Il est de la mouvance présidentielle mais Ousmane Sylla ne mâche pas ses mots envers le régime de Macky Sall qu’il accuse de «manque d’implication» pour le développement de Kédougou. Par conséquent, la défaite de Benno bokk yaakaar lors des Législatives dans le département de Kédougou est une «bonne leçon pour le gouvernement», aux yeux du président de Forces citoyennes pour le progrès (Fcp). M. Sylla trace malgré tout, la voie à Macky Sall pour gagner au premier tour en 2019.
Quelle est la vocation du mouvement Forces citoyennes pour le progrès ?
Notre mouvement est né depuis un an avec comme slogan : «Ensemble, réinventons l’avenir de Kédougou.» Sa vocation, c’est le développement de Kédougou à travers la construction d’un projet commun avec l’ensemble des enfants de cette région. La situation de Kédougou est catastrophique. C’est déplorable parce que nous sommes dans une région très riche en termes de ressources naturelles, avec un potentiel environnemental très important. Au plan culturel, c’est un lieu touristique extraordinaire. Mais force est de constater que le niveau de pauvreté de cette région est très élevé. Plus de 78% de la population vit avec moins d’1 dollar par jour. C’est regrettable alors que nous avons beaucoup de sociétés dans la région. Le niveau d’emploi est très faible. Tout cela démontre que la situation de Kédougou est inquiétante. Il y a une insécurité grandissante. Notre mouvement cherche à mettre en place un vrai plan d’actions pour résoudre les problèmes.
Vous parlez de problème de leadership mais le maire de Kédougou, Mamadou Hadji Cissé, a quitté Modou Diagne Fada pour la mouvance présidentielle. Est-ce qu’il prend en compte les besoins des populations ?
Pas du tout. La politique, ce n’est pas d’intégrer la mouvance présidentielle ou d’être avec quelqu’un. La population attend de vraies actions de développement. Quel que soit l’élu, si vous n’avez pas de projet pour la localité, malheureusement vous n’allez rien faire. Je ne dis pas que le maire n’a pas de projet mais le sien ne va pas développer Kédougou. Ses résultats sont inexistants voire néants. Au-delà du maire, j’estime que l’ensemble des élus ne sont pas à la hauteur des attentes des populations. Il n’y a pas d’infrastructures. Il n’y a pas d’eau, ni d’électricité alors que cette région engrange des milliards.
Il y a souvent des conflits entre populations et sociétés minières à Kédougou. Est-ce que l’Etat prend en compte les aspirations des populations dans les contrats avec les sociétés minières en place dans la région ?
Ces problèmes sources de conflit ne sont pas pris en compte ni par les entreprises ni par l’Etat pour éviter que cela n’arrive. Les populations de Kédougou ne bénéficient pas des retombées des ressources minières. Il y a une exploitation anarchique. Les permis qui sont octroyés nous interpellent. L’Etat doit revoir les choses, car cela peut générer des tensions dans les années avenir. L’Etat doit revoir ces contrats dans une position de diagnostic complet de ce qui se passe. L’un des malheurs de Kédougou, c’est qu’on n’a pas de ministre. L’Etat n’a pas permis de promouvoir des talents, des cadres venant de cette région.
Finalement la situation que vous décrivez n’est-elle pas la cause de la défaite de Benno bokk yaakaar dans le département de Kédougou lors des Législatives ?
Cette défaite est une bonne leçon pour le gouvernement. Il y a un manque de résultats qui a joué en défaveur du régime du Président Sall. De l’autre côté, Kédougou a des cadres qui réfléchissent. Nous n’allons plus accepter qu’on nous impose un leadership. On nous a, lors des Législatives, imposé le maire sortant Hadji Cissé qui ne fait pas l’unanimité. Il n’est pas à la hauteur des attentes des populations. Nous demandons au président de la République d’arrêter cela. Il revient aux populations de désigner leur leader. Aujourd’hui, il n’y a pas de leader au sein de la mouvance présidentielle. Bref, Benno bokk yaakaar est une armée mexicaine à Kédougou. Au sein de notre mouvement, nous allons incarner ce leadership. Nous allons réélire le président de la République au soir du 24 février 2019.