La Plan de redressement économique et social, qui est annoncé par les autorités de ce pays, va principalement affecter les populations qui subissent déjà de plein fouet la crise multiforme qui secoue le pays.

Le Président Bassirou Diomaye Faye a trouvé utile de révéler que ce plan de redressement est une réponse à une interpellation récurrente du Fonds monétaire international (Fmi), qui est, il faut le dire, tout à fait dans son droit de demander des garanties avant de mettre son argent dans les caisses de l’Etat du Sénégal.

Les craintes du Fmi, qui demande des clarifications sur les mécanismes qui seront mises en place pour redresser l’économie du pays, sont alors compréhensibles. Ce qui est par contre difficile à comprendre, c’est quand le Premier ministre Ousmane Sonko fait allusion à une volonté du Fmi d’asphyxier le Sénégal.
Nos décideurs politiques, qui sont encore dans un sentimentalisme primaire, semblent ignorer que cette institution financière internationale, qui ne connait que le langage des chiffres, n’a pas d’états d’âme. Car le Fmi se préoccupe beaucoup plus de la sécurisation des fonds qu’il met à la disposition des Etats qu’autre chose.

Le régime actuel, qui hésite à taper fort sur le train de vie de l’Etat, semble plutôt verser dans un équilibrisme entre performance économique et calcul politique. Au même moment, les dépenses de prestige ou de luxe continuent de plus belle au sommet de l’Etat. Par exemple, dans un pays pauvre, surendetté, où la situation économique est alarmante, comment un Premier ministre peut-il se permettre de faire le tour du monde en jet privé ?

On a également envie de comprendre, dans un régime présidentiel, qu’est-ce qui peut justifier un tel luxe de la part d’un Premier ministre ? Fût-il Ousmane Sonko qui a joué un rôle éminent dans l’accession du Président Bassirou Diomaye Faye au pouvoir. Bref, pour régler les problèmes du pays, le gouvernement dit compter sur la mobilisation des ressources internes, à travers la fiscalité et l’épargne nationale, pour juguler le déficit de financement externe. Ce qui n’est pas en soi une mauvaise chose. Mais il faut reconnaître qu’à l’état actuel des finances publiques et des capacités financières de l’écrasante majorité des Séné­galais, il ne sera pas facile d’obtenir en un temps record -2 ans et demi-, une manne financière qui sera à même de juguler le déficit de financement externe qui est attendu des partenaires du Sénégal. Il faut accepter que le bras de fer que le régime actuel a dès le départ engagé avec le Fmi et les partenaires traditionnels du pays, a coûté très cher à l’Etat du Sénégal.

Osons également reconnaître que l’acharnement du régime actuel contre la presse, la Société civile et les milieux d’affaires a considérablement affecté l’image du Sénégal auprès des agences de notation et des institutions financières internationales, qui ont adopté un comportement de méfiance et de suspicion à l’égard des autorités du pays.

La pos­ture belliqueuse ou va-t-en-guerre de ce régime a finalement mis le pays dans une situation alarmante et catastrophique. Le gouvernement a ainsi perdu beaucoup de temps, avant de penser tenir un discours avenant et conciliant auprès de ces segments du pays et des partenaires extérieurs du Sénégal. Mais n’est-il pas déjà trop tard ?
Babacar Papis SAMBA
La Pensée complexe