PLUS LOIN AVEC… Babacar Mbengue, maire de Hann-Bel Air et proche de Khalifa Sall : «Il ne peut pas y avoir de dualité entre le Président et la mairie de Dakar»

Le maire de Hann-Bel Air «n’ose pas penser» que le Président Macky Sall va nommer le maire de Dakar. Raison pour laquelle le responsable de l’Afp, mais proche de Khalifa Sall, invite à la prudence. Ce conseiller à la Ville de Dakar estime qu’il ne peut pas y avoir de dualité entre le Président et la mairie de Dakar. Un argument brandi par Mbaye Ndiaye.
Quel est votre sentiment après votre désignation comme meilleur maire du Sénégal, décerné le 15 février dernier lors de la 8ème édition du prix «Ragnée» ?
C’est une immense joie qui m’anime. J’ai tout de suite pensé à l’équipe. Etre maire, c’est d’abord gérer une équipe et il faut savoir développer une certaine diligence. On a développé une certaine entente depuis 2009 et il fallait le temps de voir comment fonctionnait une municipalité. Il faut d’abord maîtriser le principe d’annualité du budget. Ensemble, on a su mettre en œuvre une stratégie pour pouvoir être opérationnels toute l’année. Le Conseil municipal de Hann-Bel Air a fait beaucoup d’investissements et d’efforts. Je salue la collaboration que nous avions eue avec les populations, mais aussi les conseils de quartier, les délégués de quartier, les associations et toute organisation à la base. Nous avons un budget qui reflète la demande des populations. Je remercie la communauté léboue à laquelle j’appartiens. Saltigué Mamadou Mbengue est mon frère et grâce à lui aujourd’hui, j’ai retrouvé ma famille. Je renouvelle mon engagement et ma disponibilité au Grand Serigne Abdoulaye Makhtar Diop.
Vous avez été interpellé par les notables lébous sur le débat autour du statut spécial de Dakar. Que leur répondez-vous ?
Ecoutez, un maire, il est élu. On ne nomme pas un maire. Le Président nomme aux emplois civils et militaires. S’il décide de nommer le maire, je pense que c’est toute l’histoire de Dakar qui disparaît. Si vous voulez mon sentiment, je ne vois pas une municipalité sans Conseil municipal parce que la Ville de Dakar est constituée de 100 conseillers provenant des 19 communes. Je n’ose pas penser une seule fois que le Président va faire cela. D’ailleurs, il ne s’est pas encore prononcé. Donc, soyons prudents ! C’est une idée qui a été lancée et les gens donnent leur point de vue. Dakar a connu une situation exceptionnelle avec l’emprisonnement du maire Khalifa Ababacar Sall. Nous sommes en train de gérer une transition. Le Code des collectivités territoriales a fait que Dakar n’a plus les mêmes recettes. 2014-2015, nous étions dans une phase de transition. Forcément, cela allait se sentir. Vu les conditions dans lesquelles le maire Khalifa a été arrêté, cela a dû créer des remous, mais l’actuel maire est en train de faire un excellent travail. C’est une dame qui est en train de gérer un reliquat de mandat.
Etes-vous toujours avec Khalifa Sall ?
Absolument. Je suis toujours avec lui.
Est-ce que cette idée de nommer le maire peut faire partie des termes du dialogue politique ?
Absolument. Nommer un maire va exiger un changement du Code électoral. Donc au niveau du dialogue forcément, on devrait en parler. Cela va également nécessiter des réaménagements au plan administratif. Donc historiquement, ce serait un grand changement. En matière de réflexion par rapport à des réformes, la politique n’a pas sa place dans la mesure où on permet à tout un chacun de donner son point de vue. Il peut y avoir des problèmes politiques, mais dans la mise en œuvre et l’application des textes, il faut prendre les points de vue de tout le monde. Il faut donc écouter toutes les couches de Dakar et tenir compte de la coopération internationale. La Ville de Dakar a signé des conventions avec beaucoup de villes de ce monde. Dans ces accords de coopération, ce sont des élus et non des personnes désignées. Si Dakar perd son statut de maire, vous allez avoir un représentant de la population. Quand il s’agira de parler, la Ville de Paris dira qu’elle veut un interlocuteur élu et non une personne désignée. Il n’est pas question aujourd’hui que Dakar se retrouve avec un statut spécial. Il ne peut pas y avoir de dualité entre le Président et la mairie de Dakar. La municipalité de Dakar est une structure décentralisée. C’est la volonté du Président qui a donné des prérogatives et une mission très claire à la Ville de Dakar. Donc la mairie de Dakar ne saurait se substituer à la Présidence. Au contraire, elle ne peut qu’être un démembrement de l’Etat du Sénégal.