Aliou Seck cherche un nouvel allié, après avoir soutenu Idrissa Seck lors de la dernière Présidentielle. Le leader du Mouvement national des serviteurs des masses (Mnsm) dénonce l’«acharnement» du pouvoir sur Guy Marius Sagna.

Vous avez soutenu le candidat Idrissa Seck lors de la dernière Présidentielle. Ce compagnonnage tient-il toujours ?
J’avais soutenu Idrissa Seck en espérant qu’il tirerait les leçons de Abdoulaye Wade. Mais je constate le contraire. Mon compagnonnage avec lui relève désormais du passé. Je cherche un allié qui détruit tout et reconstruit un bon Sénégal.

Quelle lecture faites-vous de l’actualité du Sénégal ?
Ce qui arrive à Guy Marius Sagna n’est rien d’autre qu’un acharnement puisque tous ses codétenus ont été libérés. Ce n’est pas parce qu’il s’est accroché aux grilles du palais de la République du Sénégal qu’il reste encore en prison. C’est plus profond que cela. Il a touché là où il ne devait pas : la France. C’est son France dégage qui dérange. La France est notre problème parce qu’à chaque fois qu’il y a un régime révolutionnaire, elle se débrouille toujours pour le liquider physiquement, comme elle l’a fait avec Kadhafi, Thomas Sankara, entre autres. C’est elle qui tire les ficelles, et malheureusement elle a ses valets qui sont souvent une bande d’intellectuels réactionnaires qui ne feront jamais avancer l’Afrique.

Le dialogue national est-il une meilleure démarche pour résoudre les préoccupations des Sénégalais ?
Notre parti n’a jamais répondu présent à ce dialogue parce qu’on ne dialogue pas avec son ennemi. Et Macky Sall n’est pas digne de confiance. Il ne peut pas organiser un dialogue sincère parce que dans le contexte d’une démocratie réelle, il devait être un adversaire seulement de l’opposition. Mais il est plutôt un ennemi de l’opposition sénégalaise et il l’a prouvé en voulant réduire l’opposition à sa plus simple expression. Donc le problème n’est pas le dialogue, mais c’est le ministre de l’Intérieur qui ne doit plus organiser les élections. Ils auront beau parler de l’audit du fichier, cela ne réglera pas le problème.

Pourtant c’est pour donner une crédibilité à ce dialogue qu’il a choisi une personnalité neutre en la personne de Famara Ibrahima Sagna…
Il a des intentions machiavéliques à mon avis parce qu’il a neutralisé une partie de l’opposition avant cette inflation des denrées de première nécessité. Stratégique­ment, il a réussi sur ce point. Mais il a aussi échoué puisque la société civile et les activistes ont pris le relais de la contestation.

Le Mécanisme africain d’évaluation par les pairs (Maep) a indexé le Sénégal concernant sa méthode de gouvernance, la politique des droits humains qui ne sont pas respectés. Ils ont épinglé le Sénégal surtout par rapport la situation des enfants talibés…
Je crois que tout ce qu’ils ont dit sur le Sénégal est vrai parce que Macky Sall doit accepter qu’il a échoué. Si vous faites le bilan général de son régime, nous faisons partie des 25 pays les plus pauvres du Monde. Nous faisons partie des pays les plus corrompus. Rien qu’avec ces deux considérations, Macky ne peut rien faire de bon. Il accentue la corruption, surtout lors de la dernière Présidentielle avec les bourses familiales. Ces représentants à la base menaçaient les bénéficiaires de leur arracher leur bourse s’ils ne votent pas pour le Président Sall. C’est de la corruption extraordinaire. A mon avis, il est nul sur le plan économique, nul surtout en ce qui concerne la démocratie. Pourquoi enfermer les gens comme des lapins ?

La question d’un troisième mandat, est-ce que vous y croyez ?
S’il réfléchit en tirant les conclusions de l’élection présidentielle de 2019, il ne doit pas tenter de se présenter pour un troisième mandat. Macky Sall qui gagne avec un 58% alors qu’il avait gagné avec 65% en 2012, il y a un recul. Deuxièmement, s’il n’était pas soutenu indirectement par Abdoulaye Wade, Macky ne passerait pas au premier tour. Si Me Wade avait demandé de voter pour Idrissa Seck, imaginez ce qui allait se passer. Mais comme Wade est un manœuvrier, il a divisé son électorat en quatre parties. Si Macky Sall tente un troisième mandat, il y aura beaucoup de morts.

Avez-vous des ambitions politiques pour le Baol ?
Je me suis présenté deux fois pour le poste de maire de Diourbel, mais les gens ne m’écoutent pas ou ne m’entendent pas. Je suis en face d’une impossibilité de me représenter pour une troisième fois parce que j’ai été bloqué par Macky Sall. Je me suis présenté aux élections locales pour la première fois en 1996 avec ma petite poche de fonctionnaire moyen. Malheu­reuse­ment pour moi, je suis à la retraite et ils disent qu’il faut une caution de 10 millions de F Cfa pour diriger une liste. Où est-ce que je pourrai trouver cette somme ? Donc, je suis condamné à ne pas participer en tant que Mnsm, mais plutôt en tant qu’allié. Mon ambition politique actuellement, ce n’est ni d’être maire encore moins président de la Répu­blique, mais un catalyseur de la révolution.