PLUS LOIN AVEC… Abdoulaye Badji, coordonnateur départemental de Bby Bignona : «Nous voulons comprendre pourquoi nous avons perdu lors de la Présidentielle»
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Abdoulaye Badji revient sur l’exclusion de Moustapha Diakhaté qui, selon lui, est allé «trop loin». Le président de la commission de discipline de l’Apr estime que ses sorties ne cadraient plus avec la ligne du parti. Le coordonnateur départemental de Bby Bignona espère par ailleurs que la majorité, battue par Sonko lors de la derrière Présidentielle, reprendra «ses» bastions.
Vous êtes le président de la commission de discipline de l’Apr qui a définitivement exclu Moustapha Diakhaté de votre parti. Qu’est-ce qui justifie d’abord cette décision ?
Tout ce que Moustapha Diakhaté a pu dire, il l’a fait dans la presse. Or les propos qu’il a souvent tenus ne cadrent pas avec la ligne du parti ou avec l’attitude normale que doit avoir un responsable au sein d’une organisation. Donc, tout cela justifie que nous puissions prendre une telle mesure. Mais l’exclusion définitive, c’est compte tenu de la gravité de la faute. Il est allé même jusqu’à dire qu’il va créer un courant avant de préciser que c’est un mouvement. Ce qui n’est pas tout à fait sensé. Je crois qu’il y a les mots, mais aussi la compréhension réelle de ce que les gens expriment en corrélation avec ce qu’ils ont pu dire. Et il disait que dans les deux jours qui suivaient son exclusion, il allait faire une conférence de presse avant de se rétracter et publier son manifeste sur sa page Facebook. C’est dire que là aussi, le parti devait réagir. Et la réaction a été l’exclusion.
Que répondez-vous dès lors à ceux qui, au sein de l’Apr, réprouvent cette exclusion ?
Je n’ai pas encore vu un responsable majeur d’une certaine crédibilité dire ouvertement qu’il réprouve cette décision.
Avec cette exclusion, n’est-ce pas là un déni du débat interne au sein de votre formation politique ?
Est-ce que c’était vraiment une question de débat ? Quelle était l’idée, l’idéologie ou la doctrine qui étaient développées ? Ce n’est pas parce qu’on crée l’anarchie qu’on est dans un débat, non. On comprendrait que ce soit des idées partagées par une élite intellectuelle dans ce pays qui formate une certaine vision, une certaine démarche. Mais il n’y a rien de tout cela avec Moustapha Diakhaté.
Bby a pris l’option d’investir les 19 collectivités territoriales du département de Bignona. Qu’est-ce que vous visez à travers cette démarche ?
L’objectif est de clarifier une situation qui s’est produite dans ce département, à savoir les résultats de l’élection présidentielle du 24 février 2019. Une situation qui a pris un caractère assez surprenant et qui fait que nous avons estimé bon d’aller à la rencontre des populations pour essayer de comprendre pourquoi nous avons perdu, et d’essayer de trouver des solutions pour changer la donne. Parce que ce qui est constant, c’est que le Président Macky Sall a été élu à 58% et à travers toutes les régions du Sénégal. Et s’il se passe autre chose ailleurs, il faut chercher à le comprendre. Voilà pourquoi que nous sillonnons les 19 communes.
Et pourquoi avez-vous spécifiquement ciblé les chefs de village, notables et imams ?
Ce sont quand même des leaders d’opinion et il est important qu’ils soient sensibilisés par rapport à cette situation qui, d’une manière générale, crée un malaise. Car je comprendrais que ce soit un département dans le Linguère, dans le Podor ou dans deux départements à Ziguinchor. Mais que ce soit trois départements d’une même région, cela mérite quand même que les gens s’interrogent. Et ceux avec qui il faut s’interroger, échanger en premier, ce sont les imams, notables et chefs de village. Nous avons démarré ces rencontres par les communes de Niamone, Djignaky, Oulampane et Mangagoulack. Franchement, je ne regrette pas d’avoir initié ces activités au terme desquelles beaucoup de choses vont fondamentalement changer. Nous avons eu partout des assurances que plus jamais la défaite de Bby ne se reproduira. Il faut que nous tous travaillions à faire en sorte que les choses puissent changer à la prochaine élection.