Président sortant de la Fédération africaine des critiques de cinéma (Facc) et par ailleurs secrétaire général de l’Association marocaine des critiques de cinéma et directeur de publication de la revue marocaine des recherches cinématographiques et membre de l’Union marocaine des écrivains, Khalil Demmoun a tiré son bilan au terme de son mandat à la tête de cette organisation. Lors cet entretien en marge des Assises de la Facc, il aborde entre autres sujets l’atelier critique organisé par la Facc au Fespaco et la critique de manière générale.

La Facc a organisé lors de cette 26e édition du Fespaco un atelier pour les journalistes et critiques africains. Qu’est-ce qui a motivé cela ?
Ce n’est pas la première fois. Grâce à ces ateliers et au Fespaco, on réunit le maximum de critiques qui écrivent sur le cinéma dans le continent africain pour améliorer le rendement de leurs écrits. Et cela a des retombées bénéfiques sur Africiné, le site de la Facc. Dans chaque atelier, on trouve des jeunes qui arrivent avec motivation pour écrire sur le cinéma. Ecrire sur le cinéma, ce n’est pas évident. Il faudrait que les critiques aient un bagage, une méthodologie d’écriture, voient des films, assistent et participent aux débats. Ce sont les objectifs de cet atelier. Il y a plus de 40 critiques de presque tous les pays africains. Et ils ont élaboré des écrits qui sont publiés dans le bulletin de la fédération.

Quel doit être l’apport de la critique dans la cinématographie, en particulier en Afrique ?
Dans tous les pays du monde, dès le début de la création du cinéma, la critique a toujours suivi les films, les œuvres, les réalisateurs. S’il n’y a pas de critique, on ne sait pas ce qui se passe. Les réalisateurs voient comment les gens perçoivent leurs films, quel est le reflet de leurs œuvres. Mais le critique est parfois l’intermédiaire entre le cinéaste et le public. Pour le cinéma africain malheureusement, ces dernières années, il y a peu de productions africaines à cause des problèmes financiers. Mais la critique africaine, ça bouge surtout en Afrique du Nord et en Afrique subsaharienne. Surtout au Sénégal, en Côte d’Ivoire et en Afrique du Sud. Ce sont des pays où les critiques font de bons articles et alimentent très bien Africiné et même les journaux locaux. Mais il y a une grande différence entre la manière de voir la critique cinématographique entre les pays de l’Afrique du Nord où les critiques sont en général dans les universités, plus indépendants, et ceux situés au sud de l’Afrique où les critiques sont presque tous liés à des journaux.

Cela fait plusieurs années que vous êtes à la tête de la Facc. Quel bilan tirez-vous de votre mandat aujourd’hui ?
La dernière Assemblée générale, c’était au Maroc en 2015 après beaucoup d’années de problèmes. Et il reste encore des défis. Nous n’avons pas encore adhéré aux instances de l’Union africaine comme la Fédération panafricaine des cinéastes (Fepaci), compte tenu des problèmes organisationnels de la Facc. Mais le bureau qui a été voté en 2015 a fait beaucoup de choses. Il a signé des protocoles d’accord avec beaucoup de festivals, Carthage, Fespaco, Zagora, Durban, Louxor etc. Main­tenant, les jurys de la Facc sont présents partout, surtout dans les grands festivals du continent africain. Bien sûr nous avons Africiné qui reflète les activités de la Facc. Malheu­reusement, nous rencontrons maintenant un grand problème technique et financier au sein de l’Oif qui ne contribue plus au financement d’Africiné. C’est pourquoi on éprouve des difficultés avec le site. Le bureau qui a été élu à Marrakech a bien entendu terminé son mandat. Mais nous serons toujours présents pour donner le rapport moral et financier et aider le nouveau bureau. Il est temps de céder la place à d’autres critiques plus actifs, plus jeunes. Je suis persuadé que les jeunes peuvent faire beaucoup de choses. Et je pense qu’ils feront mieux que nous.

Vous cédez votre fauteuil à la Sénégalaise Fatou Kiné Sène. Quels conseils lui donnez-vous ainsi qu’au nouveau bureau ?
Un travail de refonte et de repositionnement de la Facc a été entrepris et l’on espère que le bureau élu continuera dans la même lancée afin de relever définitivement la fédération en vue de sa contribution au développement de l’industrie du cinéma en Afrique et dans le monde. Cette nouvelle équipe devra affronter les problèmes de tous genres. Il faudra aussi se sacrifier en temps puisque le travail à la Facc est bénévole. On cherche à payer des billets d’avion pour être présent dans les festivals, mais le travail en lui-même n’est pas payé. Alors, tous les membres de la Facc font de grands sacrifices.