Libérez Papa Alé Niang ! Voilà la réclamation de la presse nationale organisée qui se réunit, élève la voix et marche, pancartes brandies et banderoles déployées. Comment peut-il en être autrement ? Quand un membre de la corporation, dans l’exercice de son travail, rencontre des embûches, il est du devoir de chacun et de tous de le soutenir activement et de lui venir en aide à la mesure des moyens disponibles. Je crois savoir que les journalistes d’ici ne sont pas seuls dans la mobilisation pour obtenir une libération urgente de leur confrère qui croupit en prison depuis un mois et dont la santé est en train de se dégrader dangereusement, en raison de la grève de la faim qu’il a entamée. En effet, une pétition circule sur le plan international que d’éminents écrivains et hommes de culture ont signée.
En ma qualité d’enseignant, surtout d’écrivant que d’aucuns jugent engagé, je voudrais joindre ma voix à toutes celles qui demandent une relaxe en faveur du journaliste P. Alé Niang. Non parce que j’estime qu’il est blanc comme coton ou qu’il est victime d’un quelconque acharnement de quelque obscur pouvoir, mais parce que c’est un citoyen exerçant un métier qui n’est ni de repos ni un gagne-pain, mais une vraie chausse-trappe et un pur sacerdoce. Informer juste, dans un pays où la liberté d’expression n’est qu’un slogan, n’est pas seulement un défi à relever, mais devient un risque à prendre. Combien de journalistes, toutes catégories confondues, pâtissent de leur volonté de reproduire et de propager par l’image, le son ou les mots, la véracité de faits à étaler sur la place publique pour leur trouver une solution ? L’information est vitale pour les populations, mais davantage pour un Etat. Qui joue avec elle, joue avec le feu ! L’information n’est point un jeu pour distraire les accros de faits divers, de scandales sociaux ou politiques. La presse, écrite ou audiovisuelle, est une arme redoutable avec laquelle jouent délibérément ou inconsciemment certains journalistes ou pseudo-journalistes et autres chroniqueurs qui infestent les plateaux de télévision et tympanisent l’auditoire à travers les ondes. Un bon journaliste africain, sénégalais de surcroît, doit aborder les personnes et les évènements avec comme boussole, sa culture. L’Occident a sa manière distante et abrupte d’aborder les êtres et les choses. L’Afrique, sans éviter de regarder la réalité en face, l’aborde autrement, avec empathie. Papa Alé Niang a-t-il diffusé des documents estampillés Secret Défense ? Je n’en sais rien. Je sais seulement qu’il est journaliste d’investigation et en tant que tel, il lui arrive de fourrer son nez là où certains ne souhaitent pas qu’on fouine. Si cela est un péché, ce ne peut être qu’un péché mignon. Les documents contenant des secrets dangereux à divulguer doivent être hermétiquement, pour ne pas dire sérieusement gardés !
En raison de son rôle de journaliste, je souhaite qu’il soit libéré dans les meilleurs délais, car au pays du Président-poète Léopold Sédar Senghor, de Abdou Diouf, de Abdoulaye Wade, pas un homme de plume, même outrancièrement engagé, n’a été mis aux arrêts pour des écrits ou des propos tenus. Ce serait ternir l’image de notre République en émergence, au cours du mandat du Président Macky Sall, qu’on y laisse mourir en prison un journaliste qui n’aurait fauté que dans l’exercice de ses fonctions.
En raison de sa santé qui se dégrade et de l’appel discret mais poignant de sa famille, LIBEREZ PAPA ALE NIANG.
Marouba FALL
Ecrivant
marouba_fall@yahoo.fr