Dans la région de Tambacounda, les décès maternels sont une réalité tragique, souvent provoquée par la rupture des stocks de sang ou l’hypertension. 117 cas ont été recensés dans cette zone en 2016.

La région médicale de Tambacounda vient de tenir ses journées régionales de la santé, présidées par le ministre de la Justice qui a remplacé son collègue de la Santé à la cérémonie d’ouverture. L’objectif visé à travers ces rencontres, explique le médecin-chef de la région médicale, est de faire la promotion de la santé de la mère, mais aussi la protection des groupes vulnérables. D’après Abib Ndiaye, médecin-chef de la région, la première cause des décès maternels est liée aux hémorragies notées lors des accouchements. Elles ont causé la mort à près du tiers des femmes qui donnaient naissance dans les structures sanitaires. «Il y a ensuite l’hypertension qui a aussi contribué à l’augmentation des décès de femmes surtout au niveau de l’hôpital régional, et puis arrivent ensuite l’anémie et les infections. Et c’est pourquoi, explique Dr Abib Ndiaye, des dispositifs ont été mis en place depuis l’année dernière, sous le leadership du gouverneur, des préfets et sous-préfets, chacun selon le niveau où il se situe, pour essayer de juguler le mal.» Il s’agit de la constitution de comités de lutte contre les décès maternels et infantiles et la promotion du don de sang pour mieux juguler les hémorragies qui ont été répertoriées comme étant la première cause de décès maternel. Toutefois, poursuit Dr Ndiaye, des efforts sont faits par l’hôpital dans sa capacité de stockage du sang et c’est pourquoi il n’est plus normal qu’il soit noté une rupture au niveau de la banque. Le médecin-chef informe, atterré, que le tiers des femmes qui ont perdu la vie en la donnant l’ont été par manque de sang. C’est pourquoi, soutient-il résolu, il ne doit plus être noté une rupture du liquide vital dans la banque et cela contribuerait grandement dans la lutte contre les décès maternels et infantiles. L’autre combat, explique le médecin, reste le recensement des femmes enceintes par les comités de veille. «Si elles sont recensées et suivies très tôt, elles pourront être, si besoin en serait, conduites dans les maisons d’accueil pour un meilleur suivi de leur accouchement», conseille le médecin. 117 cas de décès maternels ont été enregistrés en 2016. Seule­ment, la structure hospitalière a, à elle seule, capitalisé 70 cas. C’est pourquoi le médecin-chef a exhorté à ce que des efforts soient davantage faits afin que le nombre de pertes soient sensiblement revu à la baisse. «En ce 21ème siècle, l’on ne doit plus continuer d’enregistrer des cas de décès maternels avec un nombre aussi important», persiste-t-il. Revenant sur la situation de la banque de sang, Dr Ndiaye, qui a salué les efforts de l’hôpital régional dans le stockage, a fait savoir que la structure hospitalière s’est fixé un objectif de 4 000 poches de sang, ce qui pourra largement couvrir les besoins en sang. Avec le comité régional de promotion du don de sang, il a été arrêté un objectif de 350 poches mensuelles. Dr Abib Ndiaye a aussi plaidé à ce qu’elle soit revue à la hausse, la subvention allouée aux structures, particulièrement l’hôpital régional qui est un hôpital sous-régional parce qu’accueillant beaucoup de patients des pays voisins. Dans le contexte actuel, ce sont les populations qui supportent la presque totalité de la charge ; d’où son appel à Me Sidiki Kaba à être leur porte-parole auprès du ministre des Finances. Toutefois, Dr Abib Ndiaye n’a pas mis de gants pour dénoncer le manque de soutien des collectivités locales à l’hôpital régional. «Aucune collectivité locale n’a versé un seul centime comme aide à l’hôpital régional», déplore Dr Ndiaye. Il ajoute : «Dans les autres régions, les collectivités locales apportent leurs subventions aux hôpitaux. Pourquoi pas à Tamba ?», se demande-t-il. Cette situation fait que ce sont les populations, à travers les tickets de consultation qu’elles payent, qui supportent la presque totalité des charges de fonctionnement de l’hôpital. abfall@lequotidien.sn