Troisième ancienne ministre à être auditionnée par la Commission d’instruction de la Haute cour de justice, elle fut la première à être envoyée en prison. Mme Aïssatou Sophie Gladima Siby, ancienne ministre des Mines et de la géologie, a été placée sous mandat de dépôt hier pour un présumé détournement de deniers publics pour l’utilisation d’un milliard de F Cfa alloué à la construction d’un centre gravimétrique à Kédougou qui n’a jamais vu le jour, malgré un décaissement partiel des fonds.Par Justin GOMIS –

 L’ancienne ministre des Mines et de la géologie, Aïssatou Sophie Gladima, a passé sa première nuit à la Maison d’arrêt pour femme (Maf) de Liberté 6. Car elle été placée sous mandat de dépôt par la Commission d’instruction de la Haute cour de justice, après son audition hier sur la gestion des fonds Covid-19.

La maire de Joal a été mise en accusation pour un présumé détournement de deniers publics, notamment pour l’utilisation d’un milliard de F Cfa alloué à divers projets dont un centre gravimétrique à Kédougou qui n’a jamais vu le jour, malgré un décaissement partiel des fonds. Selon l’enquête et le rapport de la Cour des comptes, l’ancien Directeur de l’administration générale et de l’équipement (Dage), Alassane Diallo, a versé, sur instruction de la ministre, la somme de 73 millions 200 F Cfa pour les travaux de construction de l’unité de traitement gravimétrique de Kédougou, confiés à la société commerciale du Groupe Issa. Alors que les travaux n’avaient pas démarré au moment du paiement. Mais, le paiement aurait été validé «moyennant une déclaration sur l’honneur et une simple facture».

Dans le cadre de l’exécution du marché, la somme globale d’1 milliard F Cfa du fonds Covid-19 a été mise à la disposition du ministère afin d’ériger un centre gravimétrique à Kédougou pour les orpailleurs impactés par la pandémie. D’après le rapport d’enquête de la mise en accusation de Mme Siby, «le marché a été attribué à la Société commerciale du Groupe Issa (Scgi), qui avait acquis le matériel pour un montant de 119 millions 870 mille F, en attendant la disponibilité du site pour la construction de l’ouvrage d’un coût de 73 millions 200 mille F.

Interrogé, Ibrahima Issa soutenait que la Scgi avait exécuté le premier volet du marché portant sur l’acquisition du matériel d’un coût global de 119 millions 870 mille F». «Il déclarait, au surplus, pour le second volet, qu’après avoir reçu une avance de démarrage, il attendait la mise à disposition d’un site devant abriter l’unité de traitement gravimétrique. Il transparait que Monsieur Alassane Diallo, en sa qualité de Dage, et en accord avec sa hiérarchie administrative, avait décidé de lui verser le reliquat sans même attendre la fin des travaux», détaille le rapport d’enquête. Si à un moment donné, le matériel destiné à la construction dudit centre était «entreposé dans son domicile et au siège de sa société», il a été finalement acheminé sur site en mai 2023.

Par ailleurs, l’enquête révélait que le montant de 80 millions F «ayant servi au paiement du matériel supposé avoir été acheté, a fait l’objet d’une transaction tout à fait informelle dans la mesure où l’argent a été remis à un opérateur de transfert s’activant aux Allées Papa Guèye Fall avant qu’un de ses correspondants ne remette au fournisseur chinois une somme équivalente en Chine. Cette démarche informelle fut préférée à un ordre de virement international plus conforme à l’orthodoxie requise en la matière».

Autant de faits qui avaient poussé le Parquet général à demander la mise en accusation de l’ancienne ministre des Mines et de la géologie pour détournement présumé de deniers publics.
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