Economiste-financier et Consul­tant International, Ous­mane Bi­ram Sané est un fervent militant de l’Alliance pour la république (Apr) de Macky Sall,  sous la bannière de laquelle il est allé à la conquête de la mairie de Sédhiou et devenu Conseiller municipal.
Il s’est signalé récemment sur les réseaux sociaux par des images commentées du Domaine Indus­triel de Sédhiou (Dis). Cette infrastructure réceptionnée et inaugurée en 2015 n’est pas encore exploitée. Dr. Sané s’attire ainsi les foudres de ses camarades de parti qui l’interpellent sur des sujets dont il a accepté de s’épancher dans cette première partie de l’entretien.
Selon un rapport d’évaluation citoyenne de la mise en œuvre du Plan Sénégal Emergent (Pse) présenté par la plateforme des acteurs non étatiques au Conseil économique, social et environnemental (Cese), Sédhiou fait partie des régions où le  taux de réalisation des projets  reste faible. En  tant qu’économiste et  responsable politique de l’Apr à Sédhiou, comment expliquez-vous cette situation ?
Effectivement la région de Sédhiou est à un taux de réalisation de 15% devant Kaffrine (14%), Fatick (13%) et Kédougou (9%). Sans doute les contraintes budgétaires de l’Etat sont passées par là mais cela n’explique pas tout. Un chantier comme le Dac de Séfa évolue très bien ainsi que le Commissariat de police et la Chambre de commerce récemment inaugurée. Pour les routes interurbaines et la voirie urbaine, le retard se comprend car ce sont des travaux lourds et sensibles aux intempéries. Par contre il y a des chantiers tels que l’Espace numérique ouvert (Eno), le Stade municipal et le Domaine industriel, pour lesquels les lenteurs d’exécution ou de mise en service sont regrettables. Il faudrait qu’on y remédie le plus rapidement. La jeunesse de Sédhiou a soif de savoir, d’emplois et de compétitions sportives.  Le souligner c’est faire preuve de sincérité. Il faut qu’on arrête d’assimiler la politique à la langue de bois. Quand l’Etat travaille bien, on le magnifie, dans le cas contraire, on le souligne à qui de droit. Vous avez vu des ministres venir à Sédhiou et se désoler des lenteurs des chantiers qui relèvent de leur compétence.
Votre dernière sortie sur la  Déclaration de politique générale du Pm laisse entrevoir une certaine déception. Vous avez dit en substance qu’on trompe le Pm et le Président.

Pouvez-vous être plus explicite ? A qui faites-vous allusion ?
Non ce n’est pas une déception, au contraire la Dpg m’a convaincu. C’est au cours de l’émission radiophonique Remue-ménage du dimanche 10 décembre 2017 sur la Rfm que j’ai souligné ma satisfaction sur la Dpg du Premier ministre Dionne et mon insatisfaction sur deux points dont celui qui concerne mon Pakao natal : il s’agit du Domaine industriel de Sédhiou (Dis) dont le Pm a fait état. J’ai dit que ce Dis a été réceptionné, voire même inauguré en 2015 et jusqu’ici il est n‘est pas en service car sans eau courante, sans électricité et autres commodités pour recevoir des entreprises. Et sous ce rapport, le Pm a été induit en erreur. Par-là, il faut comprendre que ceux qui sont censés remonter la bonne information au Pm l’ont induit en erreur car le Pm ne peut pas tout voir et tout savoir. Un Pm a à sa disposition plusieurs canaux d’information  et des relais politiques. Ceux qui sont allés réceptionner ou inaugurer le Dis se reconnaîtront dans mes propos. Maintenant pourquoi je suis insatisfait de ce point de la Dpg ? Parce que nous avons perdu assez de temps en laissant en léthargie cette infrastructure. Un domaine industriel est un bassin d’emplois pour les jeunes et les femmes or le Président de la République a dédié l’année 2018 aux jeunes et aux femmes, une année sociale, précise-t-il. Ce domaine industriel peut nous permettre de transformer une partie de nos richesses (mangues, anacardes, miel, patates douces, pains de singe, etc.). Par exemple savez-vous que la région de Sédhiou est la première ou l’une des premières productrices de noix de cajou au Sénégal ? La noix de cajou au Sénégal c’est 20 000 tonnes produites pour au moins 18 milliards de chiffre d’affaires rien que pour la noix brute. Savez-vous que la seule unité de transformation de noix de cajou que compte la commune de Sédhiou, Cajou Casamance, qui a généré 200 emplois, est à l’étroit en plein centre-ville, mal en point et quasiment en arrêt technique dans une région où la noix de cajou est abondante ? Le Pm Dionne est un expert en développement industriel doublé d’un banquier. C’est pourquoi nous pouvons être exigeants avec lui et tout lui demander. Il comprendra mon langage d’économiste-financier. Si ce domaine industriel rapporte les emplois induits projetés, les fils de la région en seront les premiers gagnants, ensuite le ministère de l’Emploi et enfin le camp présidentiel dont je fais partie. Sédhiou gère le ministère de l’Emploi, or la transformation des produits agricoles sur place va générer de l’emploi et intensifier la main d’œuvre comme l’indique l’intitulé du ministère. Quand j’ai posté les photos dudit domaine dans les réseaux sociaux, je voulais mettre plus d’empathie pour Sédhiou et de pression positive pour les décideurs. Malheureusement, d’aucuns l’ont perçu comme une attaque portée contre le maire de la commune. Ils sont passés à côté. Cela m’a valu des propos discourtois et malveillants mais comme je l’ai dit ailleurs, s’il faut prendre des coups pour développer Sédhiou, nous serons nombreux à nous porter volontaires. J’ai interpellé le Pm et les deux députés du département de Sédhiou, dans ma posture d’intellectuel d’abord et ensuite d’élu local, car je suis Conseiller municipal de la commune de Sédhiou. Pour mieux faire, je ne me limiterai pas à la critique qui fait avancer mais j’irai plus loin en proposant des solutions, sachant que l’Etat en tant que puissance publique, en a déjà. Mais comme le dit l’adage, n’attendez pas l’Etat si vous pouvez faire quelque chose de bien pour votre pays.
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