Macky Sall a échoué dans la gestion du Covid-19. C’est l’analyse de Abdoulaye Gallo Diao. Membre du bureau politique du Ps, secrétaire national adjoint chargé des Tic et membre de la cellule de communication, il propose aussi des réformes au sein du parti. Entretien.

Comment trouvez-vous la gestion du Covid-19 par Macky Sall ?
Il faut plutôt dire comment je trouve la gestion du Covid-19 par la famille Sall-Faye, c’est-à-dire le frère et le beau-frère. Je persiste et je signe que cette gestion de la résilience alimentaire a été un échec du début à la fin. La répartition des denrées alimentaires destinées aux nécessiteux a violé les principes les plus élémentaires de la justice sociale. Les critères retenus pour choisir les bénéficiaires sont en violation flagrante des principes d’équité et de transparence. Finalement, ce sont les bénéficiaires des bourses familiales et ceux retenus dans la carte d’égalité des chances, qui coûtent déjà des milliards au contribuable sénégalais, que le Président Macky Sall continue d’entretenir au détriment de ceux qui ne sont pas des titulaires de bourses sociales. Mais le plus grave dans tout ça est que 80% des bénéficiaires des bourses familiales sont des militants ou sympathisants de l’Apr que les maires et responsables apéristes ont recensés sur la base du clientélisme politique. Raison pour laquelle, dans une seule famille, on peut retrouver trois, voire quatre bénéficiaires de kits alimentaires entre un mari, ses femmes, ses enfants et ses parents, alors que chaque bénéficiaire est considéré comme un chef de ménage au regard de la loi.

Que pensez-vous du bradage du littoral de Dakar ?
Ce débat est agité depuis un certain temps par des politiciens de l’opposition comme du pouvoir. Cependant, il ne date pas d’aujourd’hui, mais depuis les années 2000 avec le régime du Président Wade. Et au regard de l’attitude des politiciens qui entretiennent quotidiennement ce débat, on se rend compte qu’il y a plus d’enjeux d’intérêts crypto-personnels des uns et des autres que la poursuite de l’intérêt supérieur du Peuple sénégalais. Personnellement, je trouve que ces gens sont en train de faire un mauvais procès d’intention au Président Macky Sall. Certes il faut combattre le bradage du littoral, mais la menace réelle contre la survie des populations de Dakar est ailleurs, et on n’entend aucun de ces politiciens de l’opposition en piper mot. Donc, l’occupation massive du littoral n’est pas nouvelle. Ce qui est nouveau, c’est qu’elle a pris ces dernières années une tournure alarmante.

Quel est l’avenir du Parti socialiste dans Benno bokk yaakaar ?
L’avenir du Ps dans Benno est entre les mains des Socialistes responsables et conscients. Mais d’emblée, je dois dire que cet avenir de notre parti, comme des autres alliés, est déjà hypothéqué par le Président Macky Sall qui ne cesse de nous imposer la promotion des transhumants du Pds au détriment de toutes les forces politiques qui ont consenti beaucoup de sacrifices pour le porter au pouvoir en 2012, avant de l’accompagner dignement et courageusement durant tout son septennat pour ensuite le réélire en 2019 dès le 1er tour. Mais la vérité est que le Président Macky Sall a trahi le Ps, l’Afp, la Ld, le Pit Macky2012 et l’Apr, son propre parti. De 2012 à 2019, tous les grands partis alliés du Président Macky Sall dans Bby sont divisés en deux ou en plusieurs factions, et totalement affaiblis. C’est le cas du Ps, de l’Afp, de la Ld, du Pit et même de Macky2012. Je présume qu’il y a un deal entre Macky Sall et Karim Wade sur le dos de Bby. La vitesse avec laquelle le Président Sall fait la promotion des Libéraux dans son second et dernier mandat en est une parfaite illustration. Et ce deal, le Ps doit le démanteler pour proposer sa candidature à Bby à la prochaine élection présidentielle de 2024, d’autant plus que Macky Sall n’est plus concerné par l’avenir politique de notre coalition.

Comment se porte le Parti socialiste depuis le décès du secrétaire général Ousmane Tanor Dieng ?
Objectivement, le Ps présentement est à la croisée des chemins pour son avenir politique. Le Ps a aujourd’hui, et plus que jamais, besoin d’une sorte de Congrès d’Epinay pour la réunification de tous les Socialistes de cœur et de raison, mais aussi pour rappeler les racines et le sens de notre socialisme démocratique. Tous les Socialistes d’hier et d’aujourd’hui doivent s’accorder sur une chose et une seule, à savoir que l’ambition du Ps de reconquérir le pouvoir reste intacte et ne souffre d’aucun doute. Cependant, pour réaliser cette ambition, le Ps doit impérativement exécuter un certain nombre de chantiers politiques : Le premier concerne la réunification de la grande famille socialiste. Le deuxième, à court terme, concerne la réforme du mode d’organisation et de fonctionnement du Parti socialiste. Force est de reconnaître que le Ps ne peut plus fonctionner comme le Bds, le Bps ou l’Ups. La structuration actuelle du parti date de plus de 60 ans et ne répond plus à l’efficacité et au pragmatisme de la realpolitik. Par conséquent, les chantiers de réforme structurelle du Ps sont nombreux et l’urgence de leur exécution demande l’organisation d’un Congrès extraordinaire. Tous les Socialistes reconnaissent que les comités et les sections n’ont plus aucune utilité dans le fonctionnement quotidien du Ps. En tant que structures de base de notre parti, ces instances ne fonctionnent pas et sont pratiquement inexistantes. Tous les Socialistes s’accordent également qu’il faut changer la dénomination du parti. L’acro­nyme Ps n’accroche plus, ne séduit plus en termes de marketing politique. Dans cette perspective, je propose qu’on revienne à l’Ups (Union progressiste sénégalaise), ancêtre du Parti socialiste.