrivée, sous haute sécurité et à bord d’une ambulance médicalisée, a spectaculairement souligné la dégradation de son état de santé. A l’issue de cet interrogatoire crucial, la défense, confiante et insistant sur un «dossier vide», a immédiatement déposé une demande de mise en liberté provisoire, engageant un nouveau bras de fer judiciaire.

Par Justin GOMIS – Hier, le Pool judiciaire financier (Pjf) a été le théâtre d’une audition sous haute tension et dans des conditions exceptionnelles. Le député-maire des Agnams, Farba Ngom, incarcéré depuis le 27 février dernier dans le cadre d’une affaire de flux financiers jugés suspects, a été présenté au juge du premier Cabinet d’instruction pour une audition sur le fond du dossier. L’image marquante de la matinée fut l’arrivée de M. Ngom. Contrairement aux convois judiciaires habituels, le député a été acheminé à bord d’une ambulance, sous une forte escorte sécuritaire. Cette modalité de transport s’expliquerait par l’état de santé du détenu, ses avocats ayant précédemment soulevé des préoccupations, allant jusqu’à évoquer des difficultés respiratoires. Le recours à l’ambulance a souligné, pour les observateurs, la précarité de son état après plusieurs mois de détention provisoire (plus de neuf mois).

Un important dispositif de sécurité avait été déployé autour du bâtiment judiciaire, dans le secteur de la Cité Keur Gorgui. La circulation a été fortement perturbée, et les accès filtrés, visant à prévenir tout attroupement. Néanmoins, des partisans et soutiens du député-maire s’étaient rassemblés aux abords du Pjf pour exprimer leur solidarité.

Farba Ngom a finalement été entendu par le juge d’instruction sur le fond du dossier qui le vise. L’affaire porte sur des flux financiers suspects évalués à près de 125 milliards de francs Cfa, mis en lumière par un rapport de la Cellule nationale de traitement des informations financières (Centif). L’élu est notamment visé pour des faits présumés de blanchiment de capitaux. A l’issue de l’audition, la défense s’est montrée confiante. Les avocats dont Me Baboucar Cissé, ont déclaré que l’audition s’était déroulée dans d’«excellentes conditions» et que leur client avait été «très à l’aise» face aux questions posées.
Les avocats ont réitéré la position de leur client, contestant catégoriquement les accusations. Me Cissé a affirmé qu’aucune question relative à un détournement de deniers publics n’avait été posée durant l’interrogatoire, écartant ainsi ce chef d’accusation majeur aux yeux de l’opinion publique. Il assure que l’audition sur le fond avait duré environ quatre heures et que Farba Ngom avait répondu à toutes les questions posées par le juge d’instruction. La défense a réitéré que, pour elle, le dossier à charge était vide. Elle a confirmé la fragilité de l’état de santé de Farba Ngom, soulignant qu’il avait pris des médicaments pendant l’audition et qu’il avait eu du mal à respirer, justifiant son transport en ambulance.

Au cœur de l’audition
Compte tenu de l’état de santé de M. Ngom, ses avocats ont officiellement déposé une demande de libération provisoire auprès du juge, arguant qu’il n’y avait plus de raison de le maintenir en détention après cette audition sur le fond.

Cette audition marque une étape décisive dans la procédure, très suivie par l’opinion publique et les cercles politiques. La décision du juge d’instruction concernant la demande de liberté provisoire, ainsi que la suite de l’instruction sur ces flux financiers colossaux sont désormais attendues.
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