Accrochée lors du vote du projet de loi portant révision du Code électoral sur le parrainage lundi dernier, Adji Mergane Kanouté porte la réplique à Me Madické Niang qui accuse le gouvernement de «manquer de respect» à l’Assemblée nationale. La députée de Benno bokk yaakaar préfère saluer la «grandeur» et «l’humilité» du Président Macky Sall par rapport au retrait du premier texte déposé à l’Hémicycle.

Quelle lecture faites-vous du vote de la loi relative à la mise en œuvre du parrainage dans le Code électoral ?
D’abord, je voudrais saluer la grandeur et l’humilité du chef de l’Etat qui, à un moment donné, a procédé au retrait du projet de loi de révision du Code électoral. Le Président Macky Sall attendait les résultats des concertations de la commission ad hoc paritaire. Cependant, nous avons une opposition nihiliste, non constructive et boycotteuse. Lors des commissions techniques, ces députés de l’opposition s’absentent ou participent aux débats. Ils ne viennent qu’en séance plénière pour faire leur cinéma devant les médias. L’opposition est certes dans son rôle de s’opposer, mais cette posture n’est pas profitable au Peuple. Le parrainage est là depuis 1991 et s’appliquait aux indépendants. Aujourd’hui, le Président l’a élargi aux partis politiques. Macky Sall a restauré le principe d’égalité au sein des candidats. C’est à l’image de sa politique avec la Cmu, les Bourses familiales, la Carte d’égalité des chances, le Pudc… L’égalité est une notion chère au président de la République. Le parrainage est une demande sociale. 47 listes lors des Législatives et 1 700 aux Locales, c’est trop coûteux pour nos finances publiques. Cet argent aurait pu servir à financer des jeunes et des femmes, à construire des écoles, des hôpitaux, des mosquées et des églises.

Avec l’instauration du parrainage, l’opposition soupçonne le pouvoir de vouloir invalider des candidatures…
Une commission nationale sera mise en place. Elle sera constituée de personnes émanant du pouvoir, de l’opposition et de la société civile. Chaque partie aura ses représentants dans cette commission de validation. Je pense que ce raisonnement de l’opposition relève de la mauvaise foi. Tout est transparent. Autant dans le Cadre de concertation on retrouvait des experts de la matière électorale, des personnalités indépendantes, autant la Commission de validation va regorger toutes les couches de la société.
Mais un parrainage qui souffre d’un manque de consensus au sein de la classe politique…
Il y a eu consensus. Même si une grande partie de l’opposition a boycotté les concertations, il y a des partis de cette même opposition qui ont pris part au dialogue. D’ailleurs, lors du vote à l’Assemblée nationale le 19 avril dernier, il y a eu des débats. 21 intervenants de l’opposition ont posé des questions préalables concernant le fond du texte. Mais à un moment donné, nous avons compris que l’opposition faisait du dilatoire pour repousser l’échéance. La majorité a déjoué le piège tendu par celle-ci.

Est-ce que les députés sont sûrs que le pouvoir a les moyens de mettre en place ce parrainage ?
Bien sûr ! La mise en œuvre du parrainage concerne tout le monde. C’est le gouvernement, les personnalités indépendantes, les députés, la Société civile, l’opposition, entre autres, qui doivent le mettre en œuvre. C’est un ensemble. L’opposition est frileuse quant à l’idée d’aller aux élections, mais elles se tiendront. Elle montre qu’elle a perdu la bataille de 2019. Raison pour laquelle elle a opté pour la désinformation et la manipulation. Mais les Sénégalais sont mûrs et le feront comprendre à cette opposition le jour des élections. Maintenant, elle a décidé d’attaquer cette loi devant le Conseil constitutionnel. C’est son droit le plus absolu. Tout citoyen peut saisir le Conseil constitutionnel lorsqu’il considère que la loi est violée. Au Sénégal, il y a la séparation des pouvoirs. La justice ne va dire que le droit. Ce qui est constant, c’est que nous avons voté cette loi et nous avons la conscience tranquille.

Le gouvernement a installé une commission ad hoc alors que le texte sur la révision du Code électoral était à l’Assemblée nationale. Etes-vous d’accord avec Me Madické Niang qui parle de «manque de respect» de l’Exécutif à l’égard de l’Assemblée nationale ?
La commission ad hoc a été mise en place et le Président a retiré le texte. Si le Président avait laissé le projet de loi à l’Assem­blée nationale tout en créant une commission ad hoc, Me Madické Niang aurait raison. Il l’a retiré pour pouvoir attendre les résultats de ces concertations.