Propos recueillis par Ndèye Fatou NIANG – Le candidat du Pur à la candidature de Yewwi askan wi dans la commune de Thiès-Est pense que l’opposition a toutes les chances de remporter plusieurs collectivités. Mountaga Sall, analysant la division de l’opposition en trois pôles, estime que «s’il y a division, c’est plutôt du côté de la grande majorité présidentielle».

Quelle analyse faites-vous de la division de l’opposition en trois coalitions ?
Le Sénégal compte plus de 299 partis politiques, avec des idéaux et des visions différents. Vouloir concentrer toute l’opposition en un seul pôle est quasi impossible. Et l’expérience a montré que c’est très difficile de gérer une grande coalition, surtout pour des élections locales. Je ne dis pas qu’on ne doit pas aller ensemble, mais tout le monde ne peut pas aller ensemble. Donc, pour moi, qu’il y ait une, deux ou trois coalitions n’a pas d’importance, l’essentiel est que ces coalitions parviennent à cheminer sans division. C’est seulement ainsi que l’opposition pourra multiplier ses chances de battre la coalition au pouvoir. Et aussi une coalition reste, après tout, un signe de vitalité démocratique dans la mesure où chacun a le droit de dire oui ou non, d’adhérer ou pas à une charte. A chacun son angle d’interprétation, l’essentiel est de mettre l’intérêt de la population au-dessus de tout.

Certains disent que la coalition Yaw a implosé à cause de querelles de leadership. Est-ce le cas ?
Trois partis sont à l’origine de cette initiative historique : Pur, Pastef et Taxawu Dakar. Les rangs se sont renforcés pour avoir un bloc monolithique de plus de 20 signataires de la charte, avec une organisation interne très démocratique. Il s’agit de la conférence des leaders, le conseil de médiatisation et d’arbitrage et les commissions techniques. Parler d’implosion ou de querelle de leadership serait une contradiction de ces faits patents. La coalition Yaw est l’espoir de ce Peuple sénégalais qui a soif de démocratie et de développement. Elle est à l’image de ses adhérents en termes de patriotisme et de foi en la bonne gouvernance.

Ne pensez-vous pas que cette division va réduire ou compromettre vos chances face à la grande majorité présidentielle ?
S’il y a division, c’est plutôt du côté de ce que vous appelez «la grande majorité présidentielle». Une majorité fragile qui annonce déjà des vents de crise de leadership. Entre le mbourou et le soow, qui va céder la place à qui pour diriger la ville de Thiès ? Je ne parle même pas des communes où on voit déjà plusieurs candidats déclarés. C’est le cas à Saint-Louis entre Mansour Faye et Mary Teuw Niane, idem à Dakar. Et ces phénomènes font déjà tache d’huile à l’intérieur de ce que vous appelez «la grande majorité». Je pense que l’opposition a toutes ses chances de remporter autant de collectivités dans ce contexte d’échec des politiques de décentralisation. Il suffit juste de comprendre que notre seul objectif est de combattre cette mauvaise gestion des collectivités dont Macky Sall et ses lieutenants sont les maîtres d’œuvre.

Votre leader, Serigne Moustapha Sy, veut la mairie de Tivaouane. Com­ment comptez-vous vous y prendre surtout que dans la ville sainte il y a plusieurs candidatures dont l’une est parrainée par le khalife ?
Il n’y a pas de magie en politique, le Pur travaille à la base. Les responsables de Tivaouane, comme les autres partout ailleurs dans le territoire, sont en train de faire un travail remarquable de massification. Plusieurs cellules ont été installées à Tivaouane, ce qui a conduit à l’officialisation de la fédération du Pur à Tivaouane. Cela est une masse assez con­fortable pour prendre le lead de Yaw dans cette zone. Nous avons foi en notre projet et le seul parrainage sur lequel nous comptons est celui du Peuple sénégalais et particulièrement des habitants de Ti­vaoua­ne.

Tivaouane a toujours été favorable à la mouvance présidentielle. Est-ce que cela ne représente pas un handicap ?
Il n’y a pas de handicap qui existe devant la ferme volonté de la coalition Yaw. Nous avons un devoir moral de soutenir cette population qui réclame le changement. Notre engagement pour une politique meilleure est sans faille. Et notre programme, une fois exposé aux populations de Tivaouane, fera la différence. Nous sommes certains qu’à Tivaouane et partout ailleurs dans le Sénégal, un changement doit s’opérer et ces élections locales de 2022 vont être le début de cette grande marche vers le changement.
nfaniang@lequotidien.sn