Le député du Pur regrette la «dictature» du président de l’Assemblée nationale. Militant à Niary Tally, Aboubacar Thiaw estime que la procédure sur la levée de l’immunité parlementaire de Khalifa Sall prouve que «l’Assemblée nationale et la Justice exécutent les ndigël institutionnels de Macky Sall».

Vous faites partie des députés de l’opposition qui ont boycotté le vote de l’installation de la commission ad hoc chargée d’entendre Khalifa Sall. Pourquoi ?
Ce qui se passe aujourd’hui à l’Assemblée nationale est une honte pour la démocratie et la République. Cette institution est le lieu du débat par excellence mais on constate qu’il n’y en a plus. Le peu de débat qu’il y a, cela ne sert pas à rassembler les bonnes idées et les bonnes propositions. La majorité ne fait que nous écouter pour ensuite faire ce qu’elle veut. A partir de ce moment, le débat n’a plus de sens. Aujourd’hui, Macky Sall donne des ndigël institutionnels à l’Assemblée nationale qui les exécute. C’est la même chose pour la Justice qui également exécute les ordres de Macky Sall. On n’est plus dans une République encore moins dans une démocratie.

Est-ce que c’est cela qui a fait que vous vous êtes levé de votre siège pour apostropher Moustapha Niasse en ces termes : «L’Assemblée ne vous appartient pas !»
Oui. Moustapha Niasse veut faire de cette Assemblée nationale sa propriété. Il dirige cette institution en marge du Règle­ment intérieur et foule au pied les textes. On n’est plus dans une Assemblée nationale mais dans une dictature que Moustapha Niasse veut nous imposer. Il s’assoit sur les textes et refuse à l’opposition le droit de débattre. On est où ? La démocratie sénégalaise est en train de reculer et cette 13ème Légis­lature sur laquelle on a fondé beau­coup d’espoir est en train, malheureusement, de dévier de son rôle.

Quelle est la prochaine étape pour tenter de faire libérer Khalifa Sall ?
On va continuer la lutte. Ce sont des stratégies qu’on ne peut pas toujours dévoiler. A chaque étape correspondra une stratégie bien ficelée. Qui vivra verra.

Mais avec la majorité Benno bokk yaakaar, l’opposition semble avoir perdu d’avance…
Pas du tout ! Je crois que ce n’est pas la quantité qui importe mais la qualité. Ces députés de la majorité n’ont pas leur place dans cette Assemblée nationale. S’ils sont là, ils le doivent à la fraude électorale massive notée lors des élections législatives du 30 juillet. Il suffit d’entendre leurs discours pour s’apercevoir qu’ils n’ont pas la compétence pour être dans cette Assemblée nationale. Pour moi, il n’y a pas de députés valables dans cette majorité Benno bokk yaakaar.