Propos recueillis par Abdou Rahim KA – Le Brt roule officiellement. Et il roule jalonné par des aménagements verts qui ont évolué avec le projet. Aminata Sow Ba, paysagiste en charge de ces aménagements, revient sur leur importance et les choix opérés.

Quand on évoque le Brt, on pense d’abord aux engins roulants. Quelle place a été réservée à l’environnement dans la matérialisation de ce projet ?
Le Brt étant un projet vert, il était important de tenir compte des enjeux écologiques et du développement durable. L’idée était d’embellir Dakar tout en assurant le bien-être des populations. On manque de verdure. Il n’y a presque pas d’espaces verts à Dakar. On ne voit généralement qu’une ligne de béton. Avec le réchauffement climatique, ces espaces peuvent permettre aux gens de se sentir mieux. On a besoin de multiplier les aménagements de ce genre.

Quels sont les critères qui ont prévalu dans le choix des variétés qui jalonnent aujourd’hui le tracé du Bus rapid transit ?
On a tenu compte des voitures et de la hauteur des pots d’échappement. On a donc choisi des espèces qui absorbent la pollution pour le bien-être de la population. En plus de la beauté, il a fallu tenir compte de l’écologie et de la résistance. On a par exemple le Ficus, qui absorbe bien et conserve. Nous avons aussi des bougainvilliers pour des raisons de suivi. On a généralement un problème de suivi. En un an, le résultat est déjà là et nous assurons l’entretien. C’est très joli, mais il faudra assurer le suivi. Ces plantes résistantes tiendront le temps que l’exploitant trouve un prestataire. Pour l’instant, on arrose avec les camions citernes et on fait le suivi phytosanitaire.

Des arbres ont dû céder le passage au Brt…
Oui, mais il y a des espèces qui ont été préservées. Ce n’est peut-être pas le cas par exemple du neem dont les racines poussent en surface. Avec les parterres, il est mieux d’avoir des arbres dont les racines poussent en profondeur. Il fallait aussi s’inscrire dans la durée en privilégiant des espèces qui, d’ici quelques années, vont protéger les gens, contribuer à la qualité de l’air et servir le sol tout en le gardant intact. A côté de l’aménagement paysager et des espaces verts du Brt, il y a ce qu’on appelle le reboisement compensatoire. Chaque arbre déraciné, enlevé, est remplacé par 2 ou 3 autres. On a été dans les collectivités, les quartiers et les maisons avec les arbres. On a reboisé à Guédiawaye et tout le long du tronçon. A Grand-Dakar aussi, le long du mur, on a fait des lignées d’arbres. Tout cela entre dans le cadre du reboisement compensatoire. On a décidé de planter 2600 arbres à Dakar.

Comment les riverains ont-ils accueilli ces aménagements ?
Je trouve que les riverains se sont approprié ces aménagements. Pour les palmiers par exemple, il nous arrivait de les planter à 2h ou 4h du matin, mais les gens sortaient pour saluer le travail. Parfois, ce sont eux-mêmes qui demandent à ce qu’on leur fasse des aménagements verts à la place du béton. Je pense qu’ils sont très sensibles à l’importance de ces espaces. A Guédiawaye, il y a même des riverains qui ont balisé des parterres pour éviter les destructions par le bétail ou les enfants qui jouent au foot. Les gens sont conscients de l’importance de ces aménagements. En tant que paysagiste, on se bat pour qu’il y en ait beaucoup d’autres.