La tension post-électorale a provoqué un gros malaise au Bénin, connu jusqu’ici pour sa stabilité politique. La Cour constitutionnelle avait annoncé un taux de participation de 27,1%. L’Union progressiste et le Bloc républicain, les deux ensembles soutenant le chef de l’Etat et seuls autorisés à participer aux Législatives, ont obtenu respectivement 46 et 37 députés. Ce qui avait provoqué des manifestations de l’opposition qui n’avait pas été autorisée à présenter de candidats. Deux anciens chefs de l’Etat, Thomas Boni Yayi (2006-2016) et Nicéphore Soglo (1991-1996), avaient appelé le Président Patrice Talon à annuler ce scrutin qu’ils qualifient de «coup d’Etat électoral».
Aujourd’hui, la situation est revenue à la normale même si la méfiance est toujours de mise. Le président de l’Association béninoise, le gouvernement des jeunes et porte-parole du Pôle unifié des jeunes de l’opposition, Constantin Amoussou, ne renonce pas au combat. Dans cet entretien, il parle de la monnaie Eco, du Cfa et dénonce le soutien qu’apportent les dirigeants ouest africains à Patrice Talon.

Vous lancez un appel à l’unité des Peuples africains. Pensez-vous que ce message aura un impact si à côté les politiques ne posent pas d’actes forts allant en ce sens ?
Les Peuples d’Afrique sont bien plus unis qu’on ne puisse le penser. Lorsque nous donnons le ton, ce sera suivi par les dirigeants. Ils n’auront pas le choix. Ils sont en train de construire leur unité africaine politique au grand dam de cet amour d’imprimer le contenu que nous voudrons pour cela. Actuellement, on entend les politiques parler de changement de monnaie. Même s’ils tentent de remplacer le franc Cfa par l’Eco par un jeu de magie pour tricher sur le principe de non au F Cfa. Lorsque les Peuples s’organisent, sont en avance, il y aura un moment où les politiques n’auront pas le choix parce que les dirigeants de demain, c’est nous la jeunesse africaine. Dans 20 ans, ce sera à notre génération de régler ces questions.

C’est une chose de porter un combat, une autre d’atteindre les objectifs fixés. Ne craignez-vous pas que votre combat n’ait pas l’écho escompté auprès de vos cibles ?
Je n’ai aucune prétention pour le moment sur l’écho que cela puisse avoir parce que je suis dans l’étape du parcours. Après le parcours, il y a l’étape du rapport et nous allons mieux communiquer par la suite. Le changement de paradigme que nous apportons consiste à ne pas penser que les solutions viendront des dirigeants et autres chefs d’Etat africains, mais plutôt que nous soyons les acteurs du changement. D’abord, en termes de propositions de solutions et les acteurs de leur mise en œuvre. Le plus important c’est qu’ils (les chefs d’Etat) ne soient pas un handicap pour nous sur l’exécution de nos propositions. Donc, nous n’attendons pas que la solution vienne de Macky Sall, ni de Patrice Talon ni de Alassane Ouattara…

Chez vous, les Législatives du 28 avril dernier se sont soldées par des violences post-électorales qui ont provoqué plusieurs morts. La lutte pour la bonne gouvernance et la liberté du Peuple mérite-t-elle autant de sacrifices ?
Je suis un exilé politique. J’ai quitté le Bénin parce que j’étais sur le point d’être enlevé en raison de la contestation des élections législatives. Donc, je ne suis pas venu commencer le combat à l’extérieur du Bénin. Je suis l’un des candidats aux Législatives du 28 avril dernier. Il n’y a pas contestation de résultats d’élection, il n’y avait même pas d’élection, vu ce qui s’est passé. Nous continuons de dire que ces élections doivent être reprises. Il y a eu le sommet des chefs d’Etat de la Cedeao d’Abuja, le 29 juin dernier, qui s’est penché sur la question. Ce qui est évident, c’est que Patrice Talon semble tirer profit du soutien de ses pairs au niveau des institutions de la sous-région. Or, nous notre combat est de continuer à porter cette revendication jusqu’à ce que cette Assemblée nationale issue des Législatives du 28 avril soit dissoute. Dans tous les cas, nous ne la reconnaissons pas.