La Task force républicaine engage le combat contre Pastef. Un de ses membres, Salihou Keïta, rappelle que l’Apr a vaincu le Pds, «un parti qui a un parcours». Dans cet entretien, le directeur du Cices décline l’état des lieux de la structure publique.Quelle lecture faites-vous de la polémique sur la campagne de levée de fonds de Pastef  et la menace de dissolution brandie par le ministre de l’Intérieur ?

Je voudrais préciser qu’il ne s’agit pas d’une dissolution d’un parti politique, à savoir le Pastef. Le communiqué du ministre de l’Intérieur n’est pas un acte administratif, comme certains l’ont dit. Il s’est appuyé sur la loi du 6 mai 1981 portant financement des partis politiques. Le financement des partis politiques au Sénégal est encadré. Quand on est militant dans un parti politique, on a le droit de cotiser, de faire des dons, de faire fonctionner le parti. Qu’on soit ici ou dans la diaspora, c’est pareil. Vous savez qu’avec cette loi, les Sénégalais de la diaspora ne votaient pas. Entre-temps, ils ont eu le droit de voter et sont aujourd’hui représentés à l’Assemblée nationale. Pour le cas de Pastef, il s’agit d’une campagne internationale de levée de fonds. Ce qui est très sensible et peut poser problème. On peut y voir des mains de forces occultes. Cela peut impacter la sécurité intérieure du pays et notre bonne gouvernance. Le ministre de l’Intérieur n’est pas de l’Apr, ni de la mouvance présidentielle. Il a seulement rappelé la loi.
Pastef répond que l’Apr devrait être le premier parti à être dissous parce que le Président Macky Sall a dit que ce parti a bénéficié de cotisations de membres de la diaspora…
Ce sont des arguments fallacieux et politiciens qui ne tiennent pas. Nous, on n’a pas fait de campagne. Avec une telle démarche, on ne peut voir la traçabilité des opérations financières. Le Président Macky Sall a dit que des gens ont cotisé. Oui, j’ai cotisé pour faire fonctionner mon parti. Je suis un fonctionnaire de l’Etat. On a été dans l’opposition. On laisse ce débat aux spécialistes du droit. Je pense que la loi sur les partis politiques doit être réformée parce qu’il y en a une pléthore. Il y a des partis où il n’y a que papa, maman, la sœur…, il n’y a même pas d’états financiers. On a créé un parti pour exister politiquement. On doit faire un toilettage et rationnaliser les partis.

Les acteurs au dialogue ont remis leur rapport au président de la République depuis août 2020 avec des recommandations. Pourquoi l’Etat traîne les pieds avec ces réformes ?
Il y a des questions plus importantes que cela dans ce contexte de Covid-19. Il ne faudrait pas que les politiques tiennent en otage ce pays. Le dialogue politique est un élément du dialogue national. C’est toutes les préoccupations des Sénégalais qui y sont évoquées. La politique, c’est 1/10 des préoccupations des Séné­galais.

Faites-vous une fixation sur Pastef ?
Pas du tout ! L’Apr est un parti qui incarne une certaine légitimité politique et historique dans ce pays. Politiquement, Pastef est à l’étape biberon. J’ai parfois envie de rigoler de la manière dont se comporte souvent son leader. Il n’y a pas photo entre l’Apr et Pastef. Nous, on a connu le Pds, un parti qui existe depuis très longtemps et qui a un parcours. Les Libéraux étaient au pouvoir, on les a affrontés et battus avec notre leader Macky Sall en tête. On dit que Ousmane Sonko est le candidat de la jeunesse, mais les jeunes, c’est 62% de la population. Pourquoi Sonko n’est pas élu ? S’il est arrivé 3ème à la dernière Présidentielle, c’est parce qu’il a trouvé des conditions favorables. Ce n’est pas Sonko qui va nous faire trembler. En tant que membre de la Task force républicaine, je pense que le combat, c’est entre Ousmane Sonko et nous. Nous sommes tous de la même génération. Le Président Macky Sall n’a pas d’alter ego sur l’échiquier politique.

Dans ce contexte de deuxième vague du Covid-19, êtes-vous toujours dans les délais pour organiser la Fidak en mars-avril prochain ?
En tout cas, toutes les dispositions seront prises pour organiser la 29ème Fidak. C’est vrai qu’on devait organiser la Fidak en décembre, mais vu la tendance à la hausse des cas de Covid-19, on a décidé de la tenir du 26 mars au 8 avril 2021, et attendre encore la fin de l’année pour tenir une autre Fidak. Donc, on va organiser 2 Fidak en 2021. D’ici mars on verra. Si les choses s’aggravent, ce sont des conditions que nous ne maîtrisons pas.

Quel est l’état des lieux du Cices, 4 mois après votre arrivée ?
L’état des lieux a montré la réduction du périmètre foncier du Cices. Au départ, c’était 107 ha. Et aujourd’hui, on est à moins de 30 ha. Le régime de Wade a tout donné. Il ne faut pas oublier qu’on est évènementiel. La question du parking, on va en tenir compte. Dans le cadre de nos manifestations comme la Fidak, on a besoin de parkings. C’est ça qui crée des embouteillages. Tout a été délimité pour en faire des usages d’habitation. Le Cices est aussi frappé par la réduction de son périmètre d’activités. Le Cices que nous avons hérité ne répond pas aux attentes légitimes du grand public. Nous avons décidé de rompre avec le passé. Il faut diversifier l’offre et savoir que le Cices ne s’appelle pas «Foire». On a pour mission de faire l’expansion commerciale et économique du Sénégal dans tous les secteurs d’activités à travers l’activité de salons et de foires. Nous avons décidé de décentraliser nos activités et travailler avec nos chambres consulaires, c’est-à-dire les Chambres de commerce et les Chambres de métier. On va signer une convention avec les Chambres de commerce pour aller dans les régions et organiser des foires itinérantes. Cela va vous permettre de valoriser les potentialités économiques de ces régions. On va accompagner les Pme locales, les rendre visibles pour une meilleure promotion de nos produits locaux. On va aussi organiser des salons spécialisés en se référant au Plan Sénégal émergent. Le Cices va permettre aux différents départements ministériels de venir exposer les réalisations du Président à travers le Pse. On peut organiser le Salon du riz au Nord, le Salon de la pêche à Mbour, le Salon de l’agriculture au Sud, etc.