Membre de la coalition Jotna, Moustapha Wade revient sur le départ de Ousmane Sonko. Le leader du mouvement Alliance pour la démocratie et le développement (Add) tire par ailleurs sur Idrissa Seck et Cie qui ont rejoint Macky Sall après l’avoir critiquéVous venez fraîchement de rejoindre la coalition Jotna alors que Ousmane Sonko et d’autres viennent de la quitter. Pourquoi ce choix ?

Il est vrai que le président Ousmane Sonko était le porte-drapeau de la coalition Jotna. J’ai appris son départ avant mon adhésion à la coalition. Je n’ai pas de commentaire à faire sur ce point parce que nous ne travaillons pas pour des hommes. Ce sont plutôt les principes et les valeurs qui sont véhiculés par cette coalition qui ont motivé notre choix. C’est la coalition la plus constante dans l’opposition. Et l’Alliance pour la démocratie et le développement compte donc cheminer avec les hommes et les femmes qui s’y trouvent jusqu’à la victoire finale. Notre ambition première, c’est de faire de la coalition Jotna la meilleure formation politique du Sénégal. Sonko est parti, il a laissé des hommes et des femmes qui continuent le travail. Je précise qu’ils n’ont jamais travaillé pour Sonko, mais avec Sonko. Et je crois que nous irons très loin.

Quelle lecture faites-vous du ralliement de Idrissa Seck et autres opposants au camp présidentiel ?
La lecture n’est pas difficile à faire parce que ce sont des lignes très lisibles. Ce qu’il faut retenir, c’est qu’il y a des gens qui continuent de lutter pour l’intérêt général et d’autres qui ont choisi des intérêts bassement égoïstes. Moi je faisais partie de la coalition Idy2009. D’ailleurs, nous avons été son représentant dans le département de Fatick, et nous avions fait à l’époque un excellent travail. C’est Idrissa Seck lui-même qui nous a fait comprendre que la vision de Macky Sall ne dépassait pas Diamniadio. C’est aussi lui qui nous a toujours dit que Macky Sall n’avait pas un projet de société pour le Sénégal. Le voilà aujourd’hui qui renie son programme, sa parole, retourne sa veste pour exécuter le programme de son adversaire historique.

Pensez-vous que ce gouvernement dit d’ouverture peut apporter grand-chose aux Sénégalais ?
Je voudrais poser la question à Idrissa Seck. En quoi le Conseil économique, social et environnemental (Cese) peut participer à alléger la souffrance des Sénégalais ? Au moins la suppression de l’institution et le déploiement de son budget dans d’autres secteurs beaucoup plus sensibles seraient plus pertinents. Idrissa Seck et tous ceux qui ont rejoint ou sont sur le point de rejoindre le pouvoir ont trahi le Peuple. Récemment, le Président Macky Sall a mis en place le Conseil national pour l’insertion des jeunes. Sans le savoir, il vient de confirmer l’échec de toutes les politiques publiques en matière d’emploi des jeunes. Aujourd’hui, Macky Sall s’est rendu compte de l’échec de tous ses programmes. Il est dans la cacophonie et le tâtonnement. Les Sénégalais doivent par conséquent penser à choisir prochainement un bon Président, mais seulement un autre. Parce que jusqu’ici, ils n’ont fait que sanctionner leurs dirigeants.

Que pensez-vous du débat sur un 3ème mandat de Macky Sall ?
Je crois que le Président Macky Sall ne va pas se présenter pour un troisième mandat parce que lui-même s’est opposé à Me Abdoulaye Wade sur la question en 2012. Je crois plutôt qu’il est en train de nous cacher son dauphin. Jusqu’à preuve du contraire, j’ai bon espoir qu’il ne mettra pas le Sénégal sens dessus dessous. Il a été élu démocratiquement et je crois qu’il va quitter le pouvoir démocratiquement.

Comment voyez-vous la résurgence du phénomène «Barça ou barsakh» ?
D’abord, les autorités doivent faire une enquête sérieuse pour savoir exactement le nombre de victimes de ce phénomène. Nous avons des chiffres qui ne sont pas encore certifiés. Il n’est pas pertinent de mettre sur pied une loi pour emprisonner ceux qui vont braver la mer parce que celui qui n’a pas peur de la mer n’a pas peur de la prison. Je ne cautionne pas ce que font ces jeunes, mais il faut comprendre aussi qu’ils ont soif de réussir. Je voudrais que les jeunes soient conscients du fait que le Sénégal nous appartient et que c’est à nous d’en faire un eldorado. Et puis, qu’est-ce qu’une communication gouvernementale peut faire sur des jeunes qui ne voient que leur réussite ?

Que dites-vous des grands projets du chef de l’Etat comme le Brt et le Ter ?
Le Ter devrait être en circulation avant le 31 décembre 2020, mais c’est reporté. Macky Sall est le champion des reports parce qu’il ne veut pas affronter la réalité en face.