Propos recueillis par Souleymane THIAM (Stagiaire) – Après deux tentatives infructueuses en 2009 et 2014, El Hadji Birame Gningue est persuadé que 2022 sera la bonne année pour mettre enfin la main sur la mairie de Yoff. En attendant, le leader du mouvement Gokh bi juge «négatif» le bilan du maire Abdoulaye Diouf Sarr. Dans cet entretien, il dément tout rapprochement avec Amadou Ba.Etes-vous de la coalition Yewwi askan wi ?
Non, mais je discute avec des partis membres de la coalition Yewwi askan wi. Ce n’est pas tout le monde, mais une partie. Il y a des gens qui ont déjà déclaré leur candidature. C’est cela qui a bloqué notre entente. Quand on discutait, Yewwi askan wi n’existait pas encore. Mais beaucoup de partis ou mouvements soutiennent ma candidature. On poursuit la discussion. Je précise que tous les partis de l’opposition sont autour de ce dialogue. Les partisans de Khalifa Sall étaient dans les négociations, mais ont décidé de quitter le dialogue. Pour les gens de Pastef, on poursuit la discussion. Pour l’instant, on n’a rien finalisé.
Vous en êtes à votre 3ème tentative. Pourquoi cette ambition tenace à vouloir diriger la commune de Yoff ?
En 2009, j’ai perdu face à Oumy Khaïry Guèye Seck d’un écart de 100 voix. Elle avait 3 200 voix contre 3 100 pour moi. J’avais perdu de justesse. Il y avait une similarité entre mon bulletin et celui d’un autre candidat concernant une pirogue. Beaucoup de mes partisans ont voté pour ce candidat. Je suis convaincu que j’avais gagné à l’époque face à la candidate du Pds qui deviendra maire de Yoff. Pour 2022, il y a un pôle de l’opposition qui est en train de se mettre en place et qui devra naturellement être dirigé par moi. Nous sommes en train de poursuivre les pourparlers. Comme vous le savez, rassembler une opposition n’est pas une mince affaire. Mais d’ici le week-end, on fera une grande déclaration qui va officialiser ma candidature portée par une grande coalition de l’opposition. J’ai Yoff dans le sang. Pour moi, toute personne œuvrant pour Yoff travaille pour Birame Gningue. Quiconque cherche à détruire Yoff me trouvera sur son chemin. Raison pour laquelle cela me fait mal de voir n’importe qui faire n’importe quoi dans notre commune. Ce que j’ai fait à Yoff, aucun maire ne pourra le faire. Même le président de la République ne le fera pas. Je me suis battu pour ma commune. Je veux la mairie pour poursuivre cet élan. L’équipe sortante n’a rien fait à Yoff. Dis-moi ce que la mairie a fait depuis 2014 ? Le budget de la mairie avoisine les 2 milliards par an. Pour quel investissement ? Si le maire actuel avait bien travaillé à Yoff, je me rangerais derrière lui. Mais ce n’est pas le cas.
Il y a pourtant les places publiques, le stade et le quai de pêche…
Même les places publiques, ce n’est pas la mairie. Le pont et l’aménagement de la Place Mamadou Diop, c’est le gouvernement et non la mairie. La place Ndieuw, ce n’est pas la mairie. Ils parlent aussi de la réfection du stade, c’est un projet du gouvernement. La manipulation et la désinformation pouvaient passer avant, mais aujourd’hui ce n’est plus possible parce que les populations sont très conscientes des enjeux. Elles ont une capacité de discernement extraordinaire. Bref, le bilan de la mairie est négatif à tout point de vue. Le maire actuel doit avoir honte de mettre certaines réalisations du gouvernement dans son bilan. Il doit se mettre devant les populations et avoir le courage d’avouer son incompétence. Le quai de pêche est une réalisation du ministère de la Pêche. C’est moi qui l’avais commencé durant le règne du Président Wade. Le gouvernement m’avait dessaisi du dossier parce qu’il considérait que ce n’était pas un projet de mairie. Le maire actuel n’est pas intéressé par le développement de la commune. Il veut faire de Yoff un tremplin pour ses ambitions personnelles. Tout le monde le sait. Il est ministre grâce à Yoff et veut continuer à avoir une promotion dans la sphère étatique en se jouant de Yoff. L’équipe municipale a d’autres préoccupations que le développement de Yoff. Les Cités nouvelles sont exclues de la gestion. Le maire base sa gestion sur le clanisme et l’exclusion.
Il est dit que vous travaillez pour Amadou Ba. Est-ce le cas ?
Non. Amadou Ba n’est pas intéressé par la mairie de Yoff. La dernière fois que je l’ai rencontré, c’était en 2015. C’était lors d’une audience avec le président de la République avec Modou Lô. Il y avait Modou Lô, le Président Sall, le député Fada Diène de Fatick et moi. On ne peut pas voir Modou Lô sans passer par moi. Macky avait demandé à Amadou Ba d’aider Modou Lô parce qu’ils sont des Parcelles Assainies. Pour Cissé Lô et Abdoulaye Ndour, je les ai vus. J’ai même rencontré des militants de l’Apr qui ont accepté de me soutenir. Quand on présente une candidature, on ratisse large. Je suis confiant et persuadé que 2022 sera la bonne année.
Comment analysez-vous la division au sein de la nouvelle coalition de l’opposition Yewwi askan wi ?
Il est extrêmement compliqué pour l’opposition de s’unir pour des élections locales ou la Présidentielle. Il y a ce choc des ambitions. Personne ne va accepter d’être relégué au second plan. Le parti au pouvoir peut ne pas avoir ce problème. Mais ce sera compliqué de dire à un opposant, avec des ambitions, de les taire pour soutenir un autre. Ni Khalifa Sall ni Ousmane Sonko ne peuvent se lever pour incarner le leadership de l’opposition.